Une manifestation devant la prison de...

mardi 9 avril 2024

Une manifestation devant la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) pour exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Ils étaient nombreux, samedi, à Lannemezan, pour réclamer la libération du militant communiste libanais. Âgé de 73 ans, le défenseur de la cause palestinienne n’a jamais quitté, depuis 1984, l’enceinte d’une prison française.

« J’ai rejoint celles et ceux qui réclament depuis toutes ces années la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Qui veulent mettre fin à un déni de justice et d’humanité. Mettre fin à un déshonneur. Celui d’une France oublieuse, ici, des droits de l’homme. C’est un combat dont je suis fière… »

Ces mots d’engagement sont ceux d’Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022, transmis ce samedi 6 avril au plus ancien prisonnier politique d’Europe détenu depuis bientôt quarante ans dans une prison française. Et d’interpeller ainsi le président de la République : «  Ne permettez pas que la France soit le premier pays européen qui aura condamné à une mort lente un combattant et un intellectuel dont la lutte pour l’existence de la Palestine sera reconnue et saluée comme légitime. »

Ce message, lu samedi après-midi devant quelque 2 000 manifestants rassemblés devant le centre pénitentiaire de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), ne peut que conforter la mobilisation grandissante en faveur du militant communiste libanais incarcéré, pourtant libérable en droit français depuis 1999.

Pour José Navarro, l’un des animateurs du collectif Tarbes intègre : «  C’est la plus forte mobilisation depuis quinze ans, nous le devons à l’appel commun de 13 organisations, à la participation de fortes délégations venues de plusieurs régions de France ainsi qu’à la présence de plusieurs parlementaires " (1.)

Une nouvelle demande de libération a été déposée en juin dernier

Lors de la conférence de presse précédant le départ de la manifestation, des représentants d’organisations signataires tiennent à souligner l’urgence de la libération de Georges Abdallah. Citons, pour la CGT, les secrétaires des unions départementales Cédric Caubère pour la Haute-Garonne, Olivier Mateu pour les Bouches-du-Rhône. Selon François Rippe, vice-président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS) : « À travers lui, nous reconnaissons le juste combat de la cause palestinienne et nous ne lâcherons rien tant qu’il ne sera pas libéré. »

Me Jean-Louis Chalanset, avocat du détenu, informe des démarches judiciaires en cours. À plusieurs reprises, dont en 2003 et en 2012, la justice d’application des peines se prononce pour la libération du militant libanais emprisonné. Cependant les gouvernements de Jean-Pierre Raffarin puis de Jean-Marc Ayrault s’y opposent sous la pression des ambassades américaine et israélienne.

En 1987, George Ibrahim Abdallah avait été condamné pour « complicité d’assassinat » de diplomates de ces deux pays. « Ce ne sont pas seulement les États-Unis et Israël qui bloquent, c’est avant tout la politique française qui refuse la libération de ce militant libanais marxiste soutenant la cause palestinienne », confirme l’avocat.

Il dénonce un procès tout à fait inique pour des faits de détention d’armes dans le contexte de l’époque, marqué par l’invasion du Liban par Israël. Une nouvelle demande de libération a été déposée en juin 2023. Acceptée, il suffirait d’un arrêté d’expulsion pour que le militant retourne enfin dans son pays.

Encore faut-il qu’une commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté instituée en 2007 par Rachida Dati, alors garde des Sceaux, donne son avis. Or, sa récente réponse reste négative et scandalise Me Chalanset. Selon cette commission, Georges Abdallah « présenterait toujours un danger car, libéré, il pourrait constituer un facteur de trouble dans son pays  ».

Condamné à une mort lente

Georges Ibrahim Abdallah est aujourd’hui condamné à une mort lente, dénoncent les parlementaires présents à Lannemezan. Pour Andrée Taurinya (FI) : «  C’est une situation dénoncée par la Convention des droits de l’homme et, une nouvelle fois, la France est montrée du doigt". . Avec le député communiste André Chassaigne, président du groupe GDR, elle est à l’initiative d’une tribune commune signée déjà par de nombreux parlementaires.

Une tribune qui doit encore s’élargir à celles et ceux attachés aux valeurs de justice, insiste Elsa Faucillon. L’élue communiste des Hauts-de-Seine s’est longuement entretenue avec Georges Abdallah samedi matin au parloir de la prison. « L’homme est impressionnant par sa forme physique et intellectuelle. Une personnalité exceptionnelle. Il se vit en permanence comme un militant communiste. Cette force du militantisme et ce refus de la culture du vide lui permettent de rester debout », témoigne-t-elle à sa sortie.

Selon les mots du détenu : « Le cérémonial judiciaire reste une formalité, je serai libéré en fonction du rapport de force. » Et d’insister sur l’important à ses yeux d’amplifier partout dans le monde le combat pour la cause palestinienne et contre l’impérialisme.

Source  : L’HUMANITE

1. Elsa Faucillon, députée PCF ; Sylvie Ferrer, Andrée Taurinya, Karen Erodi, Pascale Martin, députées FI. ↩︎


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