Une action BDS Marseille "oui au boycott culturel"
Dans le cadre de la saison croisée France-Israël 2018, l’Alcazar, bibliothèque municipale de Marseille, organisait le 21 juillet une conférence en accès libre sur le jazz israélien intitulée : « un état des lieux du jazz aujourd’hui en Israël », par Barak Weiss, directeur artistique du Festival de Tel-Aviv.
Nous sommes une douzaine de militant-e-s BDS, bien préparé-e-s par notre lecture des différentes interviews de Barak Weiss, pas vraiment un fanatique de la politique de Netanyahou, on pourrait même dire un sioniste de gauche. Nous entrons dans la salle de conférence en petits groupes, tous et toutes chargé-e-s d’intervenir au bon moment pour dénoncer cette récupération de la culture par le gouvernement israélien pour redorer son image ! Notre action ne vise pas les artistes israéliens qui sont les bienvenus à titre personnel mais PAS dans le cadre du blanchiment des crimes de l’apartheid israélien
Une petite centaine de personnes dans la salle, un public majoritairement féminin, âgé, quelque peu ignorant de ce que le Jazz a pu représenter, n’ayant sans doute pas pris le temps de lire l’entretien de Barak Weiss : « le jazz américain est toujours associé aux aspects sociaux et politiques des choses. »
Notre première intervention, celle de Samhar réfugié de Safed en Palestine, provoque de sérieux remous dans ce public persuadé que la musique n’est pas politique, affichant par là son ignorance et sa prise de position bien politique, elle, puisque nous entendrons, pendant chacune de nos interventions, des hurlements et insultes en hébreu, des accusations portant sur le « Ramas » … Lorsque l’un.e d’entre nous s’assoit un.e autre se lève, une image de balle « papillon » est brandie, plus loin un portrait de Razzan secouriste assassinée ou de Salah Hamouri notre compatriote détenu sans procès .
Plusieurs personnes quittent la salle, un bon nombre pour manifester leur désapprobation de cette utilisation « propagandaire » de la culture. Des vigiles de l’entreprise Onet sont appelés en renfort et tentent de nous convaincre de quitter la salle. En vain ! Sous la contrainte nous ne sortirons pas ! Nous signifions que nous partirons sitôt que Barak Weiss aura donné sa position sur cette opération.
Il prend finalement la parole et se lance dans un gloubi-boulga peu explicite où sa seule réponse est de nous demander de rester pour l’écouter…. mais ce n’est pas de chance, on nous expulse et nous devons quitter la salle avec au moins un agent de « sécurité » qui tente, en vain, de faire son Alexandre Benalla alors que les autres restent extrêmement courtois
A 20h, c’est au MUCEM que se retrouve BDS France Marseille pour distribuer des tracts à l’entrée du Fort St Jean qui présente, dans le cadre du festival Marseille Jazz des Cinq continents, quatre concerts avec, en tête d’affiche, le trompettiste israélien Avishai Cohen. Nous avons là l’occasion d’entamer de belles discussions sur la culture comme outil de propagande, au moins trois sionistes excitées et trois fois plus de francs soutiens dont un « S’ils veulent redorer leur image par la culture, ils vont avoir du boulot ! » Et nous, nous allons leur compliquer la tâche, nous continuerons à la rentrée nos actions d’appel au boycott puisque la saison France-Israël se poursuit jusqu’en novembre !
Nous laissons le mot de la fin à Barack Weiss : « Je peux vous dire qu’il y a des musiciens de jazz de renommée mondiale qui ne veulent pas venir en Israël à cause de la situation politique. »