“It Must Be Heaven” le film primé à Cannes de Elia Suleimane en avant première à Marseille le 8 novembre
Le choix va être difficile ce vendredi 8 novembre !
Rencontrer Leila Shahid et Dominique Vidal en ouverture des 32e rencontres des Instants Vidéo (entrée libre)
ou
Assister à l’avant première du flm “It Must Be Heaven” de Elia Suleimane proposée par "les Bancs Publics" lors de la 14e édition des Rencontres à l’Echelle
le vendredi 8 novembre à 20h
durée : 1h37 - tarifs 8€/4€
au cinéma Le César, 4, place Castellane, 13006 Marseille
Séance présentée par Isabelle Regnier, journaliste au journal Le Monde
Notre article du 25 mai 2019
Cannes, compétition. Pour le réalisateur palestinien Elia Suleimane, le monde comme microcosme de la Palestine
Le réalisateur palestinien Elia Suleiman, qui avait été couronné du prix du jury pour l’extraordinaire film “Intervention divine”, en 2002, a été applaudi pendant 6 minutes samedi, lors de la cérémonie de clôture du Festival de Cannes, alors qu’il recevait une mention spéciale de la part du jury, des mains de l’actrice française Chiara Mastroianni, pour son nouveau film “It Must Be Heaven”.
Sur un ton burlesque, Elia Suleiman dans It Must Be Heaven (c’est ça le paradis) se demande ce que signifie « être chez soi ».
L’un des plats favoris des Palestiniens s’appelle, en anglais, l’upside down. Du poulet avec du riz et des amandes, ainsi appelé parce que, pour le servir, on le renverse, un peu comme une tarte tatin. C’est un peu – toutes choses égales par ailleurs – l’idée qui anime le réalisateur palestinien Elia Suleiman dans son dernier film présenté à Cannes, It Must Be Heaven. Lors de la fameuse trilogie qu’il avait proposée auparavant (Chronique d’une disparition en 1996, Intervention divine en 2002, qui lui avait valu le prix du jury sur la Croisette, et enfin le Temps qu’il reste en 2009), le cinéaste apparentait la Palestine à un microcosme du monde. Cette fois, c’est le monde qui est présenté comme un microcosme de la Palestine.
En permanence confronté à la dualité des situations, des protagonistes
Toute ressemblance étant fortuite, Elia Suleiman est néanmoins un homme de Nazareth. C’est là que tout a commencé pour lui. C’est là que Elia Suleiman (campé par le réalisateur lui-même), déjà rencontré précédemment, observe, avec son faux air à la Keaton, les mains toujours croisées dans le dos, semblable, quand il n’est pas de face, à Handala, ce personnage créé par le caricaturiste palestinien Naji Al Ali (assassiné à Londres en 1987 par les services israéliens). En permanence confronté à la dualité des situations, des protagonistes, qu’ils soient frères, machistes ou flics, ES s’envole pour Paris puis destination New York.
Il n’y a là que des situations somme toute ordinaires. La superficialité qui s’étale, en France comme aux États-Unis, n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg. Certes, à Nazareth, on ne voit pas des jolies filles en tenue éclatante s’exhiber dans les rues ou s’embrasser à pleine bouche. Derrière ses lunettes, Elia Suleiman sent pourtant que l’envers du décor est moins reluisant et ressemble à s’y méprendre à ce qu’il a quitté (fui ?). Des avions de chasse déchirent le ciel pour une démonstration de force, les chars, canons pointés, défilent fièrement, la police patrouille sans cesse dans un chassé-croisé chorégraphique… Quant aux checkpoints, si fréquents en Palestine, ils pullulent maintenant, à Paris comme à New York, aux entrées des aéroports et des centres commerciaux. On pourrait même y ajouter l’entrée du Palais des festivals, à Cannes !
Si loin, si proche. L’atmosphère sécuritaire, violente a envahi le globe, nous dit Elia Suleiman. Mais il ne fait surtout pas œuvre de documentaire géopolitique. D’abord, il utilise son arme de prédilection, arme fatale, le loufoque, voire le burlesque et l’absurde. Le rire lucide. Les instants sont d’autant plus décalés qu’ils éclatent à l’image, avec très peu de dialogues. Lui parle à juste titre de « poésie du silence qui est au cœur du langage cinématographique ». On l’oublie trop souvent. Une caresse tendre pour ceux qui subissent le dérèglement du monde, chauffeur de taxi à Big Apple ou SDF à Paname.
La réflexion est moins légère qu’il n’y paraît. Que signifie « être chez soi » quand les traces du passé s’envolent, que les chansons traditionnelles font place à une musique synthétique sans frontières et que tout se ressemble ? ES finit par rentrer à Nazareth, en ayant observé qu’il est chez lui partout et nulle part à la fois. Heureusement, le citronnier qu’il avait planté avant de partir a poussé. Les fruits mûrissent, éclatants. L’espoir existe encore.
It Must Be Heaven, d’Elia Suleiman. France, Qatar, Allemagne, Canada, Turquie, Palestine, 1 h 37.
Pierre Barbancey
Source : l’Humanité
Notre article du 9 mai 2019
Le film "C’est ça le Paradis ?" : en compétition officielle au Festival de Cannes
Possibles Média et MAISON 4:3 sont heureuses d’annoncer que le film IT MUST BE HEAVEN (version française : C’EST ÇA LE PARADIS ?) du réalisateur palestinien de renommée internationale Elia Suleiman (Intervention Divine, Le temps qu’il reste) est sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes.
Tourné en partie à Montréal l’automne dernier, après les pérégrinations à Nazareth et Paris du réalisateur-comédien, le long métrage est une coproduction entre le Québec (Possibles Média), la France, la Turquie et l’Allemagne.
Dans "C’est ça le Paradis ?", un Palestinien de 50 ans, quitte son pays pour trouver la paix. Fuyant aussi son identité, il souhaite se fondre dans une société nouvelle. Mais peu importe où il va en Europe ou en Amérique, il retrouve ce qu’il tente de fuir : appareil militaire qui se veut glorieux mais qui est risible ; policiers ridicules qui cherchent à justifier leur inutilité ; tensions sociales bizarres et improbables ; postes de contrôles loufoques et kafkaesques, il est confronté en somme partout à des caricatures de ce qui l’accablait en Palestine. Lui qui anticipait calme et sécurité se retrouve dans des pays en état d’exception, comme si une occupation non déclarée s’étendait partout sur la planète.
Par ses errances, entre fuite et introspection, Elia Suleiman pose sur un ton d’humour décalé cette question fondamentale : quel est donc cet endroit qu’on peut appeler « chez soi » ?
Pour "C’est ça le Paradis ?", le scénariste et réalisateur Elia Suleiman se met une nouvelle fois en scène dans le rôle principal, et s’entoure du directeur photo Sofian El Fani (Timbuktu, La vie d’Adèle), de la monteuse Véronique Lange (Le mystère de la chambre noire, Le Temps qu’il reste) et de la directrice artistique Caroline Alder (Une jeune fille, Le journal d’un vieil homme). Produit au Québec par Possibles Média (Serge Noël) et mené en France par Rectangle Productions, ainsi que par Zeyno Film (Turquie) et Pallas (Allemagne), le film sera distribué au Canada par Maison 4:3 à l’automne.
"C’est ça le Paradis ?" est le quatrième long métrage de fiction d’Elia Suleiman, habitué du Festival de Cannes et révélé sur la scène internationale avec sa trilogie de films portant sur le conflit israélo-palestinien : Chroniques d’une disparition (Prix du Meilleur premier film à la Mostra de Venise en 1996), Intervention Divine (Prix du Jury au Festival de Cannes en 2002) et Le Temps qu’il reste (sélection officielle du Festival de Cannes en 2009). Mêlant dans son œuvre burlesque, fantaisie et drame, Elia Suleiman a su imposer un style cinématographique unique.
Source : l’initiative