« Sans l’UNRWA et le droit au retour, il n’y a plus de Palestine »
Rami Abou Jamous écrit son journal pour Orient XXI.
Ce fondateur de GazaPress, un bureau qui fournissait aide et traduction aux journalistes occidentaux, a dû quitter en octobre 2023 son appartement de la ville de Gaza avec sa femme Sabah, les enfants de celle-ci, et leur fils Walid, deux ans et demi, sous la pression de l’armée israélienne.
Réfugiés depuis à Rafah, Rami et les siens ont dû reprendre la route de leur exil interne, coincés comme tant de familles dans cette enclave miséreuse et surpeuplée. Il a reçu, pour ce journal de bord, deux récompenses au Prix Bayeux pour les correspondants de guerre, dans la catégorie presse écrite et prix Ouest-France.
Cet espace lui est dédié depuis le 28 février 2024.
Beit Lahia, 29 octobre 2024. Un homme blessé réagit assis sur les décombres d’un bâtiment touché par une frappe israélienne à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza. L’agence de défense civile de Gaza a déclaré le 29 octobre qu’une frappe aérienne israélienne avait tué plus de 55 personnes dans un bâtiment résidentiel dans le quartier nord de Beit Lahia.
La Knesset https://orientxxi.info/magazine/isr...a adopté une loi qui interdit à L’UNRWA de travailler à Gaza en particulier, et en Palestine en général. Je peux dire que ce vote marque le passage du génocide humanitaire au génocide politique. L’objectif est d’en finir avec le Palestinien en tant qu’être humain.
Les Israéliens massacrent les Palestiniens dans le but de tous les transformer en réfugiés. La deuxième Nakba est en cours. Aujourd’hui, ils veulent nous effacer sur le plan politique et juridique. L’UNRWA, c’est le droit au retour, c’est la reconnaissance par les Nations unies de l’injustice subie par les Palestiniens en 1948, quand ils ont été massacrés et expulsés de leurs villes natales — à Haïfa, à Jaffa, dans le nord de la Palestine — vers le Liban, la Jordanie, la Syrie, la Cisjordanie et vers Gaza aussi.
L’UNRWA est la seule agence de l’ONU créée spécialement pour les Palestiniens, et pour eux seuls. Les Israéliens sont en train de faire la guerre à cette institution parce qu’ils savent très bien ce qu’elle signifie politiquement. C’est le volet politique du génocide. Ils veulent effacer toute trace du crime et de l’injustice, minimiser la question palestinienne pour en faire un problème uniquement humanitaire. Ils parlent de remplacer l’UNRWA par un autre organisme, qui serait plus complaisant.
L’UNRWA incarne la reconnaissance politique du droit au retour. Avant la guerre, elle assistait à Gaza 1,7 million de personnes, les réfugiés et leurs descendants, qui constituent 75 % de la population de Gaza. Aujourd’hui, elle porte secours à la totalité des Gazaouis. Nous sommes tous des réfugiés. L’UNRWA, c’est l’éducation, les écoles, des services de santé, des cliniques, des services d’embauche. Elle emploie environ 13 000 personnes à Gaza. L’UNRWA c’est l’eau, c’est la nourriture, les infrastructures, la propreté, le nettoyage, c’est tout. C’est la vie pour les Palestiniens, et surtout ceux qui ont un statut de réfugié.
Ils font la guerre au droit depuis longtemps
Les Israéliens ne commettent pas seulement des massacres, ils détruisent aussi l’histoire des Palestiniens de Gaza. Ils ont bombardé et rasé à l’explosif les musées, les sites archéologiques, les universités. Même l’ancien hammam, vieux de plus de mille ans. Ils ne veulent plus aucune trace historique du lien entre cette terre et les Palestiniens. Maintenant, ils veulent effacer leur existence politique. L’UNRWA, c’est le symbole de la présence politique des Palestiniens, et l’affirmation que l’occupant est en train de tout voler, non seulement la terre, mais notre patrimoine, notre histoire, notre culture, et jusqu’à notre art de la broderie et notre gastronomie, en présentant les falafels ou le houmous comme des « plats israéliens ».
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Source : ORIENT XXI