Israël : pourquoi un État suprémaciste juif ne pourra jamais triompher

vendredi 26 mai 2023

Un Israël suprémaciste avec des gens comme Ben-Gvir aux commandes peut s’efforcer d’imposer une souveraineté totale, mais ne parviendra jamais à un contrôle total

Voit l’image ICIDes vétérans de l’armée israélienne brandissent des drapeaux israéliens lors d’un rassemblement contre le projet de réforme judiciaire du gouvernement, le 28 mars 2023 (AFP)

Il y a une scène clé dans The Holy Land and Us, le documentaire en deux parties de la BBC raconté en parallèle par un juif britannique et un Palestino-Britannique, chacun ayant ses propres liens avec les événements de 1948.

Cette scène ne contribue en rien à l’objectif du documentaire de placer les deux récits côte à côte, sur un pied d’égalité. Au contraire, elle illustre de manière frappante l’asymétrie du conflit israélo-palestinien.

Il s’agit du passage où Daniel, l’un des intervenants invités à témoigner dans le cadre de ce projet, se trouve sur le site d’une bataille qui s’est déroulée en 1948 et à laquelle son père a participé. Les troupes juives avaient alors repoussé les forces jordaniennes pour prendre le contrôle de villes proches de Tel Aviv.

Ému aux larmes, il comprend que son père, qui ne s’est jamais exprimé sur ces événements, a risqué sa vie pour contribuer à la création d’Israël.

Daniel ne pose pas de questions sur les 50 000 Palestiniens qui ont perdu leur foyer lorsque les forces juives ont pris Lod et Ramla, ni sur l’endroit où il se trouve. C’est là que se trouvait Jimzu, un village palestinien dont il n’existe plus aucune trace aujourd’hui. L’élément de l’histoire de Daniel lié à la Nakba n’est reconnu que par la voix off.

Cette scène est très révélatrice.

L’asymétrie de l’idée selon laquelle deux récits moraux s’affrontent dans ce conflit se retrouve à tous les niveaux.

Le déni [israélien de la Nakba] existe pour des raisons pratiques. En effet, reconnaître ne serait-ce qu’un seul élément de ce qui s’est passé et continue de se passer chaque jour, c’est jeter le doute non seulement sur le passé d’Israël, mais aussi sur son avenir

Alors que les Palestiniens ne comprennent que trop bien la nature de la conquête sioniste de 1948, de 1967 et d’aujourd’hui, le déni lié au projet d’établissement d’un État à majorité juive est profondément ancré dans l’esprit des sionistes, de quelque obédience qu’ils soient.

D’un point de vue pratique, les Palestiniens sous occupation parlent hébreu, car de nombreuses familles sont passées par le système carcéral, vivent à Jérusalem ou sont citoyens israéliens, mais aussi puisque tous passent chaque jour par un poste de contrôle israélien. Ils dévorent l’actualité israélienne et consomment chaque mot prononcé ou pensé par leurs occupants.

En revanche, de moins en moins de juifs israéliens parlent l’arabe parce qu’il n’est plus enseigné dans les écoles. Mais ce n’est rien comparé aux mythes sur lesquels repose le projet de création d’Israël. Ici, l’asymétrie est bien plus vive.

Les mythes fondateurs d’Israël

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