Des universitaires palestiniens signent une lettre condamnant les propos d’Abbas

mardi 19 septembre 2023

Des universitaires palestiniens signent une lettre condamnant les propos d’Abbas

Plus de 100 intellectuels mettent en garde contre les retombées des "récits ignorants" du chef de l’AP sur la cause palestinienne et dénoncent son "régime autoritaire et draconien"

JPEG - 43.7 ko
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas tenant une conférence de presse conjointe avec le président turc Recep Tayyip Erdogan après leur rencontre au complexe présidentiel d’Ankara, le 25 juillet 2023. (Crédit : Adem Altan/AFP)

Un groupe d’universitaires et d’intellectuels palestiniens ont signé une lettre ouverte dimanche pour condamner les « commentaires moralement et politiquement répréhensibles » que le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, a récemment formulés au sujet de la Shoah et des origines des Juifs ashkénazes.

La lettre a été signée par plus d’une centaine « d’universitaires, d’écrivains, d’artistes, de militants palestiniens et de personnes de tous horizons », vivant pour la plupart aux États-Unis et en Europe. Elle a été publiée sur X – anciennement Twitter – par Dana El Kurd, professeure adjoint de sciences politiques à l’Université de Richmond, en Virginie.

La lettre condamne fermement la déformation de la Shoah par Abbas. «  Enraciné dans une théorie raciale répandue dans la culture et la science européennes de l’époque, le génocide nazi du peuple juif est né de l’antisémitisme, du fascisme et du racisme. Nous rejetons catégoriquement toute tentative de diminuer, de déformer ou de justifier l’antisémitisme, les crimes nazis contre l’humanité ou le révisionnisme historique à l’égard de la Shoah. »

Cette lettre a été rédigée en réponse aux déclarations antisémites que Abbas a récemment faites devant le conseil révolutionnaire du Fatah. Abbas a répété un certain nombre de clichés antisémites proférés au fil des ans, notamment le mythe selon lequel les Juifs ashkénazes ne descendent pas des anciens Israélites, mais d’un ancien peuple turc connu sous le nom de Khazars, qui, selon une théorie sans fondement, s’est converti en masse au judaïsme, et ne sont donc pas des Sémites. Ou encore, le fait que le dictateur nazi Adolf Hitler avait fait massacrer les Juifs en raison de leur « rôle social » de créanciers, et non en raison d’une hostilité à l’égard du judaïsme.

Les déclarations d’Abbas ont suscité de nombreuses condamnations en Israël, en Europe et aux États-Unis, et ont même valu à Abbas d’être privé d’une médaille honorifique par la maire de Paris. Pour tenter de détourner les critiques, son porte parole, Nabil Abu Rudeineh, a déclaré jeudi que ces déclarations étaient en fait des « citations académiques et historiques » d’universitaires juifs et américains anonymes.

Il a ajouté que « la position de Mahmoud Abbas sur cette question est claire et inébranlable, à savoir une condamnation totale de l’Holocauste nazi et un rejet de l’antisémitisme ».

JPEG - 115.3 ko
Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du dirigeant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. (Crédit : Flash90/Dossier)

La deuxième partie de la lettre ouverte portait sur les retombées publicitaires des déclarations d’Abbas sur la cause palestinienne. « Le peuple palestinien est suffisamment accablé par le colonialisme israélien, la dépossession, l’occupation et l’oppression sans avoir à supporter l’effet négatif de ces récits ignorants et profondément antisémites perpétués par ceux qui prétendent parler en notre nom », ont écrit les auteurs.

Les universitaires ont également critiqué l’AP, dont Abbas est le président depuis 2005. « Nous sommes également accablés par le régime de plus en plus autoritaire et draconien de l’Autorité palestinienne, qui a un impact disproportionné sur ceux qui vivent sous l’occupation », ont-ils écrit.

« Ayant conservé le pouvoir près d’une décennie et demie après l’expiration de son mandat présidentiel en 2009, soutenus par les forces occidentales et pro-Israël cherchant à perpétuer l’apartheid israélien, Abbas et son entourage politique ont perdu toute prétention à représenter le peuple palestinien et notre lutte pour la justice, la liberté et l’égalité, une lutte qui s’oppose à toutes les formes de racisme et d’oppression systémiques », conclut la lettre.

La popularité d’Abbas est en baisse constante depuis des années, en raison du mécontentement croissant des Palestiniens à l’égard de son style de gouvernement autocratique, de son refus d’organiser des élections après sa défaite face au groupe terroriste palestinien du Hamas en 2006, de sa coopération en matière de sécurité avec Israël, que de nombreux Palestiniens considèrent comme une forme de collaboration, son inaction perçue face à l’expansion des implantations, et sa faible gouvernance dans certaines parties de la Cisjordanie, en particulier dans la zone nord de Jénine-Naplouse, qui a ouvert la voie à l’empiétement du Hamas et du
groupe terroriste du Jihad islamique palestinien dans la région.

Source  : https://fr.timesofisrael.com/des-un...