"Tout va bien au Moyen Orient" au FRAC Marseille

vendredi 27 janvier 2017

Samedi 28 Janvier à 17h : Grains de lumière et Instants Vidéo nous invite à présenter une programmation au Fond Régional d’Art Contemporain .
20, boulevard de Dunkerque - 13002 Marseille
Métro et Tramway : arrêt Joliette / Bus lignes 35, 49 et 82 : arrêt Joliette / Accès : autoroute A55

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[*TOUT VA BIEN AU MOYEN ORIENT*]
« Il arrive un moment où on ne peut plus faire les choses comme avant »
(réplique entendue dans le film Tout va bien de Jean-Luc Godard)

L’art vidéo est un art contemporain d’une époque où plus personne ne veut voir la réalité en face. Je n’ai pas dit de face, la réalité peut se montrer pudique. Je veux dire, nous, faisant face à nos responsabilités d’humains. Nous savons (comment y échapper avec la myriade d’informations que nous recevons) qu’il se passe une catastrophe inouïe sur, sous et autour de la Méditerranée. Mais une petite voix policière nous susurre « circulez, il n’y a rien à voir ». Elle n’a pas tort, cette petite voix intérieure. Comme le disait Bertold Brecht en son temps, nous vivons de « sombres temps ». Et comme l’obscurité nous fait peur, nous nous rassurons en répétant que tout va bien. On attend que ça passe. On s’adapte. Puis on finit par ne plus rien attendre. Ne plus rien désirer. L’obscurité devient notre seul horizon. Pas plus loin que le bout de notre nez. Ainsi naissent les délires identitaires et obscurantistes. Ou bien, on se dit que l’horreur est une erreur humaine. Et que l’humanité est très très humaine. A quoi bon s’intéresser aux bévues ? Tout va bien. Tout ira bien. Et puis un jour, on sort la tête du sable et on s’aperçoit qu’il n’y a plus d’art. Des visuels, oui. Partout. Des œuvres, oui, sur le marché. Mais dans la vie, non.
Hannah Arendt, ayant entendu l’expression de Brecht, a posé la question qui n’a pas perdu une once d’actualité : « Comment extraire l’humanité hors de ces sombres temps ? ». Nous connaissons tous la réponse. En cherchant, malgré tout, une lueur. Depuis la nuit des temps, il en va ainsi. Il y aura toujours une luciole. Un poème griffonné avec ses ongles sur un mur. Un chant qui s’élève dans une prison. Un film qui se tourne malgré la censure. Un corps qui danse au milieu des ruines. Je ne vois pas d’autre raison d’être de l’art : un petit monticule sur lequel s’élever pour voir un peu plus loin.
Les œuvres présentées ici sont des regards sur un monde que nous ne voulons plus voir. Elles métamorphosent des colères en chant, danse, poème, bref en joie. C’est quoi la joie ? C’est quand la fatigue laisse place au courage d’être à la fois solitaire et solidaire.

Scarecrew (7’48 – 2015) / Ameneh Zamani (Iran)
Statement (2′ – 2012) / Lucia Ahmad (Palestine)
Rumeurs (8’30 – 2015) / Nayla Dabaji (Liban/Québec)
Silk (0’44 – 2016) / Reem Zaghmout & Malak Elghuel (Belize/Libye)
My Motherland (5′ – 2015) / Fazila Amiri et Hangama Amiri (Afghanistan/Canada)
Awakening (1’40 – 2016) / Arzu Yayıntaş (Turquie)
Chic point (Fashion for israeli checkpoints) (7′ – 2003) / Sharif Waked (Palestine)
Damage (2′ – 2009) / Rania Stephan (Liban)
Loudness Trouble (3’15 – 2015) / Parya Vatankhah (Iran/France)
Corrida urbaine (3’15 – 2008) / Marc Mercier (France)
Sabra et Chatilla Poème (12’35 – 2011) / Marc Mercier (France)

Le Fond Régional d’Art Contemprain est à la Joliette,
on le reconnait facilement :