La crise qui s’annonce à Gaza pourrait être la pire de toutes

dimanche 10 avril 2022

Par Ramzy Baroud

“L’eau est revenue”, s’exclamait un membre de la famille dans un mélange d’excitation et de panique, souvent très tard dans la nuit. Dès qu’une telle annonce était faite, toute ma famille se mettait à courir dans tous les sens pour remplir tous les réservoirs, récipients ou bouteilles que nous avions. Très souvent, l’eau s’arrêtait de couler au bout de quelques minutes, nous laissant dans un sentiment collectif de défaite et de doute sur la possibilité même de survivre.

JPEG - 50.2 ko A peine 10% des 2 millions d’habitants de Gaza ont accès à l’eau tous les jours - Photo : Abdel Rahim Khatib

Telle était notre vie sous l’occupation militaire israélienne à Gaza. La tactique, consistant à tenir les Palestiniens sous le joug du bon vouloir d’Israël en matière d’eau, était si habituelle pendant la première Intifada (soulèvement) palestinienne, que la coupure de l’approvisionnement en eau des camps de réfugiés, des villages, des villes ou des régions entières était toujours la première mesure qu’ils prenaient pour soumettre la population rebelle.

S’ensuivaient souvent des raids militaires, des arrestations massives et des violences meurtrières, mais l’Occupation commençait presque toujours par priver d’eau les Palestiniens.

La guerre de l’eau menée par Israël contre les Palestiniens a changé depuis, du fait principalement de la crise du changement climatique qui oblige Israël à se préparer à un avenir potentiellement difficile en la matière.

Cette préparation se fait évidemment en grande partie aux dépens des Palestiniens occupés. En Cisjordanie, le gouvernement israélien continue de s’approprier les ressources en eau palestiniennes provenant des principaux aquifères de la région – l’aquifère de montagne et l’aquifère côtier.

Plus scandaleux encore, Mekorot, la principale compagnie des eaux israélienne, vend cette eau palestinienne, qu’elle a volée, aux villes et villages palestiniens, au nord de la Cisjordanie en particulier, à des prix exorbitants.

Outre les profits qu’il tire du vol de l’eau, Israël continue d’utiliser l’eau comme une forme de punition collective en Cisjordanie, tout en refusant très souvent aux Palestiniens, en particulier dans la zone C, le droit de creuser de nouveaux puits pour contourner le monopole israélien de l’eau.

Selon Amnesty International, les Palestiniens de Cisjordanie occupée consomment en moyenne 73 litres d’eau par jour et par personne. Comparez cela à un citoyen israélien, qui consomme environ 240 litres d’eau par jour, et, pire encore, à un colon juif israélien illégal, qui consomme plus de 300 litres par jour.

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