Guerre à Gaza : tous les signes présagent une défaite stratégique d’Israël

samedi 23 mars 2024

Tel Aviv se heurte à une myriade d’obstacles, de la désaffection de l’opinion publique occidentale à la frilosité de ses principaux soutiens

Le petit garçon s’est exprimé avec l’aplomb d’un adulte.

Faisal al-Khaldi raconte le moment où les soldats israéliens ont fait irruption dans la maison de sa famille, dans le quartier de Cheikh Radwan, à Gaza, alors qu’il s’apprêtait à aller à l’école.

« Ma mère était enceinte », a-t-il déclaré à un journaliste d’Alaraby TV qui l’interviewait. « Alors que nous allions à l’école, ils [les soldats israéliens] ont fait irruption dans le salon et ont tiré dans le ventre de ma mère. Elle était enceinte de sept mois  ».

« Où était ton père ? »

« Il dormait », a répondu le garçon.

« Et puis il s’est réveillé ? »

« Il a été tué avec ma mère la même semaine. »

«  Le même jour ? »

« Oui.  »

« Devant toi ? Tu en as été témoin ? »

« Oui, devant moi. »

«  Qu’as-tu vu ? Que s’est-il passé ?"

«  Ils les ont emmenés dans le couloir et les ont abattus devant moi. Quand nous sommes allés dans le couloir, ils les ont amenés et les ont abattus devant nous.  »

Le monde regarde

Peut-être que ces soldats suivaient les instructions du rabbin Eliyahu Mali, directeur d’une école juive à Jaffa : « Le principe de base que nous appliquons est que lorsque nous vivons la "guerre sainte de la mitzva [prescription dans la Torah]", en l’occurrence à Gaza, selon la voix du juge, vous ne laisserez pas vivre toutes les âmes. La signification est très claire. Si vous ne les tuez pas en premier, ils vous tueront.

« Les terroristes d’aujourd’hui et les enfants du passé, qui sont restés en vie. En réalité, ce sont les femmes qui créent ces terroristes. Cela signifie que la définition "toute âme ne vivra pas" est très claire dans les Écritures. C’est soit vous, soit eux. » La Torah est donc claire sur la nécessité de tuer les femmes et les enfants.

Mais qu’en est-il des hommes âgés ? Un membre de l’auditoire a demandé au rabbin. « Il n’y a pas de personnes innocentes. Il en va de même pour la personne âgée capable de porter une arme », a-t-il répondu. « La Torah est également très claire à ce sujet. À Gaza, selon toutes les estimations des forces de sécurité, 95 à 98 % des habitants veulent nous détruire. C’est la majorité. Il en est de même [pour les enfants]. Si vous épargnez un enfant, n’essayez pas de déjouer la Torah. »

C’est peut-être la raison pour laquelle d’autres soldats ont récemment félicité leur camarade d’avoir tué un homme âgé, non armé, souffrant de troubles de l’audition et de l’élocution, alors qu’il avait les mains en l’air dans sa chambre à coucher.

« Nous avons ouvert la porte. Il a paniqué. Il est venu dans ma direction et a fait comme ça [en agitant les mains]. Je l’ai tué de quatre balles  », a raconté le soldat.

« Il était seul ? », a demandé un camarade dans une séquence vidéo postée sur X https://twitter.com/muhammadshehad2...

Pour compléter votre lecture : https://www.middleeasteye.net/fr/op...

Source  : MIDDLE EAST EYE
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David Hearst est rédacteur en chef de Middle East Eye. Il a été éditorialiste en chef de la rubrique Étranger du journal The Guardian. Au cours de ses 29 ans de carrière, il a couvert l’attentat à la bombe de Brighton, la grève des mineurs, la réaction loyaliste à la suite de l’accord anglo-irlandais en Irlande du Nord, les premiers conflits survenus lors de l’éclatement de l’ex-Yougoslavie en Slovénie et en Croatie, la fin de l’Union soviétique, la Tchétchénie et les guerres qui ont émaillé son actualité. Il a suivi le déclin moral et physique de Boris Eltsine et les conditions qui ont permis l’ascension de Poutine. Après l’Irlande, il a été nommé correspondant européen pour la rubrique Europe de The Guardian, avant de rejoindre le bureau de Moscou en 1992 et d’en prendre la direction en 1994. Il a quitté la Russie en 1997 pour rejoindre le bureau Étranger, avant de devenir rédacteur en chef de la rubrique Europe puis rédacteur en chef adjoint de la rubrique Étranger. Avant de rejoindre The Guardian, il était correspondant pour l’éducation au sein du journal The Scotsman.