Pour un Front de Libération Décolonial

dimanche 15 janvier 2023

Cet écrit est un appel à la création d’un Front de Libération Décolonial, dont nous, Azadî et Assyl, sommes les deux membres fondateurs. Partant de l’analyse de la contre-révolution coloniale des années 60-70 nous considérons qu’il est urgent de lancer une nouvelle offensive décoloniale.

La révolution traîne avec elle la contre-révolution comme la vie traîne la mort. Il est difficile de s’en défaire. L’une ne peut exister sans l’autre. La contre-révolution profite de l’atmosphère révolutionnaire pour rétablir l’Ordre. C’est finalement un retour en arrière enrobé d’un voile révolutionnaire. C’est la perte de la substance, de l’essence, des revendications de la révolution. L’Histoire des révolutions démontre à quel point ce processus est récurrent. La révolution décoloniale du 20ème siècle ne fait pas exception. Les espoirs d’une libération totale des peuples colonisés se sont peu à peu éteints, à cause de la contre-offensive impérialiste, pour donner lieu à des semi-libérations : plus de colonie (pas pour tout le monde, on y reviendra) certes, mais une soumission aux impérialismes ; situation qui peut être décrite comme une période dite néocoloniale. 

Revenons un peu sur la genèse de cette contre-révolution coloniale. Les libérations nationales post-seconde guerre mondiale ont créé des conditions favorables pour une libération de la conscience des peuples. Ainsi dans les esprits des peuples ex-colonisés, l’anticolonialisme des débuts va très progressivement se transformer en anti-impérialisme car en dernière analyse l’ennemi n’est pas uniquement l’ex-pays colon mais le système et l’Ordre qu’il y a derrière : l’impérialisme, stade suprême du capitalisme. L’union des peuples libérés, comme à travers la Tricontinentale, va faire trembler les puissances qui dominent le monde à cette époque.

Saïd Bouamama écrit dans Figures de la révolution africaine :

« Tout en étant le prolongement de la phase anticoloniale, la phase anti-impérialiste est beaucoup plus menaçante pour les puissances qui dominent l’économie mondiale. La contre-offensive ne tarde pas : contre-insurrections, interventions militaires, coups d’État et assassinats politiques se multiplient pour éliminer les gêneurs et mettre au pouvoir ceux que Frantz Fanon qualifiait de manière prémonitoire, dans Les Damnés de la terre, d’« agents d’affaires de la bourgeoisie occidentale ». 

Tout au long des années 1960, grâce aux accords secrets de défense que Paris a fait signer au dictateur camerounais Ahidjo en 1960, les troupes françaises participent à la guerre contre-révolutionnaire contre l’UPC. En janvier 1964, les parachutistes britanniques interviennent successivement au Kenya, au Tanganyika et en Ouganda. En août de la même année ce sont les troupes françaises qui volent au secours du président du Gabon, Léon Mba, menacé par un coup d’État. En novembre 1964, c’est au tour des troupes belges et états-uniennes d’entrer en action au Congo. Ces interventions directes continuent les années suivantes : Afrique du Sud en Rhodésie de 1966 à 1975, France au Tchad de 1968 à 1971, Portugal en Guinée en 1970, etc. Le second volet est le recours aux coups d’État et aux assassinats pour les récalcitrants. Ainsi, pendant que des chefs d’État ou de gouvernement étaient renversés – Kwame Nkrumah au Ghana en 1966, Modibo Keita au Mali en 1968, Milton Oboté en Ouganda en 1971 –, d’autres, au pouvoir ou non, étaient purement et simplement liquidés : Sylvanus Olympio au Togo en 1963, Mehdi Ben Barka en 1965, Ernest Ouandié au Cameroun en 1971, Amílcar Cabral en 1973 en Guinée, etc. »

Ici l’auteur s’est uniquement penché sur l’Afrique mais le lecteur saura très bien faire le parallèle avec la situation en Asie (guerres au Vietnam, en Corée, …) et en Amérique latine avec les nombreux coups d’États orchestrés par la CIA notamment.

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