Francesca Albanese, experte de l’ONU : « L’apartheid est sous vos yeux partout où vous allez »

vendredi 17 février 2023

Francesca Albanese évoque les récentes attaques dont elle a fait l’objet, définit l’occupation israélienne comme un colonialisme de peuplement et utilise le droit international pour la démanteler.

JPEG - 87.3 ko Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale de l’ONU sur les territoires palestiniens occupés. (Donnée par courtoisie pour +972)

Peu de temps avant d’accepter d’assumer le rôle de rapporteur spécial des Nations unies sur les territoires palestiniens, Francesca Albanese a reçu un conseil d’un ami israélien : allez en Israël-Palestine maintenant, car bientôt vous ne serez plus autorisée à y entrer. Albanese, qui connaissait bien le pays après avoir vécu à Jérusalem et travaillé pendant trois ans pour l’organisation d’aide aux réfugiés palestiniens UNRWA, a suivi son conseil et s’y est rendue. C’était en effet son dernier voyage, du moins pour l’instant ; depuis sa nomination en avril 2022, Israël lui interdit l’entrée.

Dans une interview réalisée depuis son lieu de résidence en Tunisie, où elle séjourne avec sa famille pour son travail, Mme Albanese, juriste italienne, raconte que, bien qu’elle aurait pu venir en Israël avec son passeport italien, on lui a dit en Israël qu’elle devait demander un visa spécial. Parmi les pays prétendument démocratiques, dit-elle, Israël est le seul à empêcher l’entrée d’un des 55 rapporteurs de l’ONU répartis dans le monde. Même l’Afghanistan, sous le régime des talibans, a autorisé les rapporteurs à entrer sur son territoire.

Israël s’est opposé à l’avance à la nomination d’Albanese, notamment parce qu’elle a « fait l’éloge des organisations qui ont accusé Israël d’être un « État d’apartheid ». » Le fait qu’elle ait travaillé à l’UNRWA, et qu’elle ait coécrit l’un des livres les plus complets sur les droits des réfugiés palestiniens en vertu du droit international, n’a pas aidé non plus. Son premier rapport onusien, publié en septembre 2022, a rapidement été suivi d’accusations d’antisémitisme.

La « preuve » en est un post qu’elle a écrit pendant la guerre d’Israël contre Gaza en 2014, bien avant qu’elle ne soit nommée à ce poste, disant que les États-Unis sont « subjugués par le lobby juif. » Albanese a publiquement pris ses distances avec ces commentaires, déclarant que « Certains des mots que j’ai utilisés, pendant l’offensive d’Israël sur la bande de Gaza en 2014, étaient illicites, analytiquement inexacts et involontairement offensants. » Albanese elle-même rejette toute allégation d’antisémitisme.

Le rapport d’Albanese soutient que l’occupation israélienne viole l’un des principes fondamentaux des Nations unies et de la communauté internationale : le droit à l’autodétermination. Bien qu’elle écrive qu’Israël maintient un régime d’apartheid dans les territoires occupés, elle estime que l’efficacité de l’utilisation du cadre de l’apartheid contre Israël est en fait limitée ; plutôt, écrit-elle, le régime présente des caractéristiques plus claires de colonialisme de peuplement. Et parce que l’idée même des Nations Unies est fondée sur la libération des peuples sur la base du droit à l’autodétermination, le moyen le plus direct de mettre fin à l’occupation est d’insister sur ce droit exact.

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