Soutenir la Palestine n’est pas un crime !

jeudi 21 mars 2024

Contre la censure, pour la liberté de réunion et d’organisation sur nos facs !

COMMUNIQUÉ - 19/03/2024

Depuis plusieurs mois, les organisations étudiantes et des personnels d’Aix-Marseille Université constatent une censure active de l’administration à l’encontre de toute parole sur la situation en Palestine, alors que le gouvernement israélien poursuit son offensive génocidaire. Une régression des droits démocratiques élémentaires qui s’ajoute à un contexte étouffant pour les étudiant·es et travailleur·ses sur différents sites, alors que l’administration exige déjà de soumettre les activités syndicales et politiques (tractage, tenue de tables, utilisation des salles…) à des conditions ou des autorisations souvent arbitraires et opaques.

Alors que le conseil d’UFR ALLSH vient de voter une motion pour la liberté d’expression sur le campus, suite à la mobilisation des enseignants en grève contre la suppression d’heures de formation, le président de l’université d’Aix-Marseille, Eric Berton, tente d’étouffer toute contestation dans l’établissement dans un mail appelant à « l’unité » et au respect du « principe de la neutralité ». Supposément, ce dernier « garantit que chacun puisse étudier, travailler, et s’exprimer librement, sans craindre d’être jugé ou discriminé en raison de ses opinions ou de son appartenance. ». Une déclaration d’une hypocrisie sans nom de la part d’une administration qui, depuis octobre, interdit systématiquement le tractage et les réunions liées à la Palestine.

Face à la répression de l’administration, nous revendiquons aujourd’hui notre plein droit de nous organiser et de nous exprimer sur la Palestine.
Aujourd’hui, cette répression vise tout particulièrement le soutien, même minime, à la Palestine, dans un contexte de criminalisation nationale. Le 12 mars, journée de
mobilisation universitaire appelée par la Coordination Académique contre la colonisation en Palestine, des étudiants à Sciences Po se sont vu menacés de sanctions disciplinaires jusqu’au plus haut sommet de l’État. Emmanuel Macron s’est lui-même exprimé sur le sujet, parlant de « début de séparatisme », et Gabriel Attal a annoncé saisir le procureur de la République et la nomination d’un administrateur provisoire de Science Po dont les principales missions seront de « faire respecter les principes républicains ».

Depuis le début de la mobilisation, à l’Université d’Aix-Marseille, la présidence n’hésite pas à reprendre ces arguments à son compte pour étouffer toute solidarité avec les victimes du génocide. Ainsi, depuis octobre, l’administration d’AMU a agité à plusieurs reprises le motif de la « sécurité » et du « contexte vigipirate actuel » pour justifier cette censure systématique. Récemment, ces mêmes arguments ont été mobilisés pour refuser d’accorder une salle sur le site St-Charles pour la tenue d’une conférence publique, organisée par plusieurs collectifs, syndicats, et organisations dans le cadre d’un mois de solidarité avec la Palestine.

L’administration a également tenté d’empêcher une conférence de Pierre Stambul, militant de l’Union Juive pour la Paix, à ALLSH à Aix-en-Provence la même semaine. Sur le même campus, alors que les étudiants mobilisés se voient menacés ou traités d’antisémitisme pour leur simple dénonciation du génocide, la présidence préfère
les ériger en menace à la dite « neutralité » de l’établissement plutôt que d’adresser ces tentatives d’intimidation, notamment de la part de l’UNI, syndicat d’extrême droite.

Cette censure ne se limite pas aux échéances explicitement politiques : depuis le 7 octobre, de nombreu·ses chercheur·ses et universitaires spécialistes de la Palestine et du monde arabe dénoncent un véritable climat de chasse aux sorcières partout en France. Dans nos échanges avec les étudiant·es, nous avons également pu constater que nombre d’entre elleux craignent d’être dans le viseur de l’administration ou de leurs professeurs s’ils expriment un soutien à la cause palestinienne.

La mobilisation des enseignants et des étudiants a permis une première victoire. A l’heure où Macron souhaite démanteler l’université publique et mettre au pas tous les secteurs qui se battent contre son agenda austéritaire et guerrier, nous affirmons notre plein soutien à ceux qui luttent pour leurs conditions de travail, pour une université ouverte et démocratique !

Nous dénonçons l’acharnement qui vise particulièrement toute parole et activité politique liée à la Palestine, à l’heure où les bombardements, la torture, la famine, et les incursions de l’armée israélienne ont fait plus de 30 000 victimes. Aussi, au-delà des différences d’opinion qui peuvent exister sur la Palestine, nous alertons sur une régression importante des libertés fondamentales démocratiques sur nos lieux d’études et de travail. La liberté d’expression et l’activité politique n’ont pas à être soumises à des conditions ou des autorisations. Soutenir la Palestine n’est pas un crime. Nous revendiquons pleinement le droit de réunion, ainsi que la liberté d’activité et d’expression des étudiant·es, enseignant·es, organisations politiques et syndicales d’AMU.

Le Poing Levé ; Comité Étudiant Palestine Marseille ; Sud Education 13 ; Comité Étudiant Palestine Aix ; Solidaires Étudiants Aix-Marseille ; FSE ; NPA Jeunes ;
La Ligue des juristes pour la paix