Derrière la guerre à Gaza : gaz, pétrole et pipelines

lundi 27 novembre 2023

L’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre a pour conséquence le gel de la normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, seule à même de permettre la mise en place d’un corridor économique reliant la région à l’Europe via les ports israéliens d’Ashkelon et Haïfa. Une voie nécessaire pour ne plus dépendre des combustibles fossiles russes. Pour cela, l’enclave palestinienne doit être sous contrôle.
Pierre Barbancey - Hassan Faraj
Mise à jour le 21.11.23 à 20:33

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Le terminal pétrolier de l’Eilat-Ashkelon Pipeline Company (EAPC) près de la ville portuaire israélienne d’Eilat, au sud de la mer Rouge, doit devenir la tête de pont de l’acheminement de gaz et de pétrole du Golfe vers l’Europe.

La scène se passe lors du sommet du G20 qui se tenait à New Delhi, en Inde, les 9 et 10 septembre derniers. Sourire aux lèvres, le premier ministre indien, Narendra Modi, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annoncent le lancement d’un nouveau projet que le président des États-Unis, Joe Biden, salue comme « a really big deal  » (une très grosse affaire).

Ce projet, appelé « Partenariat pour l’investissement mondial dans les infrastructures », pourrait, selon ses concepteurs, accélérer de 40 % les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Europe et contribuer à normaliser les relations entre Israël et les États du Golfe, ce qui est une des conditions essentielles à sa réalisation. C’est aussi un projet concurrent de celui des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative) que veut établir la Chine. Pékin tente de relier l’Asie de l’Est et le Moyen Orient à la mer Méditerranée à travers les terres iraniennes, irakiennes et jusqu’aux ports syriens. « Un investissement qui change la donne  »

L’attaque meurtrière du Hamas, le 7 octobre, quels qu’en soient la finalité et les motifs, a donné un coup d’arrêt à ce partenariat envisagé. La normalisation en cours entre Israël et l’Arabie saoudite, de loin la plus importante, est au point mort et la question de la Palestine, reléguée ces dernières années dans les coulisses de l’histoire, se retrouve sur le devant de la scène, au grand dam de Benyamin Netanyahou, totalement investi dans le projet. Dès lors, l’initiative publiquement annoncée lors du sommet du G20 éclaire d’un nouveau jour la séquence actuelle, le déchaînement israélien contre la bande de Gaza et l’étonnant soutien des pays européens à cet acharnement, le silence ou l’action timide des pays arabes.

Le plan, aux retombées géopolitiques et géo-économiques sans précédent, soutenu par les États-Unis et l’Union européenne (UE), vise à construire un corridor économique reliant l’Inde, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis (EAU), la Jordanie, Israël et l’UE par le biais de ports maritimes et de voies ferroviaires, dans le but de rendre le commerce plus rapide et moins cher et, comme il est officiellement énoncé, de stimuler la coopération économique et la connectivité numérique dans la région.

Pour Modi, ce corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe promet d’être « un phare de coopération, d’innovation et de progrès communs », Biden le considère comme « un investissement qui change la donne » et von der Leyen le décrit comme « bien plus qu’un simple chemin de fer ou un câble, c’est un pont vert et numérique entre les continents et les civilisations ».

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Source  : L’HUMANITE