Réfugiés palestiniens juin-juillet 2021 Lettre...

mardi 13 juillet 2021

Réfugiés palestiniens
juin-juillet 2021

Lettre mensuelle d’information réalisée par le groupe de travail Réfugiés de l’AFPS

Cette lettre veut se faire l’écho de l’actualité sur la question des réfugiés palestiniens – dans ses diverses dimensions – traitée par les médias et sites spécialisés français et étrangers. Elle fait connaître également les analyses et points de vue d’ONG ou d’organisations gouvernementales ou internationales.

Les textes sélectionnés n’engagent que leurs auteur·e·s.

LE DROIT AU RETOUR AU CŒUR DE LA QUESTION DE PALESTINE

L’AFPS à l’Université d’été des mouvements sociaux et des solidarités / Nantes / 24-28 aoûtL’Université d’été des mouvements sociaux et des solidarités, qui se tiendra à Nantes du 24 au 28 août, sera un moment important de rencontres, de formations, de débats, ainsi qu’un temps convivial et festif. Dans le prolongement des mobilisations récentes en soutien à la Palestine occupée, un atelier « Réfugiés palestiniens : Le droit au retour au cœur de la Question de Palestine » est proposé le mercredi 25 août, après midi.
Interviendont Claude Léostic de l’AFPS, Lubnah Shomali de BADIL, Rawan Odeh de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, et Rima Hassan pour la Cimade.
Programme complet. Inscription obligatoire.

Cours annuel de mobilisation internationale proposé par BADIL / 31 juillet-13 août
BADIL organise son deuxième cours annuel de mobilisation internationale pour les droits inaliénables du peuple palestinien entre le 31 juillet et le 13 août 2021. Le cours de 7 journées, entièrement en ligne, offre l’occasion pour les défenseurs internationaux, militants, mobilisateurs, responsables politiques et autres personnes intéressées de mieux comprendre une approche fondée sur les droits de la personne pour faire progresser le mouvement de solidarité internationale. Le programme de conférences et de discussions de groupe est complété par des visites virtuelles de camps de réfugiés et de zones où les habitants sont menacés de déplacement forcé.
Programme et inscription (avant le 12 juillet). En anglais.

Visions juives du droit au retour
Peter Beinart, The Guardian, le 18 mai 2021, en anglais
Aussi difficiles et imparfaits que puissent être les efforts de justice historique, songez à ce qui arrive lorsqu’ils ne se produisent pas. […] En 2011, le Parlement d’Israël a adopté une loi permettant de refuser des fonds gouvernementaux à toute institution commémorant la Nakba. Les enseignants israéliens qui la mentionnent sont réprimandés par le ministère israélien de l’Éducation. L’an dernier, deux écrivains israéliens, Adi Schwartz et Einat Wilf, ont publié The War of Return, qualifiant le désir palestinien de retour des réfugiés comme emblématique d’un « retour en arrière » et d’une « incapacité à se réconcilier avec le passé ». Il se trouve que j’ai lu [ce livre] juste avant Tisha B’Av, le jour où les juifs pleurent la destruction des temples de Jérusalem et les exils qui ont suivi. J’ai entendu des propos médiévaux qui décrivent ces événements – qui se sont produits, respectivement, il y a 2 000 et 2 500 ans – à la première personne et au présent. Dans le discours juif, ce refus d’oublier le passé – ou d’accepter son verdict – suscite une profonde fierté. […] Pourquoi le rêve de retour est-il louable pour les juifs mais pathologique pour les Palestiniens ?

« NOUS SOMMES PALESTINIENS »

La Palestine c’est « l’affaire de tous »
Victoire Radenne, Orient XXI, le 9 juin 2021
L’embrasement de la situation à Gaza, inédit depuis 2014, a fait souffler un vent de mobilisation. De Baalbek à Tripoli, les Palestiniens du Liban ont défilé sous les drapeaux palestiniens. Les plus déterminés ont sauté dans les bus qui se dirigeaient vers la frontière libano-israélienne. Pour Ramis, un réfugié de 50 ans du camps de Chatila, la cause palestinienne est « l’affaire de tous ». « Interpellez les jeunes, ils vous parleront de Jérusalem. » En 1982, lors de l’invasion israélienne au Liban, il est parti se réfugier dans le camp de Yarmouk à Damas. De la Palestine au Liban en passant par la Syrie, il a passé sa vie à fuir. Aujourd’hui, il compte encore la moitié de sa famille à Kafr-Kassem, ville voisine de Tel-Aviv, tristement connue pour son massacre en 1956 durant lequel des membres du Magav, la police israélienne des frontières, tuèrent 48 civils Palestiniens d’Israël. […] Et conserve un attachement fort à sa ville d’origine.

Sit-in communautaire dans le camp de Aïda
Yumna Patel, À l’Encontre, le 20 mai 2021
Sous la très grande « clé du retour » placée à l’entrée du camp Aïda, l’un des trois camps de réfugiés de Bethléem, Nidal al-Azzeh, un leader de la communauté et directeur de l’ONG BADIL (Centre de ressources pour les droits des réfugiés) s’est assis sur les marches du Centre de la jeunesse, entouré d’enfants, de jeunes et d’anciens de la communauté. Pendant près d’une heure avant la grande manifestation [du 18 mai], avec d’autres activistes communautaires locaux, ils ont discuté avec les enfants de tout, de la Nakba en cours, de l’expulsion des familles de Sheikh Jarrah, du mur et des colonies, et de toutes les façons dont l’occupation israélienne affecte leur vie.
(Source en anglais sur Mondoweiss, le 18 mai 2021, traduction À l’Encontre)

Quelle conscience politique d’eux-mêmes ont les jeunes Palestiniens en exil » ?
Marie Kortam, The Conversation, le 6 juin 2021
Malgré la division interne entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, et malgré la dépendance de l’Autorité palestinienne envers l’autorité d’occupation israélienne, les habitants palestiniens de Jérusalem, vite rejoints par une grande partie de ceux de Gaza et de Cisjordanie, ainsi que par la diaspora, viennent de se soulever avec une énergie inattendue, nourris par une frustration qui s’est accumulée pendant de nombreuses décennies, depuis la Nakba et l’exil. L’un des enseignements les plus importants des récents événements est que la cause palestinienne est bien vivante dans l’esprit de ces populations, y compris parmi les plus jeunes et les réfugiés palestiniens exilés au Liban, souvent depuis plusieurs générations.
Marie Kortam est chercheure associée à l’Institut français du Proche-Orient (IFPO–Beyrouth) et membre du Conseil arabe des sciences sociales, Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH).

Femmes, migration forcée et refuge au Liban
Yafa El Masri (Capire), Ritimo, le 28 mai 2021
Contribution au webinaire « Migrations et refuge dans l’agenda féministe ». Dans l’espoir d’établir des agendas féministes visant les groupes forcés de migrer au Liban, nous écrivons ici comme une ressource pour identifier et interpréter le contexte des personnes en situation de migration et de refuge aujourd’hui dans le pays. Est abordée la situation des Syriennes, des Palestiniennes et des travailleuses migrantes.
Yafa El Masri, de la Marche mondiale des femmes, est doctorante en géographie humaine et réfugiée palestinienne au Liban.
Capire (Comprendre) - Des voix féministes pour changer le monde !

Journée mondiale des réfugiés : les Palestiniens dans l’impasse
Alice Froussard, RFI, le 20 juin 2021, audio
Journée mondiale des réfugiés le dimanche 20 juin. En Palestine, leur situation est dans l’impasse face à l’absence continue de réponse face à un éventuel droit au retour. Ahmed, 28 ans, dans le camp de Balata, au nord de la Cisjordanie occupée : « On espère retourner à Jaffa, sur notre terre, là où mon grand-père est né. Si moi je n’y retourne pas, peut être que mon fils le pourra. Ou peut-être mon petit-fils. Mais quelqu’un de ma famille. C’est ça l’idée. »

Des réfugiés pressent Ottawa d’autoriser la venue de leurs proches de Gaza
Radio Canada, le 17 juin 2021
Abdallah Alhamadni a fui Gaza en 2019. Sa demande de statut de réfugié a été acceptée en décembre dernier. Travailleur de la santé en banlieue de Toronto, il dit qu’il fait sa part pour aider le Canada en transportant des patients infectés par le Covid-19 entre leur domicile ou un centre de soins de longue durée et l’hôpital. Il presse le fédéral de lui rendre la pareille en autorisant sa femme et ses trois fils à venir au Canada.

De Balfour à la Nakba : la colonisation de peuplement en Palestine
Ilan Pappé, Middle East Eye, édition française, 15 mai 2021
« En mars 1948, les dirigeants juifs produisirent le plan Daleth, qui, je pense, était un plan clair visant à la suppression systématique des Palestiniens de Palestine. L’éminent spécialiste de la colonisation de peuplement Patrick Wolfe, aujourd’hui décédé, nous a rappelé à maintes reprises que celle-ci n’était pas un événement, mais une structure. Alors que la colonisation de peuplement a dans de nombreux cas un point de départ historique, sa motivation originelle guide son maintien dans le présent. »

CISJORDANIE OCCUPÉE

Les enfants palestiniens se sentent « abandonnés par le monde »
Areeb Ullah, Middle East Eye, le 2 juillet 2021
Quatre enfants palestiniens sur cinq dont la maison a été démolie par Israël en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée affirment se sentir « abandonnés par le monde ». C’est la conclusion d’un rapport de l’ONG Save the Children, qui a interrogé 217 familles palestiniennes et estime que les démolitions ont délogé au moins 6 000 enfants palestiniens au cours des douze dernières années, alors que les habitants palestiniens des quartiers de Sheikh Jarrah et Silwan, à Jérusalem-Est, vivent sous la menace d’une expulsion imminente dans l’attente d’une décision de la Cour suprême israélienne.

Les forces israéliennes tuent un Palestinien de 17 ans dans le camp d’Arroub
Defense for Children International - Palestine (DCI-P), 17 mai 2021, en anglais
Obaida Akram Abdurahman Jawabra a été abattu par les forces israéliennes lors d’une manifestation à l’entrée du camp de réfugiés d’Al-Arroub, près de la ville d’Hébron. Il allait avoir 18 ans. Il est le quatrième adolescent palestinien tué par les forces israéliennes en Cisjordanie occupée cette année. « L’impunité systémique garantit l’absence d’espaces sûrs pour les enfants palestiniens vivant sous occupation israélienne. Ils peuvent être tués à n’importe quel moment » a déclaré Ayed Abu Eqtaish, directeur du programme de responsabilisation au DCI-P.
En 2018, OBAIDA, court métrage (7’21) réalisé par le journaliste Matthew Cassel et produit par DCI-P, témoignait de son expérience d’adolescent palestinien arrêté par les forces israéliennes et poursuivi par les tribunaux militaires israéliens.
À (re)voir sur Charleroi pour la Palestine, en arabe sous-titré anglais.

Des responsables de l’UNRWA visitent des familles palestiniennes à Sheikh Jarrah
The Palestine Chronicle, le 3 juin 2021, en anglais
Le Commissaire général de l’UNRWA Philippe Lazzarini et le Directeur des opérations pour la Cisjordanie Gwyn Lewis ont visité les huit familles de réfugiés palestiniens au centre de la campagne de dépossession par des organisations de colons israéliens à Sheikh Jarrah. « Les déplacements forcés et les démolitions administratives, contraires au droit international, doivent cesser » a déclaré Lazzarini.

UNRWA-GAZA

Ghada Zaki Krayem remporte le premier prix du Green Skills Award
UNRWA, le 28 juin 2021, en anglais
En lice pour le prix des compétences vertes de la Fondation européenne pour la formation de l’UE, Ghada Zaki Krayem s’est vu attribuer le premier prix. Âgée de 20 ans, Ghada est l’une des 98 diplômés (dont 27 femmes) de la première promotion du programme de formation professionnelle de l’UNRWA à Gaza sur l’installation, l’exploitation, la maintenance et la programmation de systèmes solaires photovoltaïques.
Plus d’information (en anglais) sur le site de l’UNRWA.

Johann Soufi, responsable du bureau juridique de l’UNRWA à Gaza
UNRWA, 31 mai 2021
Originaire de la banlieue parisienne, Johann Soufi fait des études de droit à l’université de Cergy-Pontoise avant de faire un Master en droit international et l’école du Barreau. Un stage au Centre régional d’information des Nations unies (UNRIC) à Bruxelles en 2006 marque sa première rencontre avec l’ONU. Son poste suivant dans un cabinet d’avocats pénalistes en région parisienne n’a pas effacé « cette envie de voyager, de découvrir le monde » qui l’anime. Les expériences s’enchaînent alors entre le Tribunal pénal international pour le Rwanda à Arusha, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone et celui pour le Liban à La Haye, des missions d’enquêtes au Timor oriental, en Côte d’Ivoire, en Centrafrique ou encore au Mali. Attaché aux enjeux du travail de terrain pour les populations locales, il saisit l’opportunité de partir à Gaza pour se confronter à une nouvelle mission.

CULTURE

Le film Little Palestine, Diary of a Siege sélectionné par l’ACID pour le festival de Cannes
Construit après 1948 en périphérie de Damas, le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk s’est étendu au fil des ans jusqu’à devenir un quartier de la capitale. Durant la guerre civile syrienne, il a été le théâtre d’affrontements entre l’Armée libre syrienne et les troupes de Bachar el-Assad. À la suite de ces combats, le camp a été assiégé par l’armée et la population restante abandonnée à son sort. Abdallah Al-Khatib, qui est né et a grandi à Yarmouk, a pris sa caméra pour filmer sur plus de quatre ans le quotidien du camp, avant d’en être chassé lors de la prise de contrôle de la ville par Daesh. Ses images et ses mots documentent la résistance farouche d’une ville contre ses plus grands ennemis, l’isolement et la faim, son combat de la dignité contre le désespoir, de la solidarité contre la défaite.
Little Palestine, Diary of a Siege, [Yarmouk, journal d’un assiégé], long métrage, Liban, France, Qatar, 2021, 89 min. Dulac Distribution. Dossier de presse (en anglais).

APARTHEID

Visuel de Visualizing Palestine et de Human Rights Watch illustrant les droits différents accordés aux juifs et aux Palestiniens de la diaspora, accompagnant un rapport de HRW qui accuse Israël d’apartheid et de persécution.
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Pourquoi Human Rights Watch accuse Israël d’apartheid
Amjad Iraqi, Agence Média Palestine, le 27 avril 2021
Human Rights Watch, organisation de premier plan qui surveille à l’échelle mondiale les violations des droits, a publié [le 27 avril] un rapport important selon lequel Israël commet les crimes d’apartheid et de persécution — définis l’un et l’autre par le Statut de Rome comme des crimes contre l’humanité — des deux côtés de la Ligne Verte. Le rapport de 213 pages, accompagné de visuels coproduits avec Visualizing Palestine , recense en détail les méthodes utilisées par Israël pour perpétuer intentionnellement la domination des juifs sur les Palestiniens dans toutes les parties du pays ainsi que dans la diaspora, quel que soit leur statut juridique.
Source +972 Magazine, en anglais.