Face à Israël, les Palestiniens tentent de retrouver leur unité
Le gouvernement, venu de Cisjordanie, se réunira à Gaza la semaine prochaine. À l’ONU, Mahmoud Abbas a mis en garde contre la destruction de la solution à deux États.
La semaine dernière, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, Mahmoud Abbas s’est exprimé au nom de la Palestine. Un discours grave, prononcé par celui qui représente un peuple occupé depuis des décennies. À la tribune, il a dit la réalité quotidienne des Palestiniens et dénoncé la politique israélienne. L’occupation, la colonisation, les incursions militaires, les exactions des colons, les bombardements sur Gaza, soumis à un blocus inhumain. Une politique menée « en contravention avec toutes les conventions internationales ». Auparavant, à cette même tribune, le président de l’Autorité palestinienne avait appelé à faire de 2017 « l’année de la fin de l’occupation israélienne ».
Israël refuse toujours de reconnaître les frontières de 1967
Abbas avait déjà redit pourtant sa volonté de paix, celle de son peuple, et son attachement à une solution à deux États. « Nous avons reconnu Israël dans les frontières de 1967. Mais le refus continu d’Israël de reconnaître ces frontières a remis en question la reconnaissance mutuelle que nous avions signée à Oslo en 1993. » Il a rappelé que, quelles que soient les initiatives prises, Israël trouve toujours les moyens de s’y soustraire : initiative arabe de 2002, la feuille de route...
Reprenant à nouveau ses arguments, Mahmoud Abbas, la semaine dernière, soulignait avec courage que mettre un terme à l’occupation israélienne serait un élément fort dans la lutte contre le terrorisme, en empêchant les groupes djihadistes d’utiliser la cause palestinienne « pour promouvoir leurs idées répugnantes ». Mais, aujourd’hui, la situation est telle que « la solution à deux États est en danger ». À cette aune, le président palestinien a mis en garde la « communauté internationale ». Si la solution à deux États venait à être totalement impossible, ce qui signifierait l’existence d’un seul État, Israël, alors « nous n’aurions plus d’autres choix que de continuer la lutte et exiger des droits pleins et égaux pour tous les habitants de la Palestine historique ».
En clair, les déclarations de l’ONU ou des différents pays rappelant leur attachement à une solution à deux États ne sont plus suffisantes. Des actions concrètes doivent maintenant être prises. Pour l’heure, cet appel de Mahmoud Abbas n’a pas reçu de réponse. Benyamin Netanyahou, lui, à cette même tribune, a épousé le langage guerrier de Trump contre l’Iran, redit que Jérusalem était la « capitale une et indivisible » d’Israël et s’est permis cette phrase : « Israël s’est engagé à parvenir à la paix avec tous ses voisins arabes, y compris les Palestiniens. »
Le Hamas est prêt à reprendre les discussions avec l’OLP
Pour les Palestiniens, face à l’occupation et aux prétentions israéliennes de la poursuivre, l’heure de l’unité a sonné. Le Hamas aurait pu durcir sa position au vu des nouveaux développements internationaux, notamment l’isolement du Qatar, l’un de ses principaux soutiens, et la crise humanitaire qui sévit à Gaza. Au lieu de cela, il s’est dit prêt à reprendre les discussions avec l’OLP Sans conditions, et pour la mise . en place d’un gouvernement d’union nationale. Pour preuve de sa bonne volonté, le Hamas a démantelé le comité administratif chargé de gérer la bande de Gaza.
Preuve encore que les choses avancent, le premier ministre palestinien, Rami Hamdallah, se rendra le 2 octobre dans la bande de Gaza, sa première visite depuis 2015. Le gouvernement palestinien y tiendra sa réunion hebdomadaire « afin de commencer à prendre le contrôle des responsabilités ». La voie est cependant étroite. Les pressions exercées de toutes parts se situent dans le cadre d’une nouvelle stratégie américaine visant à rapprocher Tel-Aviv et un certain nombre de pays arabes, dont les pays du Golfe et les deux États ayant signé une paix avec Israël, la Jordanie et l’Égypte. Pas pour obtenir la création d’un État palestinien, mais plutôt pour bâtir une coalition régionale contre l’Iran. Pour cela, le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi qualifié de « courageux » par Netanyahou et qui contribue au blocus de Gaza , veut se poser comme garant des discussions interpalestiniennes. Pour éviter toutes les chausse-trappes et se garder d’être eux-mêmes emportés, les dirigeants palestiniens quels qu’ils soient doivent savoir maintenant mobiliser leur peuple, dont la patience est à bout après cinquante ans d’occupation.
PIERRE BARBANCEY - l’Humanité - mardi 26 septembre 2017
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