Un soldat n’est pas un civil

jeudi 29 septembre 2022

JPEG - 124.4 ko Un soldat israélien vu au cours de la répression de la manifestation palestinienne contre l’”avant-poste” israélien d’Evyatar, près de Naplouse, Cisjordanie occupée, le 18 février 2022. (Nasser Ishtayeh/Flash90)

Cet article a été publié le 6 septembre 2022 en partenariat avec Local Call

Le mitraillage d’un bus de soldats1dimanche dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, a provoqué comme d’habitude l’irruption des journalistes militaires israéliens et des spécialistes des questions sécuritaires vers les studios d’information. Bien entendu, tout le monde a utilisé le même vocabulaire pour décrire ce qui s’est passé : les tireurs palestiniens ont été définis dans tous les rapports comme des « terroristes », tandis que l’événement lui-même était qualifié d’« attaque terroriste ». Et pourtant, aucun des reportages que j’ai vus sur les différentes chaînes ne mentionnait un fait fondamental : ces tirs se sont déroulés en territoire occupé. Les médias israéliens évitent de faire la distinction pourtant fondamentale entre une action dirigée contre des soldats et une action dirigée contre des civils ; tout comme le régime qu’il sert, aux yeux de la grande majorité des médias israéliens, il n’y a pas de lutte palestinienne qui ne soit intrinsèquement définie comme du terrorisme, qu’elle soit armée ou non.

Par conséquent, tout manifestant palestinien est un « émeutier » ou un « terroriste », et toute résistance armée aux invasions israéliennes dans les villes de Cisjordanie, une quasi-routine nocturne, est du « terrorisme ». Pendant tout ce temps, Israël élargit régulièrement et de manière alarmante l’applicabilité du concept de terrorisme à la population palestinienne. Au cours de la dernière décennie, nous avons entendu des responsables israéliens accuser les Palestiniens d’absurdités telles que le « terrorisme immobilier »2et le « terrorisme diplomatique »3, alors que l’année dernière, le ministre de la Défense Benny Gantz n’a pas hésité à déclarer que plusieurs des plus importantes organisations de la société civile palestinienne étaient des « organisations terroristes »4.

Ce comportement des médias n’est pas seulement non professionnel ; c’est une manipulation dangereuse de l’opinion publique, qui n’arrive plus alors à faire la distinction entre terrorisme et opposition légitime. Et pourtant, paradoxalement, c’est précisément ce public -c’est-à-dire la population civile- qui a le plus grand intérêt à préserver cette distinction, reconnue et ancrée dans le droit international de la guerre.

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