« Lettre de Beyrouth » : la colère de Jocelyne Saab, cinéaste libre

mercredi 6 mars 2024

Un passionnant travail de redécouverte de l’œuvre de celle qui n’a cessé de filmer les foyers de luttes du Moyen-Orient est en cours. Pour l’accompagner, Mediapart diffuse « Lettre à Beyrouth », plongée vertigineuse dans le Liban de 1978, en pleine partition après l’invasion israélienne du Sud.

Mediapart, lundi 4 mars

Lettre de Beyrouth, Liban, France, 1978, 52 minutes :
• Réalisation, production : Jocelyne Saab
• Image : Olivier Gueneau
• Son : Mohamed Awad
• Montage : Philippe Gosselet
• Musique : Oum Kalthoum, Marcela Khalifé
• Textes : Ethel Adnan

Lettre de Beyrouth, tourné en 1978, fait partie d’une trilogie de films incandescents réalisés par Jocelyne Saab sur la guerre du Liban, aux côtés de Beyrouth, jamais plus (1976) et Beyrouth ma ville (1982). D’après Ethel Adnan, peintre et poétesse libanaise disparue en 2021, « aucun document sur cette guerre n’a jamais égalé l’importance du travail cinématographique que Jocelyne a présenté dans les trois films qu’elle a consacrés au Liban ».

Saab, née à Beyrouth en 1948, journaliste, photographe et cinéaste, restera hantée toute sa vie par les images de cette guerre du Liban. Elle est décédée à Paris en 2019. « Restés longtemps dans l’ombre, peu accessibles et difficiles à diffuser, [ses films] suscitent aujourd’hui un intérêt grandissant, dont la cinéaste n’a malheureusement pu connaître que le balbutiement », écrit Mathilde Rouxel, codirectrice de l’association Jocelyne-Saab, dans le livret qui accompagne un coffret DVD édité en 2023 aux Mutins de Pangée.

Dans Lettre de Beyrouth, adressé à des ami·es resté·es à l’étranger, Saab filme le Liban juste après l’opération Litani de mars 1978, lorsque l’armée israélienne repousse au-delà du fleuve Litani l’Organisation de libération de la Palestine, dans le Sud-Liban. Le documentaire s’ancre d’abord à Beyrouth (sidérante traversée de la ville à bord d’un bus, que la cinéaste a remis en marche pour les besoins du film, profitant d’une « liberté précaire »), avant de gagner le sud du pays.

Elle s’y met en scène, visitant un camp de Palestiniens rasé par des Israéliens, ou échangeant avec des soldats de forces internationales déployées sur place. Elle montre les ruines partout, mais aussi les préfabriqués construits par les Israéliens dans la précipitation. « Petit à petit, mon pays est devenu un no man’s land, du moins pour ses propres habitants », dit-elle en voix off. Saab ne cesse de brasser l’analyse politique sur le destin d’une nation et les blessures intimes.
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Mathilde Rouxel a par ailleurs co-écrit un livre reproduisant photographies et archives, publié aux éditions commune, intitulé Le Livre pour sortir au jour de Jocelyne Saab.

Pour lire la suite : https://www.mediapart.fr/studio/documentaires/culture-et-idees/lettre-de-beyrouth-la-colere-de-jocelyne-saab-cineaste-libre?utm_source=article_offert&utm_medium=email&utm_campaign=TRANSAC&utm_content=&utm_term=&xtor=EPR-1013-%5Barticle-offert%5D%20&M_BT=1028046793474