Réouverture de l’Institut français de Gaza

mardi 23 août 2016

Depuis la réouverture de l’institut français de Gaza, à la mi-avril, le jeune Palestinien Montaser a repris ses anciennes habitudes.

« Je viens ici pour perfectionner mon accent, explique cet étudiant de 23 ans dans un français presque parfait. C’est le seul endroit où l’on puisse pratiquer son français à Gaza. On ne croise pas des Français tous les jours dans la rue ! »

La débrouille pendant deux ans

Pour les habitués de ses cours et ateliers, la fermeture au public du centre culturel il y a dix-huit mois avait sonné l’ « ère de la débrouille ». Pour maintenir son niveau de langue, Montaser s’était mis à lire Baudelaire, Hanin à regarder les informations sur France 24, et Mahmoud avait intensifié ses échanges avec des francophones sur Facebook.

Ces étudiants de français à l’université, qui envisagent parfois d’aller vivre en France et constituent une bonne partie du public de l’institut, se disent tous « très heureux » de sa réouverture.

Programmation culturelle régulière

Mais il n’y a pas que le français. « Ce qui m’a le plus manqué, ce sont les activités culturelles, déclare Moussa, musicien de 22 ans. Sans ce centre, il est très difficile de répéter et de donner des concerts à Gaza. » C’est en effet l’un des seuls lieux de l’enclave palestinienne à avoir une programmation régulière et des salles à mettre à disposition des artistes.
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« Notre priorité est d’apporter une bulle d’air à une population enfermée », explique Anthony Bruno, le directeur. Les activités culturelles grand public reprendront sans doute après l’été, si le climat politique et social le permet.

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notre article du 10 avril 2016
[**Ayrault donne son feu vert à la réouverture de l’Institut français de Gaza*]

Ses activités étaient mises en sommeil depuis que deux explosions avaient, à l’automne 2014, partiellement endommagé ses locaux.
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L’Institut français de Gaza, en sommeil depuis qu’une double explosion en avait sérieusement endommagé les locaux il y a dix-huit mois, vient de rouvrir ses portes au public palestinien. La décision a été prise par Jean-Marc Ayrault en fin de semaine dernière, après avoir été plusieurs fois repoussée sur la base de considérations sécuritaires. Les responsables du centre culturel envisagent un redémarrage progressif, et donnent la priorité à la reprise des cours de français ainsi qu’à la préparation des examens du Delf (diplôme d’études en langue française). L’organisation de manifestations culturelles destinées à un public plus large interviendra dans un second temps, si le climat social et politique semble le permettre.

« La réouverture de l’Institut, dès lors qu’elle se fait dans des conditions de sécurité satisfaisantes, est d’autant plus importante qu’il s’agit de la seule institution de cette nature encore présente dans la bande de Gaza, explique un diplomate français. Il offre une ouverture sur le monde aux habitants de ce territoire isolé par le blocus et contribue sans doute, à sa mesure, à lutter contre la tentation qu’exercent les idéologies les plus radicales. »

La sécurité du site, successivement frappé par deux attentats qui n’ont pas fait de victimes le 7 octobre puis le 12 décembre 2014, a été renforcée à la faveur des travaux conduits pour réparer les dégâts. Certains murs d’enceinte ont été rehaussés, des caméras de surveillance supplémentaires ont été installées et des rouleaux de fil barbelé concertina ont été déployés aux abords du bâtiment principal. Malgré l’absence de contact officiel avec les services de sécurité de la bande de Gaza, qui sont contrôlés par le Hamas, les autorités françaises ont par ailleurs acquis la conviction que ceux-ci ont reçu l’ordre d’assurer la sécurité de l’institution.
Le calme est revenu

Le ministère des Affaires étrangères, préoccupé par l’activisme de groupuscules salafistes dans les mois qui ont suivi la guerre de l’été 2014, a pris son temps pour autoriser la réouverture. La tenue d’une manifestation au fort accent antifrançais, en janvier 2015, pour dénoncer la publication de caricatures de Mahomet par l’hebdomadaire Charlie Hebdo, n’a pas contribué à accélérer le processus. L’attitude de la police, qui a laissé l’attroupement se former puis s’approcher de l’Institut français avant de le disperser in extremis, a en effet été jugée des plus ambiguës. Certains observateurs se sont alors interrogés sur la capacité du Hamas à garantir la sécurité des expatriés séjournant à Gaza. Les humanitaires français ont, dans la foulée, été incités à quitter provisoirement l’enclave palestinienne, tandis que les missions des diplomates en poste à Jérusalem ont été fortement espacées.

Si le calme est depuis lors revenu, la France ignore toujours l’identité et les motivations de ceux qui ont frappé à deux reprises son centre culturel. Au fil des mois, les soupçons se sont aussi bien portés sur le courant salafiste djihadiste que sur des membres de la branche armée du Hamas en rupture avec leur hiérarchie. Aucun élément concret n’a véritablement permis de privilégier l’une ou l’autre de ces hypothèses. « Mais le renforcement récent et visible de la présence policière autour du site est plutôt interprété comme une volonté de nous rassurer », explique une source française.
le figaro.fr - Cyrille Louis Publié le 08/04/2016

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à voir :
site Institut culturel de Gaza
site Face Book

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