Je ne suis pas réfugiée, je suis... Wafaa, journaliste, Gaza, Palestine

samedi 21 mai 2016

Paperjam et Maison Moderne s’associent à l’initiative citoyenne « iamnotarefugee.lu » de Frédérique Buck et Sven Becker en présentant des portraits de réfugiés arrivés au Luxembourg et qui ont tant à nous raconter. Présentation aujourd’hui de Wafaa, journaliste défenderesse de la démocratie et des droits de l’homme, qui nous parle de sa terre natale, la Palestine.

J’ai, dans le cadre de mon travail de journaliste pour Amnesty, partagé l’histoire de beaucoup de Palestiniens, pas seulement la mienne. C’était très difficile. Couvrir les événements était très douloureux. Durant les trois premières semaines de la guerre, je pleurais sans arrêt. Amnesty me réclamait des détails dans les rapports, que je ne pouvais pas écrire.

En Palestine, si vous ne mourez pas sous les bombes, les chances de perdre un bras ou une jambe sont énormes…

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Wafaa, journaliste

Lors des attaques à Gaza, j’étais tellement terrifiée de perdre mes enfants que je les couchais dans des endroits différents de la maison. Ainsi, si une bombe venait frapper la maison, je ne les perdrais pas tous en même temps.

Je ressentais une indifférence totale des autres pour mon peuple. Je pense toujours d’ailleurs que la communauté internationale ne se soucie pas du sort des Palestiniens. Après les bombardements, je suis retournée dans ma ville avec ma famille. Tout était complètement détruit. Jadis, ma ville était verte, il y avait beaucoup d’agriculteurs. Quand nous y sommes retournés, tout avait disparu, on aurait dit un désert. Mon oncle était décédé.

Les maisons étaient à moitié démolies. On aurait dit des maisons de poupées, les façades manquaient. On pouvait voir circuler les gens à l’intérieur de leurs maisons.

Les maisons étaient à moitié démolies. On aurait dit des maisons de poupées, les façades manquaient.

Je me rappelle que je voulais me changer, mais c’était impossible, il n’y avait plus de murs pour me cacher. Les gens ont longtemps vécu ainsi. Ils ont mis des rideaux. Ils n’avaient pas le choix.

Ici, au Luxembourg, tout est très différent de ce que je connais. Par exemple, dans les pays arabes, la famille est très importante. Nous vivons dans de grandes familles. Beaucoup de réfugiés souffrent en silence, c’est nouveau pour nous de vivre seuls.

J’ai un caractère bien trempé. Parfois, je me dis « Wafaa, tu dois changer, te calmer ». Mais je ne peux pas, je suis ainsi. Je suis mon instinct. Mes amis, en Europe, m’ont conseillé de ne plus m’exprimer au sujet de la Palestine. Mais je ne peux pas. Nous devons parler de démocratie, des droits de l’homme.

Retrouvez l’intégralité du témoignage de Wafaa en anglais sur iamnotarefugee.lu.
Contactez Wafaa via Smt-media@hotmail.com

source : http://paperjam.lu