L’armée israélienne et des services de renseignement vont enrôler des lycéens dans un programme de développement d’armement

mardi 15 février 2022

Le programme complet, qui implique apparemment le développement d’un armement à guidage autonome, inclut un engagement de 12 ans et des experts mettent en garde contre l’utilisation d’enfants par l’armée.

JPEG - 72 ko
Les ministères israéliens de la défense et de l’éducation ont lancé un programme, il y a environ deux semaines, pour des étudiants doués, dans lequel sont impliqués le service de renseignement Mossad, le service de sécurité Shin Bet et l’armée israélienne. L’implication de la défense dans le système d’éducation, bien que ce ne soit pas nouveau, a fait hausser quelques sourcils sur ce programme.

Lors d’une session initiale en ligne pour la promotion du programme, un intervenant a été identifié comme étant Erez, le chef d’un département du Mossad. « Israël a besoin de bons combattants et de supériorité technologique. Nous n’avons pas le choix. Nous devons être à la première place. Les deuxième et troisième place sur le podium ne nous suffisent pas » a-t-il dit.

Parlant à partir d’un écran assombri, il a dit que le nouveau programme, appelé Odem, cherche à enrôler des jeunes de 14 et 15 ans dans un programme de long terme qui inclut des études d’ingénierie et du service dans une unité technologique du Mossad, dans le service de sécurité du Shin Bet et dans les forces de défense d’Israël. Les participants au programme auront « une énorme influence » a dit le représentant du Mossad.

Les étudiants qui iront au bout du programme y seront pour 12 ans. Le cursus inclut une scolarité secondaire dans un pensionnat à Katzrin sur les hauteurs du Golan ; un diplôme en ingénierie électrique de l’Institut israélien de technologie, le Technion ; et six ans dans l’armée. La semaine dernière, une première sélection du programme a commencé avec des élèves de neuvième année (la classe de troisième en France). La première classe de 40 étudiants est prévue pour démarrer l’an prochain.

Les intervenants de la session promotionnelle en ligne ont parlé à plusieurs reprises de « leadership technologique », d’un « programme d’élite » et de la « maximisation du potentiel de chacun », avec la promesse que le programme aiderait les élèves à être la meilleure version d’eux-mêmes. Le même langage est employé dans l’information promotionnelle sur Odem, sur les réseaux sociaux.

Lors de la session promotionnelle et sur le site du programme, il n’est pas fait mention du but du projet ni de spécificités concernant les domaines d’étude. Mais ils ont été évoqués lors d’une invitation datant d’il y a deux ans environ, qui était adressée à des candidats potentiels à l’encadrement du programme. Avec Rafael Advance Defense Systems et d’autres entités non précisées, le programme doit se centrer sur le développement de « systèmes autonomes » disait l’invitation.

Une controverse sur l’usage d’armes capables, en temps réel, de sélectionner et d’attaquer des cibles sans intervention humaine, a été laissée de côté, de même que la question de savoir s’il était approprié d’enrôler des adolescents dans cette initiative.

« Des robots de combats peuvent être des objets monstrueux. Un niveau élevé d’interprétation éthique est nécessaire pour les développer » a dit le professeur Yagil Lévy de l’Université Ouverte, qui étudie les aspects sociaux et politiques de l’armée. Isoler des gens dans des pensionnats reculés créera une atmosphère appropriée à l’évitement de questions inutiles ou de confiance dans les systèmes civils ».

Le Dr. Nathalie Davidson de la faculté de droit de l’Université de Tel Aviv a appelé le programme « une utilisation militaire d’enfants plus sophistiquée et subtile ».

Le ministère de la défense a rejeté ces affirmations. « Il y a une place importante pour traiter de l’éthique des systèmes autonomes » a-t-il dit, citant le système d’interception de missiles Iron Dome d’Israël et le système Trophy utilisé pour protéger des tanks. De notre point de vue, ils sauvent déjà des vies aujourd’hui et en sauveront de nombreuses parmi nos soldats, en vainquant l’ennemi avec un minimum de blessures et un minimum de nuisance aux non combattants ».

Le programme Odem est aussi inclus dans le plan présenté à une réunion du cabinet, il y a plusieurs semaines, pour le développement des hauteurs du Golan. Mais cela fait des années que ce travail est en cours. La division des armes technologiques du ministère de la défense dirige le programme, avec la participation du département des étudiants doués du ministère de l’éducation.

Dans la session promotionnelle en ligne, le directeur du programme Odem, Ronen Keidar, a dit que les deux ministères étaient rejoints dans le programme par l’armée, le Shin Bet et le Mossad, ainsi que par des industries de la défense, des fondations et des entités privées.

Des partenaires exceptionnels pour le milieu scolaire

Lire l’article complet ICI.