BASKET ISRAELIEN

Un meeting de soutien organisé pour les « perturbateurs » propalestiniens du match Nanterre-Hapoël Holon
Les deux militants accusés d’avoir perturbé le match Nanterre-Hapöel Holon, le 18 décembre, drapeau palestinien en main, ont bénéficié d’un meeting de soutien, vendredi soir, dans les Hauts-de-Seine. À une semaine de leur procès, prévu le 31 janvier.
Arborant fièrement leur keffieh, les deux jeunes militants étaient au centre de l’attention et d’une longue tablée de soutiens politiques (LFI, le mouvement trotskiste Révolution permanente) et associatifs (Euro Palestine, Urgence Palestine) vendredi soir, à la Maison du Chemin-de-l’Île, à Nanterre (Hauts-de-Seine). Face à eux, dans une ambiance ponctuée par des chants à la gloire de la Palestine et divers discours fustigeant les « sionistes » et le « génocide » imputé à Israël dans la bande de Gaza, où un cessez-le-feu est en vigueur depuis le 19 janvier, plus de 200 personnes étaient réunies pour un meeting de soutien à Hicham (19 ans) et Mayes (21 ans).
Ils ont été interpellés lors du match de Ligue des champions Nanterre-Hapoël Holon, le 18 décembre (87-77), au palais des sports Maurice-Thorez. Les deux étudiants, qui avaient brandi un drapeau palestinien, sont poursuivis pour intrusion « sur une aire de compétition d’une enceinte sportive, troublant le déroulement de la compétition, et pour violence sans incapacité, pour l’un sur un fonctionnaire de police, pour l’autre à raison de la religion ».
Cet incident avait entraîné une brève interruption du match et quelques accrochages dans le public, où étaient également présents des supporters de l’Hapoël Holon, mêlés à des soutiens inconditionnels de l’État hébreu. Les deux jeunes prévenus -qui devaient initialement être jugés en comparution immédiate- passeront finalement à la barre le 31 janvier, au tribunal correctionnel de Nanterre, en ayant eu le temps de préparer leur défense. Leurs avocates, Mes Elsa Marcel et Dominique Cochin, étaient à leurs côtés, vendredi soir, lors de ce meeting, à une semaine du procès. Sans surprise, elles plaideront leur relaxe à l’audience.
Les deux hommes, qui sont sous contrôle judiciaire, ont reçu l’appui de la députée (EELV) de la 4e circonscription des Hauts-de-Seine, Sabrina Sebaihi. L’élue a pris le micro, en fin de réunion, dans la salle municipale, pour dénoncer un « scandale » et « la volonté de criminaliser le soutien à la Palestine, dans un message clairement envoyé aux militants » de la cause. Le duo était également soutenu par le militant égypto-palestinien Ramy Shaath, figure de la révolution de 2011 en Égypte et coordinateur local du mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions), dirigé contre Israël. Shaath (dont l’épouse est française) a passé deux ans et demi en prison, au Caire, entre juillet 2019 et janvier 2022, accusé par les autorités égyptiennes d’avoir voulu fomenter des « troubles contre l’État ». S’exprimant en arabe, avec l’aide d’un traducteur, il a dit vouloir « briser l’isolement que l’État tente d’imposer à Hicham et Mayes ».
Appel au soutien des deux prévenus à leur procès
« Nous sommes traités comme des criminels alors que nous sommes des défenseurs de la paix », a plaidé Hicham, face à l’assistance, en expliquant que « sans Mayes, [il aurait] pété les plombs en garde à vue », qui a duré plus de 36 heures. Son ami a fait part de son « plaisir de voir qu’on est autant soutenu ». « Voir tout ce monde un vendredi soir, à Nanterre, ça prouve qu’on n’a pas fait ça pour rien », a-t-il ajouté. Un autre appel au soutien des jeunes hommes au tribunal, lors de leur procès, vendredi prochain, a été lancé.
Lors des différentes prises de parole dans la salle, un intervenant a également mentionné, faussement surpris, la « mystérieuse odeur de mort, de macchabée » qui a envahi l’Adidas Arena, le 16 janvier, lors du match d’Euroligue Paris Basket Maccabi Tel-Aviv (96-83), qui avait nécessité un dispositif policier hors normes. Du liquide à l’odeur infecte, contenu dans des petites fioles en plastique, avait été répandu au sol, dans les tribunes, durant la rencontre, qui avait été classée à hauts risques par les autorités.
Le stratagème avait échappé aux fouilles et palpations et aucune interpellation n’a eu lieu à l’issue du match, selon nos informations. « Il faut que ça pue pour eux », a ajouté le même intervenant, en référence aux équipes israéliennes engagées dans les compétitions internationales et dont les associations pro palestiniennes demandent l’exclusion. Le Maccabi Tel-Aviv doit revenir en France pour affronter l’Asvel, le 7 mars, à Villeurbanne, lors de la 28e journée de saison régulière d’Euroligue.
EXTRAITS de la revue de presse partielle, ci-jointe :
jamais en France, un match de basket n’a été autant protégé que celui-là.
a mobilisé jusqu’à un millier de policiers solidement armés et déployés jusqu’aux bouches de métro les plus proches.
les déplacements dans la salle sont limités. Les fouilles à l’entrée sont aussi plus minutieuses qu’à l’ordinaire pour éviter notamment la présence de drapeaux palestiniens.
600 membres des forces de l’ordre, un barriérage et une rangée de cars de police, à l’extérieur de l’Adidas Arena, mais aussi - c’est rarissime - des effectifs placés à l’intérieur de la salle. À l’image de ce qui avait été prévu pour France-Israël, en Ligue des nations de foot, le 14 novembre (0-0), au Stade de France, plusieurs dizaines de policiers avaient été positionnés aux quatre points cardinaux de l’enceinte, à l’entrée des tunnels d’accès, près du parquet. Le banc du Maccabi était également protégé par des agents placés dos aux joueurs et au staff, mais face au public.
Si plusieurs spectateurs se sont plaints d’odeurs nauséabondes possiblement causées par des boules puantes, aucun drapeau palestinien ou message politique n’a été déployé, ce qui représentait le plus gros risque d’envenimement.
Finalement, l’événement le plus troublant de la soirée entre Paris et Maccabi Tel Aviv (96-83) fut cette odeur immonde qui a envahi l’Adidas Arena, une très grande partie de la rencontre, en n’épargnant personne : joueurs, public et forces de police, dont plusieurs représentants - notamment le préfet de police de Paris, Laurent Nunez - avaient pris place dans le PC sécurité de la salle, situé au-dessus de la petite tribune de presse.
Dans le « parcage » du millier de supporters du Maccabi Tel-Aviv et de soutiens d’Israël, derrière un panneau, l’un d’entre eux finira même par craquer, pendant le troisième quart-temps, en hurlant son exaspération face à cette menace fantôme. Qui a pris la forme d’un liquide nauséabond déversé au sol, contenu dans des petites fioles en plastique, qui ont donc échappé aux palpations. Acte malveillant invisible de sympathisants propalestiniens présents dans la salle ? La question flottait évidemment dans les têtes...
Adidas Arena remplie de 4 750 personnes (la plus petite affluence de sa saison européenne), dont environ 1 500 supporters du Maccabi parqués derrière un panier alors que le kop parisien était bien absent, comme annoncé, (L’Equipe)
NDLR, la jauge de la salle Adidas Arena est de 8000 places assises. Avec 4750 personnes ont est à 40 % vide. Et seulement 3250 spectateurs locaux.
les deux cars des supporteurs du club israélien identifiés avec leur maillot jaune sont escortés jusque dans le parking sous la salle pour éviter tout contact avec le monde extérieur.
Quatre cents supporters israéliens, vêtus de tee-shirts aux couleurs du Maccabi Tel-Aviv, ont occupé la tribune réservée aux visiteurs. Leur venue a été orchestrée par les Diaspora Defense Forces (DDF), une milice sioniste (Nouvelle Aube).
Le millier de fans de Tel-Aviv dont 400 ont fait le déplacement aux côtés de l’association Diaspora Défense Forces ont été escortés jusqu’à leur siège en évitant tout contact avec le reste du public, clairsemé (4751 spectateurs) pour l’occasion (Le Parisien).
Du côté des supporters parisiens, le collectif "Parisii" avait suspendu ses animations habituelles pour cette rencontre.
à quelques centaines de mètres de là, place Stalingrad, un rassemblement propalestinien pour se féliciter de l’accord de cessez-le-feu se déroule au même moment. Mais il n’a pas défilé jusqu’aux abords de l’Adidas Arena (Le Parisien).
En parallèle, plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés place Stalingrad, à quelques kilomètres de la salle, pour protester contre la tenue de ce match, à l’appel du Collectif Urgence Palestine 18e. Une banderole proclamant "Boycott Israël, pas de match contre le Maccabi Tel-Aviv" était visible près du rassemblement. (Nouvelle Aube)