Alors que la trêve vacille, les États arabes présentent leur plan pour Gaza

Alors qu’Israël et les États-Unis s’accordent pour refuser la phase 2 du cessez-le-feu et exigent une prolongation de la première, les États arabes se réunissent mardi pour présenter un front uni et un plan pour Gaza, alternatif à celui de Donald Trump.
Par Gwenaelle Lenoir, 4 mars 2025
Pour lire la suite de l’article : https://www.mediapart.fr/journal/in...
Depuis dimanche 2 mars, deuxième jour de ramadan, les camions ne rentrent plus dans la bande de Gaza. Sous les quelques lampes traditionnelles et guirlandes tendues ici ou là au milieu des ruines, autour des longues tables communes où il est coutume de rompre le jeûne ensemble, les Gazaoui·es s’inquiètent.
À peine le mois sacré commencé, les prix ont explosé, les spéculateurs anticipant la crise. Les armes israéliennes ont recommencé à tonner, un peu partout, du nord au sud de l’enclave, ont rapporté dimanche les correspondants de la chaîne Al Jazeera, sur place. Un drone a tiré sur un groupe de personnes du côté de Beit Hanoun dans le nord de l’enclave, deux frères ont été tués. Dans des raids israéliens séparés, une femme a succombé à Khan Younès et un homme à Rafah, dans le sud. Comme si le cauchemar allait recommencer.
La tension était déjà forte, elle a encore franchi un cran. Cela n’a pas surpris grand monde : tous les signaux indiquaient que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et ses alliés ne voulaient pas aller au-delà de la première phase du cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier, qui a pris fin samedi 1er mars. Celle-ci s’est déroulée cahin-caha, avec de multiples accrocs et heurts, mais, finalement, les modalités ont été respectées : arrêt des hostilités, retrait partiel de l’armée israélienne de la bande de Gaza, retour de la population palestinienne dans le nord, échange d’otages israéliens et de dépouilles de captifs contre des centaines de prisonniers palestiniens.
C’était en fait la plus simple. Comme toujours dans les négociations israélo-palestiniennes, les discussions sur les points les plus délicats avaient été reportées à la fin, au risque, déjà éprouvé, de voir tout l’édifice s’écrouler ou le processus d’enliser.
La deuxième phase du cessez-le-feu entre, si l’on peut dire, dans le dur : elle prévoit les derniers échanges, captifs israéliens, vivants et morts, contre détenus palestiniens, mais surtout le retrait complet de l’armée israélienne de la bande de Gaza et l’arrêt définitif des hostilités, avant la troisième phase qui, elle, devrait être consacrée à la reconstruction.
Depuis plusieurs jours, les autorités politiques israéliennes affirment que les soldats ne se retireront pas du corridor de Philadelphie, cette bande de terre qui marque la frontière entre le territoire palestinien et l’Égypte. Elles veulent, assurent-elles, empêcher le Hamas de se réarmer en faisant de la contrebande avec l’Égypte. Le Caire, évidemment, goûte peu cette nouvelle entorse aux accords qu’il a signés avec l’État hébreu en 2005.
« Les analystes étaient assez sceptiques sur le déroulé des négociations pour la phase 2. Le rapport de force étant en faveur d’Israël, il n’est pas complètement surprenant que les Israéliens veuillent prolonger cette phase 1, constate Sarah Daoud, chercheuse associée au Centre de recherches internationales (Ceri) de Science Po et au Centre d’études et de documentation économiques, juridiques et sociales (Cedej) du Caire. Mais le Hamas a clairement refusé de prolonger la phase 1 et demande que les négociations autour de la phase 2 soient entamées. Car elle prévoit le retrait total des troupes israéliennes de Gaza. Et le Hamas, au moins pour ce mois du ramadan, veut garantir une augmentation de la quantité d’aide humanitaire. »
SOURCE : Médiapart