Film "Beautiful Résistance, Peindre c’est résister suivi d’un débat et d’un buffet

dimanche 17 septembre 2023

Une quarantaine de personnes sont venues assister à cette soirée et partager le (délicieux) buffet.

JPEG - 108 ko Un visage encore doux d’enfant à l’approche de ses 40 ans, le visage cerclé par des lunettes, on donnerait, comme on dit, le bon dieu sans confession à Mohammad Sabaaneh, l’un des rares caricaturistes de presse palestinien. Selon son décompte, ils seraient trois en Cisjordanie et trois à Gaza même si, évidemment, on en compte plus en Jordanie et en Europe. Mohammad serait-il tombé dans la potion magique de la caricature étant petit ? Certainement, puisque, au Koweït, où il est né, sa mère déjà lui montrait les dessins de Naji Al Ali et son personnage, Handala, un gamin le dos toujours tourné, les mains croisées dans le dos, comme un élève dissipé qu’on met au coin.

Nous le connaissons bien à Marseille, car il a participé au Festival du dessin de presse et de la caricature de L’Estaque, et nous apprécions la qualité de ses dessins et son humour terrible. Le débat a été passionnant, merci à nos amies du Polygone éétolé pour l’accueil de cet évènement.

Le lien de la soirée était le film :
Beautiful résistance : peindre, c’est résister »

C’était la toute première projection de ce film réalisé par des membres de l’association « Albertville Jourdain Vallée Solidarité »

« Jordan Valley Solidarity » est une campagne populaire réunissant des Palestiniens de toute la Vallée du Jourdain et des sympathisants internationaux. Notre but est de protéger l’existence des Palestiniens et l’environnement exceptionnel de la Vallée du Jourdain en développant un réseau de solidarité internationale et en soutenant les communautés sur place. »

Ce documentaire montre le travail artistique de plusieurs peintres, dessinateurs, caricaturistes, sculpteurs palestiniens. Chacun prend la parole en exprimant comment l’art est leur forme de résistance à l’occupation et à l’apartheid, une façon de continuer à se sentir libre. Un des peintres commente l’œuvre qu’il a peint sur le mur représentant la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, abattue en mai 2022 par les forces israéliennes aux abords de Jénine. Il ne s’agit nullement, dit-il, de rendre beau ce mur qui est une horreur et pourrit la vie des Palestiniens mais c’est une forme d’expression de sa liberté. Un autre refuse ce support d’expression, car il ne veut pas s’acclimater à la présence de ce mur, qui a vocation à disparaître, faisant disparaître, de facto, les œuvres des artistes.

La plupart de ces artistes sont reconnus dans le monde entier malgré les difficultés qu’ils rencontrent à sortir de Palestine, à exposer. L’un des artistes interviewés de ce film est Mohammad Sabaaneh, illustrateur et caricaturiste. Il collabore depuis 2002 avec de nombreux médias arabes et enseigne son art à l’université Arabe Américaine, dans le gouvernorat de Jénine, en Cisjordanie. Il s’est vu décerner de nombreux prix graphiques au niveau international et régional. Des expositions consacrées à son travail ont été organisées en Angleterre, en Espagne et aux États-Unis, en plus des expositions collectives auxquelles il a participé en Norvège, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suisse, au Qatar ou encore en Syrie.

JPEG - 90.4 ko Le débat avec Mohammad Sabaaneh, Patricia et Gérard, réalisateurs du documentaire et Simona, éditrice.

et un texte de notre ami Mohammad Sabaaneh,

Un oiseau se pose à la fenêtre d’une cellule et propose au détenu le pacte suivant : « Toi, tu fournis les crayons et moi, je fournis les histoires. »

Chaque jour, armé de son crayon et de feuilles dérobées à l’enquêteur, le prisonnier dessine ces histoires : celle de ce jeune couple qui n’arrive pas à franchir les checkpoints pour rejoindre à temps la maternité de Jérusalem ; celle d’un père et d’une fille séparés par la prison et qui se connaissent uniquement en photo ; celle d’une mère qui attend son fils sorti le matin pour aller à l’école et qui n’est jamais revenu…

Au fil des pages, les récits rapportés par l’oiseau illustrent combien la prison est plus vaste qu’un simple bâtiment, combien elle va au-delà d’une cellule, s’étendant aux villes et villages.

Mais c’est aussi la résistance des Palestiniens, leur espérance et leur refus de partir que l’auteur retrace avec force et poésie dans ces planches réalisées en linogravure à la suite de son expérience carcérale.


Le 13 septembre à 19H au Polygone Etoilé diffusion du film "Beautiful Résistance, Peindre c’est résister" suivi d’un débat et d’un buffet

PNG - 213.6 ko