La définition de l’IHRA, une arme contre le mouvement de solidarité avec la Palestine

mardi 13 décembre 2022

Depuis plusieurs années, l’adoption de la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la Mémoire de l’Holocauste (IHRA) est un enjeu pour les partisan·e·s de la colonisation de la Palestine afin d’amalgamer antisémitisme et antisionisme. Au lieu de s’attaquer aux principales sources d’antisémitisme aujourd’hui (en particulier l’extrême droite occidentale), sept des onze exemples associés à la définition mentionnent Israël. Ainsi, il serait antisémite de refuser « le droit à l’autodétermination des Juifs, en affirmant par exemple que l’existence de l’État d’Israël est le fruit d’une entreprise raciste ». Comme le souligne le militant palestinien Hanna Kawas, « affirmer qu’un État fondé sur le privilège exclusif d’un groupe par rapport à un autre n’est pas une entreprise raciste est l’ultime insulte à l’expérience vécue des Palestiniens. » Dans le même sens, Liliana Córdova Kaczerginski, militante juive antisioniste et membre fondatrice du Réseau International Juif Antisioniste, considère que les juifs et juives ne sont « pas un peuple, au sens d’une nation » mais plutôt « un groupe de personnes dans de nombreux pays, comme d’autres, tout comme il y a des protestants dans de nombreuses régions du monde, avec de nombreux courants, et cela ne signifie pas qu’ils vont demander un État ». On comprend mieux que les enjeux autour de l’adoption de cette définition visent d’abord à légitimer le projet sioniste en Palestine et criminaliser les voix antisionistes, en premier lieu les Palestinien·ne·s eux-mêmes. La lutte contre l’antisémitisme exige d’être débarrassée de ses manœuvres politiciennes abjectes !

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Cette définition a été adoptée par différentes institutions nationales et internationales, mais elle a aussi été l’objet de fermes oppositions antiracistes (à l’image de la municipalité de Strasbourg qui a rejeté cette définition). En dépit d’une mobilisation importante, le conseil municipal de Vancouver au Canada a également adopté la définition de l’IHRA le 16 novembre dernier après l’avoir refusé en 2019. À cette occasion, la Canada Palestine Association a rappelé que « l’objectif principal de la définition de l’IHRA est de légitimer Israël et de calomnier tous ceux qui exposent ses activités illégales et inhumaines, en mettant un frein au travail de solidarité palestinien et en couvrant les crimes de guerre israéliens. Les trois D de la Hasbara israélienne sont à l’œuvre : ils déforment la nature de la lutte palestinienne, ils détournent l’attention de la nature colonialiste du sionisme et diffament comme antisémites tous ceux qui dénoncent et condamnent les atrocités israéliennes. Cela a toujours été le modus operandi de l’establishment israélien ; nous ne devons pas oublier la devise originale du Mossad « Par tromperie, tu feras la guerre ». »

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