Bilan de l’année 2022 : l’heure de vérité pour la Palestine

lundi 9 janvier 2023

2022 a dissipé les dernières illusions selon lesquelles la collaboration des Palestiniens avec Israël était durable et que le sionisme puisse être autre chose qu’un mouvement en guerre perpétuelle contre le peuple palestinien.

JPEG - 38.7 ko Des membres des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa se rassemblent dans le camp de réfugiés de Balata, à Naplouse, après la mort de leur éminent dirigeant, Naser Abu Hmeid, 50 ans, qui a lutté contre le cancer pendant des années dans les prisons israéliennes et a fait l’objet de négligences médicales - Photo : Ahmad Al-Bazz / Activestills

2022 a été un moment de vérité.

L’année a mis à nu la réalité politique en Palestine, du fleuve à la mer, dissipant toutes les illusions que nous pouvions avoir sur la nature du « conflit x, comme l’ont nommé avec désinvolture les grands médias. Deux de ces illusions peuvent être écartées immédiatement : pour les Palestiniens, que le collaborationnisme de l’Autorité palestinienne peut être maintenu indéfiniment, et pour l’État israélien, que le sionisme est autre chose qu’un projet colonial de peuplement qui doit constamment être en guerre avec le peuple palestinien.

Deux développements principaux ont rendu ces vérités claires et dépourvues d’ambiguïté. 

En Cisjordanie, ce fut le retour de la résistance armée organisée pour la première fois depuis la deuxième Intifada, concentrée dans les villes de Naplouse et de Jénine, et accompagnée d’une série tout aussi formidable d’attaques de « loups solitaires » contre des cibles militaires et des colons israéliens, menaçant gravement la stabilité de l’appareil répressif israélien.

L’État israélien a réagi en lançant une vaste campagne militaire en Cisjordanie, destinée à briser la résistance palestinienne. L’armée israélienne l’a appelée « Opération Briser la vague ». 

En Israël, ce fut la montée de la droite fasciste et l’émergence d’Itamar Ben-Gvir et de Bezalel Smotrich comme nouveaux faiseurs de rois de la politique israélienne, montrant au monde le vrai visage du sionisme.

La montée en puissance du parti du « Pouvoir juif » et du parti du sionisme religieux a clairement montré que l’État israélien sera toujours en guerre contre le peuple palestinien tant que celui-ci résistera à la colonisation de ses terres. 
Rassemblement armé organisé par la « Brigade de Jénine » dans la soirée du vendredi 1er avril 2022 – Photo : Shatha Hammad

Les événements de cette année n’ont fait que valider ces vérités. L’intensification des attaques des colons contre les Palestiniens tout au long de l’année, les mesures judiciaires israéliennes approuvant la confiscation coloniale des terres palestiniennes, le nettoyage ethnique de communautés telles que celles de Masafer Yatta, le lancement de l’opération « Briser la vague » et le siège israélien des communautés et des villes qui abritent les nouveaux groupes de résistance, et surtout, le cri de défi d’une nouvelle génération qui a finalement osé prendre les armes, à un moment où une direction timorée préférait baisser la tête.

Dès le premier mois de l’assaut militaire israélien, il était clair que l’armée israélienne ne visait pas seulement les groupes armés de Naplouse et Jénine, mais lançait un assaut contre l’ensemble de la société palestinienne.

Lors de chaque raid dans les villes et villages palestiniens, l’armée israélienne a relancé sa politique vieille de plusieurs décennies de liquidation et d’exécutions sommaires – des instruments nécessaires au rétablissement de la dissuasion israélienne. Les combattants et les non-combattants palestiniens sont tombés sous les balles des escadrons de la mort israéliens lors de leurs invasions nocturnes, rappelant les bains de sang de l’opération « Bouclier défensif » en 2002.

L’objectif général de cette offensive contre les vies palestiniennes était clair : augmenter le coût de la résistance dans l’espoir que les Palestiniens en abandonnent l’idée même devant le nombre croissant de tués. 

Pourtant, tout ce que cela semble avoir fait, c’est renforcer la détermination des Palestiniens à refuser la dégradation constante de leurs vies. Si 2022 nous apprend quelque chose, c’est que les Palestiniens n’accepteront jamais la simple survie sous le colonialisme.
De nouveaux groupes de défense des droits reconnaissent l’apartheid israélien

L’année a commencé par une nouvelle reconnaissance de l’apartheid israélien, avec un rapport d’Amnesty International accusant Israël du crime d’apartheid, affirmant que « c’est un crime contre l’humanité, et il faut y mettre fin. »

Ce rapport de 280 pages, publié un an après des rapports similaires de Human Rights Watch et de B’Tselem, a suscité une vive réaction de la part d’Israël et de ses partisans, qui ont accusé le rapport d’être antisémite.

D’un autre côté, il a été largement salué par les organisations et les individus qui soutiennent le mouvement pour la liberté et la justice palestiniennes, et a été salué comme un autre pas dans la bonne direction vers la reconnaissance de la réalité à laquelle sont confrontés les Palestiniens vivant sous le contrôle israélien. 

Contrairement aux précédents rapports internationaux et israéliens, le rapport d’Amnesty prend en compte les millions de réfugiés palestiniens vivant en exil, auxquels Israël refuse le droit de retourner dans leur pays d’origine.

Le rapport n’a cependant pas été à la hauteur à certains égards, notamment en ne reconnaissant pas le droit collectif du peuple palestinien à l’autodétermination et le rôle du colonialisme sioniste comme moteur de l’apartheid israélien.

Ces manquements ont été rattrapés plus tard dans l’année par une coalition de groupes palestiniens de défense des droits de l’homme qui ont publié un rapport historique intitulé « Apartheid israélien : Outil du colonialisme de peuplement sioniste ».

Scène d’apartheid – Porte séparant l’entrée de la rue al-Shuhada, désormais réservée à l’usage et au passage des seuls juifs, du côté palestinien de la vieille ville d’Hébron – Photo : Akram al-Waara/Mondoweiss

Ce rapport, publié par le groupe palestinien de défense des droits de l’homme Al-Haq, vise, selon ses auteurs, à recadrer la conversation sur l’apartheid israélien afin de centrer les récits palestiniens sur leur propre dépossession et déplacement, de reconnaître le droit collectif du peuple palestinien à l’autodétermination et de donner la priorité à la décolonisation plutôt qu’aux approches d’ « égalité libérale » pour mettre fin à l’apartheid.
La communauté internationale ne réagit pas à la criminalisation par Israël de la société civile palestinienne

Un autre aspect moins mis en avant dans l’assaut israélien contre la société palestinienne a été son attaque délibérée contre la société civile – plus précisément, les six organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme qu’Israël avait précédemment tenté de criminaliser en les désignant comme des « organisations terroristes ».

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