L’impunité israélienne tue l’idée même de droits humains
Les récents raids israéliens sur d’importantes organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme montrent à quel point il est dangereux que certains pays et institutions fassent une exception pour Israël en matière de respect des droits humains, écrit Em Hilton.
11 mai 2022 - Les forces israéliennes d’occupation démolissent un immeuble résidentiel palestinien à Silwan, Jérusalem, qui appartient à la famille Al-Rajabi. La démolition fait partie du projet israélien de nettoyage ethnique des quartiers palestiniens restants de Jérusalem. La veille, au moins deux opérations de démolition ont été menées contre des propriétés palestiniennes – dans le district de Naplouse, en Cisjordanie et à Al-Naqab (Negev) dans le territoire de 1948 - Photo : Activestills
Jeudi dernier (18 août), les forces israéliennes d’occupation ont pris d’assaut le siège de six grandes organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme. Elles ont envahi leurs bureaux et scellé leurs portes.
Ces ONG étaient Al-Haq, Addameer, Bisan Center, Defense for Children International-Palestine (DCI), The Union of Agricultural Works Committees et The Union of Palestinian Women’s Committees.
Le 21 août, le Shin Bet (forces de sécurité israéliennes) a exigé que le directeur d’Al Haq, Jabareen, se prête à un interrogatoire. Khaled Quzmar, PDG de DEI Palestine, a également été convoqué et s’est vu refuser le droit d’être accompagné d’un avocat.
Au début de l’année 2022, le ministre israélien de la défense, Benny Ganz, a désigné ces organisations de la société civile comme des « organisations terroristes » – des accusations sans fondement qui risquent d’empêcher ces organisations de recevoir des dons internationaux.
C’était bien sûr le but recherché ; à l’instar d’autres régimes oppressifs dans le monde, Israël cible ces organisations de défense des droits humains parce qu’elles mettent en lumière la nature oppressive de l’apartheid israélien.
Pour le Shin Bet israélien, la preuve que l’une de ces organisations participe à des activités terroristes, est qu’elle finance un programme de danse Dabke…
Plus récemment, ces organisations de la société civile palestinienne se sont efforcées de fournir des preuves à l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur Israël.
Les preuves juridiques apportés par ces organisations et leurs alliés, ont convaincu l’Union européenne qu’Israël ne disposait d’aucun élément suggérant qu’elles commettaient des actes terroristes.
À bien des égards, la société palestinienne travaille seule.
Les déclarations routinières de pure forme des diplomates internationaux et autres appels à « une enquête approfondie sur l’événement » du secrétaire d’État américain Blinken, n’empêchent évidemment pas Israël de prendre une fois de plus, les mesures les plus violentes possibles – la persécution de la société civile et des groupes de défense des droits de l’homme – sans subir aucune conséquence significative de la part de la communauté politique internationale.
Ce sont les Palestiniens qui subiront les conséquences les plus immédiates et les plus graves de cette impunité. Les palestiniens subissent, depuis 55 ans, une occupation militaire brutale et impitoyable ainsi que les conséquences dévastatrices de la Nakba ; leur vie reste constamment à la merci de la tyrannie israélienne.
C’est une injustice flagrante que les défenseurs d’Israël, ainsi que des décennies de racisme anti-arabe et d’islamophobie en Occident, aient réussi à faire de la question de la Palestine une question « trop controversée » pour qu’Israël soit obligé de rendre le moindre compte concernant les mesures de plus en plus draconiennes qu’il prend par pour cacher le traitement qu’il réserve aux Palestiniens.