« Une désobéissance civile face au gouvernement fasciste, sans Palestiniens ? »

jeudi 2 février 2023

Le chaos déclenché par le gouvernement d’extrême droite israélien [voir l’article publié sur ce site le 30 décembre 2022] a remis à l’ordre du jour un concept oublié dans le lexique public : la désobéissance civile. Ces dernières semaines, avant même l’investiture du nouveau gouvernement, des militant·e·s et des leaders de l’opposition ont appelé à des manifestations de masse, des grèves et d’autres formes d’agitation.

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Par Orly Noy

Le chaos déclenché par le gouvernement d’extrême droite israélien [voir l’article publié sur ce site le 30 décembre 2022] a remis à l’ordre du jour un concept oublié dans le lexique public : la désobéissance civile. Ces dernières semaines, avant même l’investiture du nouveau gouvernement, des militant·e·s et des leaders de l’opposition ont appelé à des manifestations de masse, des grèves et d’autres formes d’agitation.

Deux de ces leaders sont Ehud Barak [ministre israélien de la Défense de juin 2007 à mars 2013] et Yair Golan [ministre de l’Economie 2021-2022] – tous deux généraux de l’armée à la retraite, des personnes qui ont passé une grande partie de leur vie sous l’uniforme militaire – nous encouragent maintenant à descendre dans la rue et à désobéir au régime. Alors que pour Ehud Barak, la menace de désobéissance civile reste vague et dépourvue de plan d’action, Yair Golan en avance un déjà plus clair : fermeture des commerces et des services, blocage des routes, etc.

Bien sûr, on peut se demander où un homme [de 2020 à 2022, Golan était membre du Meretz] dont le parti a été rayé de la carte politique lors des dernières élections va trouver les troupes pour cette désobéissance civile, et s’il peut saisir non seulement le concept de « civil », mais aussi celui de « désobéissance ».

Ce qu’Israël a vu de plus proche de la désobéissance civile – que ce soit en termes d’ampleur, d’organisation ou de détermination – a été le soulèvement des citoyens palestiniens en octobre 2000. Mais ces événements ont transcendé la désobéissance civile, pour deux raisons : premièrement, en raison de la citoyenneté de seconde classe des Palestiniens vivant sous un régime d’apartheid et de suprématie juive ; et deuxièmement, en raison de la définition acceptée du terme, selon laquelle ceux qui s’engagent dans des actes de désobéissance civile peuvent rejeter les actions du gouvernement, tout en acceptant sa légitimité. En général, les citoyens arabes n’acceptent pas, à juste titre, la légitimité d’un gouvernement qui est intrinsèquement discriminatoire et oppressif à leur égard.

Et pourtant, ces manifestations massives ont été les plus significatives que nous ayons vues contre le gouvernement. Oui, il y a eu des manifestations plus importantes en termes de nombre, comme les 400 000 personnes qui ont protesté à Tel-Aviv contre le massacre de Sabra et Chatila en 1982 [camps de réfugié·e·s palestiniens situés au Beyrouth-Ouest]. Toutefois, cette manifestation était axée sur une demande très spécifique et ne s’approchait pas du défi lancé au régime par les citoyens palestiniens en octobre 2000.

Où étaient les deux héros actuels de la désobéissance civile,...

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