Reportage photo : les Samaritains, une micro-communauté à l’épreuve de l’histoire et du conflit israélo-palestinien

mardi 18 juillet 2023

un reportage de notre amie Ines Gil sur le site "les clés du Moyen Orient"
Ines Gil est Journaliste freelance basée à Beyrouth, Liban.
Elle a auparavant travaillé comme Journaliste pendant deux ans en Israël et dans les territoires palestiniens.
Diplômée d’un Master 2 Journalisme et enjeux internationaux, à Sciences Po Aix et à l’EJCAM, elle a effectué 6 mois de stage à LCI.
Auparavant, elle a travaillé en Irak comme Journaliste et a réalisé un Master en Relations Internationales à l’Université Saint-Joseph (Beyrouth, Liban).
Elle a également réalisé un stage auprès d’Amnesty International, à Tel Aviv, durant 6 mois et a été Déléguée adjointe Moyen-Orient et Afrique du Nord à l’Institut Open Diplomacy de 2015 à 2016.

les Samaritains, une micro-communauté à l’épreuve de l’histoire et du conflit israélo-palestinien
Les monothéistes connaissent l’existence des Samaritains par la Bible, grâce à la fameuse parabole du “Bon Samaritain”. Mais ce que beaucoup ignorent, c’est que ce peuple existe encore. Au nombre approximatif de 800, il est réparti entre la ville de Holon en Israël, et les hauteurs de la ville palestinienne de Naplouse, en Cisjordanie, défiant le temps et le conflit.

Des Israélites non-juifs
Dans le “Musée Samaritain” de Naplouse, Abdallah Cohen accueille les visiteurs. En ouvrant la porte de l’établissement, ce fils d’un grand prêtre samaritain, lance, le sourire aux lèvres : « Nous venons de finir Yom Kippour, je n’ai pas bu ou mangé de la journée, vous êtes chanceux car j’ai un peu de temps avant les festivités ».

JPEG - 96.7 ko Version samaritaine de la soucca juive (cabane construite chaque année durant les fêtes de Souccot pour commémorer la protection accordée par Dieu aux juifs à la sortie de l’Egypte), (Naplouse, Territoires palestiniens). Crédit photo : Ines Gil

Cet établissement est situé sur le Mont Garizim, au coeur de la communauté de Samaritains, dans les faubourgs de la ville palestinienne de Naplouse. C’est sur ce Mont, lieu le plus sacré dans la tradition samaritaine, que vit une partie de la communauté. Les Samaritains se considèrent comme Israélites et leur pratique religieuse rencontre de fortes similitudes avec le judaïsme.

JPEG - 52.5 ko Représentation de l’exil des Israélites de l’Egypte à la Terre Sainte, Musée Samaritain (Naplouse, Territoires palestiniens. Crédit photo : Ines Gil

Présents dans la Bible, les Samaritains seraient à l’origine, tout comme les Juifs, des Israélites ayant fui l’Egypte pour la Terre Sainte. Selon la tradition, ils descendraient des tribus israélites d’Ephraïm et de Manassé. Il se seraient séparés du peuple juif il y a 2 600 ans, après la mort du Roi Salomon, par la division de la Terre Sainte en deux royaumes : Israël au nord, et Juda au sud. Les Samaritains se considèrent comme les descendants du royaume du Nord, qui avait pour capitale Samarie. Alors que les Juifs quittent la Terre Sainte lors des grands exils babyloniens et assyriens au VIe siècle avant J-C, les Samaritains, eux, sont restés.

Mais l’objet de leur scission fait débat. Selon certains historiens, le schisme entre Juifs et Samaritains remonterait aux alentours du 4ème siècle avant Jésus-Christ, lors de la construction d’un temple sur le Mont Garizim, un rival “inacceptable” du temple de Jérusalem, aux yeux des Juifs.

Contrairement aux Juifs, les Samaritains n’accordent pas d’importance à la ville de Jérusalem. Le lieu sacré de la communauté est le Mont Garizim, désigné par Dieu pour être le centre du culte dans leur tradition. Selon eux, c’est là qu’Abraham se serait rendu pour sacrifier son fils, Isaac.
Pour certains membres de la communauté, les Samaritains sont d’ailleurs les seuls “vrais” Israélites, car contrairement aux Juifs, ils sont toujours restés en Terre sainte.

Pour la pratique religieuse, le samaritanisme se base uniquement sur les cinq livres qui composent la Torah. Ils prient d’ailleurs en hébreu ancien, une langue enseignée aux enfants de la communauté. Un des moments phares de leur calendrier religieux est le sacrifice pascal de l’agneau, durant la fête de Pessah, un acte qu’ils réalisent dans un abattoir installé au milieu de leur quartier.

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