Les Universitaire pour l’Égalité : Protestation contre le refus d’entrer en Israël opposé à des universitaires étrangers

vendredi 31 décembre 2021

À : L’Honorable Ayelet Shaked, ministre de l’Intérieur du
Gouvernement de l’État d’Israël

L’Honorable Yaïr Lapid, ministre des Affaires Étrangères du
Gouvernement de l’État d’Israël

Re : Protestation contre le refus d’entrer opposé à des universitaires étrangers

Chers Honorables Ministres,

En tant que membres des Universitaires pour l’Égalité, une organisation de quelque 700 universitaires israéliens qui défendent l’égalité, les droits humains et la paix, nous avons été horrifiés en apprenant le dernier cas (et non le premier, ce qui est regrettable), concernant des universitaires étrangers venus collaborer avec des collègues d’universités palestiniennes de Cisjordanie, auxquels l’entrée en Israël a été refusée et qui ont été expulsés.

En l’espèce, cela s’est produit le 27 novembre 2021 lorsque deux doctorants de l’université de Siegen en Allemagne (Sarah Rüller et Belén Giménez Ciciolli) sont arrivés pour une visite prévue alliant tourisme et engagement de collaboration avec des collègues de l’université Bir Zeit sur leur recherche (sur les processus de digitalisation dans les zones non urbaines). Les deux étudiants ont fait l’objet d’un traitement abusif pendant des heures de la part des représentants du service de l’immigration de l’aéroport Ben Gourion, avec des menaces hurlées, la subtilisation de leurs téléphones et l’intrusion dans leurs comptes sur les réseaux sociaux et dans leur correspondance personnelle. Tout cela sans aucune explication sur leurs droits et leur situation juridique. Finalement, ils ont reçu un document déclarant que l’entrée en Israël leur était refusée sur la base de « la prévention de l’immigration illégale ». Un argument absurde puisque tous les deux étaient en possession d’un billet de retour en Allemagne pour deux semaines plus tard.

Ce qu’était leur « délit » est parfaitement clair, du point de vue des représentants du service de l’immigration : leur désir de collaborer avec des collègues palestiniens. Les agents ont formulé une « accusation » supplémentaire à leur endroit : à savoir qu’ils avaient l’intention de participer à une manifestation pour les droits humains. Quand, exactement, la participation à des manifestations pour les droits humains est-elle devenue un délit ? Le recours à une telle « accusation » pour fonder un refus d’entrer est digne des régimes les plus obscurantistes.

En l’absence d’aéroport ou de tout contrôle sur les points de passage à leurs frontières, les universités palestiniennes sont entièrement dépendantes d’Israël pour l’approbation de l’arrivée d’étudiants, de chercheurs ou de conférenciers de l’étranger. En abusant de son pouvoir pour empêcher l’accès d’universitaires étrangers, Israël est responsable de nuire gravement à l’enseignement supérieur du peuple palestinien. Au-delà de la cruauté et de l’inhumanité de telles politiques et de leur violation évidente des droits humains, elles nuisent à Israël-même en ternissant la réputation d’Israël parmi les universitaires à l’échelle mondiale. N’oublions pas que l’enseignement supérieur et le développement économique des Palestiniens est dans l’intérêt d’Israël, si jamais nous voulons vivre en paix dans ce pays.

En tant qu’universitaires en général, et universitaires israéliens en particulier, nous vous incitons fermement à agir pour faire cesser la pratique inacceptable consistant à refuser les séjours universitaires dans des universités palestiniennes.

Les Universitaires pour l’Égalité



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