Gaza : du cessez-le-feu à la paix, 10 enjeux à suivre

lundi 27 janvier 2025

À la joie des Gazaouis à l’annonce de la conclusion de l’accord entre Israël et le Hamas sur le cessez-le-feu, le 15 janvier, s’était mêlée de la circonspection, tant cette trêve leur semblait inespérée.

Désormais, les armes se sont enfin tues. Mais il y a loin du cessez-le-feu à une paix durable. Rappel sommaire de quelques enjeux cruciaux dont le bon règlement conditionne les avancées vers une paix véritable.

La première phase prévue par l’accord est « a priori  » la moins problématique.

Prévue pour durer six semaines, elle doit se traduire par le retour à un approvisionnement des Gazaouis en nourriture, en médicaments, en carburant… dix fois plus important que durant la guerre – ce qui en dit long sur le calvaire innommable imposé par l’occupant, durant tous ces mois, à la population civile de ce territoire ! Avec le retrait des troupes israéliennes des « zones densément peuplées », les Gazaouis sont à présent libres de circuler pour rejoindre leur ancien lieu d’habitation.

Enfin, à la libération de 33 otages israéliens doit répondre celle, selon la presse israélienne, de 1 904 prisonniers palestiniens, dont 737 condamnés à de lourdes peines (1).

Seulement voilà : comment les populations déplacées vont-elles pouvoir se « réinstaller » en plein hiver dans un territoire où le niveau de destruction est « sans précédent dans l’histoire récente » (ONU)  ? Et quid de l’Unrwa, l’agence de l’ONU au service des réfugiés palestiniens, bannie de tous les territoires occupés par une loi scélérate, adoptée en octobre dernier par le Parlement israélien et censée entrer en vigueur ces jours-ci ? Des questions jusqu’ici sans réponse.

Mais ce n’est rien en comparaison des incertitudes liées à la deuxième phase de l’accord. Celle-ci prévoit en principe – outre la libération des derniers otagesle retrait complet des troupes israéliennes et «  la fin définitive de la guerre  » (Biden). La mise en œuvre rapide et complète ou, à l’opposé, la violation de tout ou partie de ce double engagement israélien constitue un enjeu colossal ! Ces deux mesures sont, en effet, diamétralement opposées à l’objectif martelé par Netanyahou depuis des mois : sa guerre ne s’arrêterait pas « tant que le Hamas ne sera pas éliminé sur le plan militaire et organisationnel  » – ce qui est loin d’être le cas, le sort réservé par Israël au peuple de Gaza depuis quinze mois n’ayant pu que pousser à la radicalisation un nombre toujours plus grand de Palestiniens. Dès lors, Netanyahou acceptera-t-il, jusqu’au bout, d’acter l’échec de sa stratégie à Gaza, ou cherchera-t-il des prétextes pour contourner, retarder, voire torpiller l’application de l’accord ?

La troisième phase de l’accord est celle de la «  reconstruction {{}} » de Gaza ! Une affaire de quinze ans selon l’ONU ! Qui paiera ? Comment vivront les habitants en attendant ? Qu’en est-il de l’ « administration internationale intérimaire  » envisagée pour gérer le territoire pendant cette période ? Quel avenir pour l’Autorité palestinienne ? Toutes ces questions de grande portée restent à discuter. Enfin demeurera l’essentiel : quel chemin vers une solution politique d’ensemble, englobant, outre Gaza, la Cisjordanie – que le pouvoir israélien rêve de réannexer dans sa totalité – et Jérusalem-Est, pour constituer l’indispensable État palestinien ? On le voit : plus que jamais, la plus large solidarité internationale avec le peuple palestinien est requise.

Source : L’HUMANITE
Publié le 24 janvier 2025
Par Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen


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