Gaza : un an après, retour sur les effets dévastateurs des bombardements israéliens

jeudi 9 juin 2022

Du 10 au 21 mai 2021, des bombardements de l’armée israélienne sur la bande de Gaza ont tué 256 personnes, dont 66 enfants. 2 000 Palestiniens ont été blessés, dont plus de 600 enfants et 400 femmes. Certains ont subi des blessures entraînant une invalidité à long terme telle que la perte d’un membre. En Israël, il y a eu 13 morts et 700 blessés à la suite de tirs de roquettes qui ont eu lieu depuis la bande de Gaza. Trois habitants de Gaza témoignent des blessures ou des violences qu’ils ont subies.

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La situation actuelle

La plupart des Palestiniens de Gaza ont déjà subi le traumatisme de la guerre, notamment en 2014 et lors de la « Marche du retour » en 2018. Ce traumatisme - craindre pour sa vie, voir sa maison en ruine et subir des difficultés économiques quotidiennes - a été aggravé par les événements de mai 2021. Sur les deux millions de Palestiniens vivant à Gaza, plus de 40 % sont des enfants âgés de 14 ans ou moins. Ces enfants ont vécu toute leur vie sous blocus israélien, ont survécu à trois offensives majeures d’Israël et ont subi des traumatismes répétitifs et continus.

3 résidents de Gaza témoignent de l’impact des bombardements

Ahmed*, 41 ans

J’ai été blessé le premier jour des bombardements. J’étais chez moi quand la maison a été touchée. Nous ne savions pas si c’était une bombe ou si quelque chose dans la maison avait explosé. Nous venions d’entendre un bruit massif et la maison a tremblé. C’est alors que j’ai vu ma main presque arrachée, qui pendait au bout de mon bras.

Des familles entières sont ravagées

Toute la famille était réunie, c’était le ramadan. Une partie de la maison a été détruite, deux de mes cousins ​​sont morts et un autre de mes proches est devenu handicapé. L’explosion a été si forte que les voisins ont également été blessés. Le fils du voisin marchait dans la rue et a perdu ses deux yeux. Il n’avait que 9 ans et il ne pourra plus jamais voir. Il jouait juste dehors.

Arriverons-nous vivants à l’hôpital ?

Les gens essayaient de mettre les victimes dans des voitures. Les ambulances ne pouvaient pas nous atteindre, car les bombes tombaient de partout. J’étais dans une voiture avec 4 autres victimes. L’une d’elles était l’enfant d’un voisin. Elle est morte sur les genoux de son père, juste à côté de moi, sur le chemin de l’hôpital. Nous ne savions pas si nous arriverions vivants à l’hôpital : autour de nous, tout avait été bombardé.

J’ai finalement atteint l’hôpital Al-Shifa et une semaine après, j’ai été transféré à l’hôpital MSF Al-Awda. Dans les deux hôpitaux, ils craignaient que les bombes ne nous touchent.

Des dommages psychologiques importants

J’ai eu 8 interventions chirurgicales différentes et ma main a été amputée. Pendant que j’étais à l’hôpital, je craignais pour ma famille. Leur santé mentale a été profondément affectée et les bruits forts font encore pleurer mes deux plus jeunes enfants. Ma mère est celle qui a le plus souffert. Elle a fait une dépression nerveuse et est maintenant prise en charge par des professionnels de la santé mentale. Elle ne peut toujours pas en parler sans faire une crise de panique.

Ce qui fait le plus mal, c’est que je ne peux pas subvenir aux besoins de ma famille. J’étais chauffeur et je ne peux pas conduire sans ma main. J’étais responsable non seulement de ma femme et de mes enfants, mais aussi de mes parents âgés.
Témoignage de Ahmed habitant de Gaza

J’étais censé recevoir une prothèse de main, mais à cause du blocus, je n’ai aucune idée de la date à laquelle cela va arriver.

Parfois, je me demande pourquoi j’ai survécu. J’aurais aimé mourir avec les autres, pour pouvoir enfin quitter Gaza. La mort est la seule issue.

Mohammed*, 36 ans

C’était le premier jour des bombardements. J’étais devant chez moi avec mon fils, quand un missile a touché la voiture, à moins d’un mètre de nous.

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