Entre Donald Trump et Benyamin Netanyahou, la sainte alliance du pire

En choisissant de recevoir en grande pompe le premier ministre israélien, objet d’un mandat d’arrêt de la CPI, le président nationaliste flatte sa base évangélique et veut préparer le remodelage du Moyen-Orient.
Publié le 3 février 2025
Pour arriver sans encombre à Washington, l’avion de Benyamin Netanyahou a dû faire des zig-zag dans le ciel. Aucune fantaisie du pilote, juste un impératif juridique : éviter les espaces aériens de pays qui auraient pu mettre à exécution le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI). Sauf celui de la France, que l’avion a survolé, selon une information relayée par le compte X de Citizen Media, sans que les autorités interviennent.
(...) Mike Huckabee s’est vu confier le poste d’ambassadeur à Jérusalem. Ce pasteur baptiste du Sud s’était distingué en 2017 par ce propos : « La Cisjordanie n’existe pas. Une colonie, ça n’existe pas – ce sont des communautés, des quartiers, des villes. L’occupation n’existe pas. » En 2008, lors de sa campagne présidentielle, il avait déclaré dans une vidéo publiée par BuzzFeed qu’« il n’existe pas vraiment de Palestinien ».
« L’Amérique d’abord mais Israël aussi »
La base Maga (Make America Great Again), shootée à l’« America First », le slogan de Donald Trump emprunté à l’isolationniste et antisémite Charles Lindbergh (1902-1974), et la base pro-Netanyahou ne forment presque qu’une seule et même entité. C’est en quelque sorte « L’Amérique d’abord mais Israël aussi », une sainte alliance qui sera célébrée par les deux dirigeants politiques.
Pourtant, les intérêts politiques de Donald Trump et de Benyamin Netanyahou ne se recoupent pas de manière parfaite. Le premier veut finaliser le remodelage du Moyen-Orient afin de pouvoir consacrer les moyens de la puissance américaine à la compétition stratégique avec la Chine, dans la lignée du « pivot asiatique » initié par Barack Obama et poursuivi par Joe Biden. Il entend donc obtenir du second des concessions afin de relancer le processus des accords d’Abraham et d’y intégrer l’Arabie saoudite.
Ryad a fait savoir qu’un statu quo sur la question palestinienne était inenvisageable. Mais, pour la frange la plus extrémiste du gouvernement israélien, toute avancée même minime et rhétorique sur le chemin de la reconnaissance des droits des Palestiniens représente un « casus belli ». Benyamin Netanyahou devra alors renouer avec une pratique dans laquelle il excelle : les zig-zag diplomatiques. Mais, jusqu’ici, personne ne l’a fait dévier de son cap.