Paris 2024 : les Jeux olympiques sous enquêtes
Aix, Angers, Arles, Laval... sur le parcours de la flamme olympique, un marathon de manifs interdites
Alors que la flamme olympique est arrivée dimanche 14 juillet à Paris, son tour de France a été émaillé par des interdictions de manifester, des banderoles confisquées et des gardes à vue. Une inquiétude pour les citoyens concernés.
Clément Le Foll, 14 juillet 2024 à 17h48
MEDIAPART
Extraits :
LIBERTÉS PUBLIQUES
Aix, Angers, Arles, Laval... sur le parcours de la flamme olympique, un marathon de manifs interdites
Alors que la flamme olympique est arrivée dimanche 14 juillet à Paris, son tour de France a été émaillé par des interdictions de manifester, des banderoles confisquées et des gardes à vue. Une inquiétude pour les citoyens concernés.
Ils sont une quinzaine à s’être donné rendez-vous ce vendredi 12 mai dans une petite rue à proximité de la Cité du livre d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Dans leurs sacs, les militant•es de la campagne Boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) se partagent des drapeaux palestiniens, des tracts est une banderole sur laquelle est inscrit : « Le génocide n’est pas un sport olympique ». À quelques centaines de mètres de là, la flamme olympique commence à sillonner les rues de la ville. Alors que le collectif s’apprête à rejoindre le quartier des Allées provençales pour déployer son message, son parcours est interrompu.
« Deux policiers en civil ont contrôlé notre identité, confisqué tout notre matériel. Ils nous ont juste autorisés à garder nos keffiehs, mais spécifié que nous n’avions pas le droit de les agiter, ni de manifester ou de pousser des cris », rembobine Juliette, animatrice du groupe. Pour protester contre ce qu’ils estiment être une atteinte à leur liberté d’expression, les membres de BDS décident symboliquement de mettre leur main devant la bouche lors du passage de la flamme aux Allées provençales.
Leur cas n’est pas isolé. À Arles, Angers ou Laval, celles et ceux qui ont, comme le collectif BDS, voulu exprimer une revendication, ont vu leur message confisqué ou le rassemblement interdit. « On a l’impression que le passage de la flamme dessine une France liberticide, observe le professeur de droit public Serge Slama. Il s’accompagne d’interdictions de manifester. On peut lecomprendre pour le maintien de l’ordre aux alentours de la flamme, moins à l’échelle de toute une ville comme c’est parfois le cas. C’est un principe de précaution qu’on a vu se développer depuis l’État d’urgence de 2015 et qui se perpétue : la préfecture ouvre le parapluie et publie un arrêté le plus large possible. »
Pour l’État, ces interdictions se justifient par la nécessité d’éviter tout trouble à l’ordre public. Dès le 14 mai, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin indiquait que 32 actions en lien avec le parcours de la flamme avaient été déjouées. « Il ne s’agit pas d’attentats ou d’actes criminels, mais de contestation pour diverses raisons », avait-il précisé en conférence de presse. Sollicité par Mediapart, le ministère de l’intérieur n’a pas répondu à notre demande sur le nombre d’« actions déjouées » aujourd’hui ni sur leur caractère.
Cette notion d’« action » au sens large, sans en préciser la nature, inquiète l’avocat Raphael Balloul : « Cela apparaît disproportionné par rapport aux enjeux de l’événement. Toute expression est par avance interdite, quel que soit son mode d’expression, y compris quand elle peut être pacifiste. C’est quand même problématique qu’on ne puisse admettre des modes de protestation. »
Des messages de soutien à la Palestine sous haute surveillance
Pour Juliette, la confiscation du matériel du collectif le 12 mai à Aix-en-Provence n’a rien d’étonnant dans le contexte actuel. « Depuis le 7 octobre, toute manifestation ou message en soutien à la Palestine ou évoquant le génocide en cours à Gaza a tendance à être interdite. » Plusieurs militant•es ont connu des situations équivalentes lors du passage de la flamme olympique dans leur ville.
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Le professeur de droit public Serge Slama dresse un parallèle entre ces différents messages censurés et rassemblements interdits, et les rencontres de football internationales, qui se sont au fil du temps aseptisées.
« Cela me fait penser aux compétitions organisées par l’UEFA, où l’on ne peut plus afficher de message politique ou de solidarité dans le stade. Derrière cette vision de la sécurisation de la flamme olympique, il y a cette idée que les événements publics ne peuvent plus être perturbés. Une sorte de société du spectacle dans laquelle les rues de nos villes sont une zone de neutralité, une bulle autour du passage de la flamme. »
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