« Même s’il n’y a plus rien dans le nord, nous voulons rentrer chez nous »

mardi 9 avril 2024

JOURNAL DE BORD DE GAZA 15

Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI. Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter son appartement de la ville de Gaza avec sa femme et son fils Walid, deux ans et demi. Il partage maintenant un appartement de deux chambres avec une autre famille. Il raconte son quotidien et celui des Gazaouis de Rafah, coincés dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Cet espace lui est dédié.

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Complexe médical d’Al-Shifa, détruit à la suite d’une opération de 14 jours de l’armée israélienne en son sein. 1er avril 2024. © MSF

Dimanche 7 avril 2024.

Aujourd’hui, j’ai reçu un appel téléphonique de mon ami Chahine, le père de Doudou, la fillette dont je vous ai déjà parlé. Elle vit avec sa famille dans la ville de Gaza, où la famine s’est installée, comme dans toute la partie nord du territoire. Chahine était très content, il voulait m’annoncer une bonne nouvelle : pour la première fois, des camions sont entrés dans le nord de la bande, à partir du terminal israélien d’Erez. Un camion de fuel et deux camions de médicaments. Chahine m’a dit : « Tu m’avais dit dans une discussion que les choses allaient peut-être changer un peu, surtout au niveau humanitaire, après la mort des six martyrs », en référence aux six expatriés de l’ONG World Central Kitchen que les Israéliens ont tués.

Chahine pense que ce sont les premières « gouttes  » d’aide humanitaire qui commencent à entrer au nord de la bande et dans la ville de Gaza. Il a ajouté :

"Tu crois les déclarations du cabinet de guerre israélien, quand ils disent qu’ils vont augmenter le nombre de camions à 500 par jour ? Et que la Jordanie va aussi faire passer des camions, au lieu de nous envoyer ces aides parachutées qui nous humilient ?"

Et j’étais très content de son appel parce qu’il me poussait un peu à l’optimisme. Ces premiers camions semblent en effet confirmer notre dernière conversation. En même temps, je ne voulais pas lui dire qu’avec les Israéliens, on a l’habitude que les choses prennent du temps entre les paroles et les actes, et que parfois il n’y a que des paroles, pas d’actes. Mais cette fois, je crois que ce ne sont pas juste des annonces. Peut-être que l’aide n’arrivera pas tout de suite, qu’elle ne passera pas immédiatement à 500 camions par jour, mais je crois qu’il va y avoir quelque chose. En tout cas, mon ami Chahine était content de notre conversation et je lui ai remonté le moral comme d’habitude.

«  DES FRUITS, ÇA FAIT LONGTEMPS QUE JE N’AI PAS ENTENDU CE MOT  »

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Source  : ORIENT XXI