En une semaine, l’armée israélienne a exécuté 13 enfants à l’intérieur et à proximité de l’hôpital Al-Shifa

vendredi 29 mars 2024

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Photo : Une mère et son enfant, Gaza, 21 mars 2024

Territoire palestinien - En violation flagrante du droit international, en particulier du droit international humanitaire, l’armée israélienne a exécuté 13 enfants par tir direct dans le complexe médical d’Al-Shifa et dans les environs de la ville de Gaza. Il s’agit d’un crime de guerre et d’un crime contre l’humanité, et cela fait partie du génocide que le peuple palestinien de la bande de Gaza subit depuis six mois.

Depuis plus d’une semaine maintenant, l’armée israélienne mène des opérations militaires systématiques et horribles à l’intérieur et autour du complexe médical d’Al-Shifa. Ces crimes comprennent les exécutions extrajudiciaires et les meurtres délibérés de civils palestiniens. L’équipe de terrain d’Euro-Med Human Rights Monitor a reçu des témoignages identiques sur les meurtres et les exécutions d’enfants palestiniens âgés de quatre à 16 ans.

Certaines des fusillades mortelles ont eu lieu lors d’un siège de l’armée israélienne alors que les familles des victimes se trouvaient à l’intérieur de leurs maisons ; d’autres se sont produits lorsque les victimes ont tenté de s’échapper par des itinéraires que l’armée israélienne avait désignés comme « sûrs  » après les avoir évacués de force de leurs maisons et lieux de résidence.

Le palestinien Islam Ali Salouha vit à proximité du complexe médical d’Al-Shifa. Salouha a déclaré que les forces israéliennes ont tué ses fils Ali, neuf ans, et Saeed Muhammad Sheikha, six ans, devant leurs familles et leurs concitoyens. Ils ont spécifiquement ciblé les enfants, a-t-il expliqué, à coups de balles réelles.

Selon Salouha, la famille a choisi de rester dans leur appartement avec plusieurs autres résidents parce qu’il n’y avait aucun moyen sûr de partir après plus d’une semaine de forces israéliennes les assiégeant à l’intérieur de leur maison au milieu de fréquents raids.

Il a expliqué que dans l’après-midi du dimanche 24 mars 2024, l’armée israélienne a ordonné à toutes les personnes se trouvant à proximité, par haut-parleurs, de quitter immédiatement leur zone résidentielle sous peine de voir leur maison bombardée. En conséquence, les habitants ont été contraints de quitter la zone avec un certain nombre de leurs voisins et de traverser une route jonchée de cadavres que l’armée israélienne avait désignée pour circuler.

Salouha a déclaré qu’ils n’étaient capables de marcher que quelques dizaines de mètres avant d’être soudainement exposés à des tirs intenses, qui visaient en particulier les deux enfants, Ali et Saeed. Les enfants sont alors tombés devant eux, le corps couvert de sang.

Alors qu’ils tentaient de retirer les deux enfants du sol, a-t-il expliqué, les forces israéliennes ont de nouveau ouvert le feu sur eux, les forçant à laisser Ali et Saeed au sol et à continuer de marcher.

Salouha a souligné que son fils Ali a été tué lors d’une exécution sur le terrain après avoir été privé de nourriture pendant des jours à cause du siège israélien. Il a également souligné que la zone autour du complexe médical d’Al-Shifa était devenue un haut lieu d’exécutions et de meurtres sur le terrain, les corps des victimes découverts dans les rues servant de preuve.

L’armée israélienne a lancé le 28 mars une opération militaire massive ciblant le complexe médical d’Al-Shifa, le transformant en caserne militaire et transformant les environs en zone militaire, sous des bombardements aériens et d’artillerie incessants et des tirs réels.

Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions arbitraires ou extrajudiciaires doit prendre des mesures urgentes pour enquêter et documenter les meurtres commis par les forces israéliennes dans et à proximité du complexe médical d’Al-Shifa, et faire pression pour que des mesures efficaces soient prises pour que les auteurs et ceux qui ont donné les ordres répondent de leurs actes.

Euro-Med Monitor attire l’attention sur la nécessité de protéger les enfants palestiniens, qui sont plus vulnérables aux crimes israéliens en cours dans la bande de Gaza et qui ne bénéficient d’aucune protection en vertu du droit international. Au lieu de cela, l’armée israélienne en a fait une cible claire et actuelle pour les meurtres, les exécutions et les attaques aveugles, en plus de leur refuser de la nourriture, un abri et des soins médicaux.

Étant donné que les enfants palestiniens représentent plus d’un tiers des victimes des crimes israéliens dans la bande de Gaza, qui se poursuivent depuis le 7 octobre 2023, soit 14 405 des 40 156 morts au total, le meurtre de ces enfants par l’armée israélienne de manière aussi systématique et généralisée est clairement intentionnelle. Cela constitue une preuve supplémentaire du génocide perpétré par Israël contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza, ainsi que de la destruction délibérée de générations entières de Palestiniens qui y vivent.

La communauté internationale doit agir rapidement et avec force pour défendre les civils palestiniens du génocide israélien dans la bande de Gaza qui dure depuis près de six mois. Il doit également exercer une pression efficace pour mettre un terme aux graves crimes commis par Israël dans ce pays, comme ses attaques contre le complexe médical d’Al-Shifa et d’autres installations médicales, et doit veiller à ce qu’Israël se conforme aux exigences du droit international et aux règles de la guerre, qui précisent
la nécessité de protéger les civils et de ne pas les cibler pour quelque raison que ce soit.

La Cour pénale internationale (CPI) doit agir immédiatement pour tenir Israël responsable des crimes qui relèvent de sa compétence. Elle doit également donner la priorité aux travaux et aux enquêtes sur ce qui se passe dans la bande de Gaza, étant donné que la gravité des crimes qui y sont commis ont un impact sur la paix et la sécurité mondiales.

La communauté internationale doit intervenir et forcer Israël à respecter la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU d’hier, qui exige un cessez-le-feu immédiat, ainsi que l’arrêt du 26 janvier de la Cour internationale de Justice (CIJ).

SOURCE PUBLIÉ PAR : EURO-MED HUMAN RIGHTS MONITOR
Traduction : AFPS