Pourquoi l’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme : les racines chrétiennes du sionisme

dimanche 15 août 2021

Par Miko Peled

JPEG - 123 ko Des milliers de sionistes chrétiens de divers pays agitent des drapeaux lors de la marche annuelle de Jérusalem, le 4 octobre 2012. Les sionistes chrétiens sont devenus une force puissante dans la politique internationale en raison de leur soutien le plus souvent non critique à l’État d’Israël - Photo : Ryan Rodrick Beiler/Activestills.org

Lorsque Naftali Bennett, le premier premier ministre israélien à porter la kippa, se réfère à la Bible pour justifier sa revendication sur la Terre d’Israël, il ne fait pas référence aux Écritures juives, mais à la doctrine religieuse protestante.

Jérusalem – Naftali Bennett a un jour déclaré dans une interview avec Mehdi Hassan que d’après la Bible, la Palestine – ou selon ses termes, Israël – appartient au peuple juif. Certaines personnes font référence à la Palestine en tant que « Terre d’Israël » et, dans cette interview de 2017, M. Bennett insiste que si M. Hassan veut prétendre que « cette Terre ne nous appartient pas, je vous suggère de modifier la Bible. »

M. Bennett est depuis devenu premier ministre d’Israël (poste qu’il n’occupera très probablement pas très longtemps) et tandis que cette affirmation semble trouver un écho chez de nombreuses personnes, en examinant de plus près ce que disent vraiment les écritures juives il s’avère très clairement que ce qu’il a dit n’est pas vrai.

D’après la Torah (les écritures juives) et les paroles de plusieurs générations de sages juifs, la Terre Sainte appartient au Tout Puissant qui l’honore de sa sainteté. Le peuple juif a reçu l’autorisation de résider sur la Terre Sainte et de bénéficier de sa grâce tant qu’il se comportait avec droiture et respectait les lois édictées par le Tout-Puissant dans la Torah.

Quand le peuple juif a dévié de la voie de la Torah, il s’est attiré la colère du Tout-Puissant et a été expulsé de la Terre Sainte, et s’est vu interdire le retour jusqu’à la venue du Messie et le retour du Roi David sur le trône.

La Terre d’Israël n’a aucune valeur intrinsèque, seulement comme instrument pour servir le Tout-Puissant et suivre la Torah. Par ailleurs, la venue du Messie n’a pas plus à voir avec la souveraineté juive sur la Terre d’Israël ; c’est une vision qui englobe beaucoup de choses.

Principalement toutefois, elle concerne la transformation du monde en un lieu de paix où le peuple juif sera de nouveau autorisé à résider pacifiquement sur la Terre Sainte, avec pour objectif de suivre les lois du Tout-Puissant sur cette terre qui a été bénie par la présence de la sainteté.

C’est une idée religieuse qui n’a rien à voir les notions de conquête, nationalité ou souveraineté.

On peut penser que ce que dit la Bible concernant la Palestine n’est pas important, mais nous devons reconnaître que beaucoup de personnes considèrent que ce que disent les saintes écritures juives comptent, et qu’elles sont les vraies paroles de Dieu. Par conséquent, cela vaut la peine d’examiner attentivement ce que la torah et les sages d’antan disent réellement.

Il faut aussi se souvenir que le sionisme est une idéologie laïque et raciste et que les fondateurs du sionisme se souciaient peu de la Bible ou du judaïsme. Israël – la création monstrueuse de ce mouvement sioniste – est un régime d’apartheid qui commet des crimes odieux.

Israël prétend qu’il parle et agit au nom, et pour le bien, du peuple juif. Cependant, nous ferions bien de démontrer que la revendication d’Israël et du sionisme sur la Palestine n’a rien à voir avec le judaïsme ; en fait, l’affirmation que la légitimité du sionisme se trouve dans la Bible est totalement fausse.

Le sionisme, une idolâtrie

D’après les écritures juives, les hébreux furent transformés en peuple, le peuple juif, lorsqu’ils ont reçu la Torah au mont Sinaï, montagne dans le désert du Sinaï située très loin de la Terre Sainte. La transformation des juifs en une nation n’avait rien à voir avec l’acquisition d’une terre ou d’une souveraineté, ou aucun autre symbole associé à l’idée moderne de nationalité. C’était un acte d’engagement religieux envers le Tout-Puissant.

Dans son œuvre épique, « The Empty Wagon : Zionism’ journey from identity crisis to identity theft » le Rabin Yaakov Shapiro débat de cette question en profondeur. Il cite le révéré Rabbin du dix-septième siècle Shlomo Ephraim ben Aaron Luntschitz, connu comme le Kli Yakar (ou vaisseau précieux) pour son commentaire de la Torah.

Le Rabbin Luntschitz a écrit, dans son commentaire des cinq livres de la Torah, que le peuple juif n’est que le locataire de la Terre d’Israël et que le Tout-Puissant est le seul propriétaire de la Terre Sainte. Le Rabbin Shapiro poursuit avec une citation du Livre de Lévitique 25 :23, dans lequel le Tout-Puissant dit au peuple juif, « La terre ne doit pas être vendue à perpétuité, car la terre est à moi et vous y résidez en tant qu’étrangers et hôtes » (mes italiques).

Il existe même une histoire plus ancienne dans le livre de la Genèse, au chapitre 23, où il est clair que même le patriarche Abraham se considérait comme étranger sur la Terre d’Israël. Abraham veut enterrer sa femme Sarah dans la ville d’Hébron et il s’adresse à un homme de la ville pour acheter un lopin de terre à utiliser comme sépulture. L’homme accepte et Abraham achète la parcelle.

Si la terre lui avait appartenu en vertu de la promesse divine il n’aurait pas eu à l’acheter. Dans cette histoire, Abraham se présente comme un « étranger » sur cette terre.

Le rabbin Shapiro explique en outre que la simple dévotion à Israël, sans le respect des lois de la Torah et la dévotion au Tout-Puissant, revient à de l’idolâtrie. La Terre n’a pas de valeur en soi, ajoute-t-il. « L’amour de Eretz Israël est censé faire partie de l’amour de Hashem (le Tout-Puissant) et de la Torah. »

Comme la plupart des gens le savent, les Dix Commandements, partie intégrante de la Torah, interdisent le meurtre, le vol, et la convoitise de la maison d’autrui. Ce qui veut dire que les sionistes – même ceux qui comme Naftali portent la kippa – sont coupables d’idolâtrie, car leur désir de la Terre est de la convoitise, et ils ont recours au meurtre et au vol pour se l’approprier. Ils sont très loin d’une observance honnête de la Torah.

Admonestations, mises en garde et interdictions

Lire l’article complet ICI.