FOCUS GAZA-ISRAËL

lundi 15 janvier 2024

Le chantage aux financements européens accable la Palestine

Une nouvelle fois, le levier financier est au cœur de la réponse européenne face à la guerre à Gaza, au côté des déclarations sur « le droit d’Israël à se défendre ». Si la pérennité de l’« aide  » versée aux Palestiniens ne semble pour l’heure plus en cause, l’annonce d’un contrôle renforcé et du report de certaines dépenses soulève des inquiétudes à Ramallah, auxquelles se mêle de la colère. Le 21 novembre, la Commission européenne s’est réunie à Strasbourg pour décider de la reprise ou non des aides européennes, après leur suspension le 9 octobre.

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Le contrôle des financements auxquels ont accès les Palestiniens constitue un enjeu majeur depuis l’époque du mandat britannique sur la Palestine. Les organisations sionistes jouissaient alors de l’importante manne financière pourvue par les diasporas juives d’Europe et des États-Unis, tandis que les forces coloniales françaises et britanniques réprimaient les levées de fonds qui s’organisaient en soutien à l’insurrection palestinienne dans les régions arabes voisines sous leur contrôle. En parallèle, l’administration mandataire entreprenait d’aider — sans grande efficacité — les paysans palestiniens repoussés par la colonisation comme un moyen de tarir les foyers de révolte qui se multipliaient.

Après la Nakba en 1948, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) devient le principal pourvoyeur de l’aide humanitaire dispensée aux réfugiés palestiniens, installés dans des camps dans l’attente de leur « rapatriement  ». Premiers bailleurs de cette aide jusque dans les années 1970, les États-Unis — progressivement devancés par l’Europe — veulent endiguer la progression communiste d’abord, puis nationaliste et islamiste1. D’un autre côté, les organisations palestiniennes formées en exil dans les années 1960 trouvent un soutien financier auprès d’États et de mécènes privés arabes et musulmans. Après 1967 et l’occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël, une partie de ces fonds y est acheminée en appui au soumoud, mot d’ordre adopté par les Palestiniens qui désigne le fait de « tenir bon » face à l’entreprise israélienne de colonisation des terres et d’expropriation de ses habitants.

À la fin des années 1970, l’agence USAID lance à son tour un programme dédié à l’amélioration du bien-être et de la qualité de vie dans les territoires occupés. Il s’agit cette fois de briser l’influence de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et d’encourager une opinion publique plus favorable à l’accord pour une autonomie palestinienne restreinte, signé à Camp David entre Israël et l’Égypte. L’arrière-plan politique de cette aide est alors dénoncé par la société palestinienne2. L’évolution du contexte géopolitique mondial au cours des années 1980 et la perte de ses principaux soutiens politiques et financiers arabes conduisent cependant l’OLP à infléchir ses positions vers l’acceptation d’une autonomie politique transitoire dans les frontières de 1967, la reconnaissance de l’État d’Israël et le renoncement à la lutte armée.

LES INCONSÉQUENCES DU SOUTIEN DE L’EUROPE

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Source  : Orient xxi