Gaza, la trahison
Par Samah Jabr
Gaza se trouve à moins de 100 kilomètres de Jérusalem. Elle est délibérément placée hors d’atteinte, séparée par trois frontières visibles. La frontière israélienne est le principal obstacle, mais il en existe deux autres, chacun affirmant l’autorité de l’une des deux factions palestiniennes en conflit : l’Autorité palestinienne de Ramallah et le gouvernement de Gaza.
Mars 2014 - Un garçon palestinien attend avec sa famille au passage de Rafah entre l’Égypte et le sud de la bande de Gaza - Photo : Ibraheem Abu Mustafa
De manière moins visible, nous sommes empêchés d’atteindre Gaza pour cause de siège diplomatique qui a créé des interdictions institutionnelles. Mais même lorsque la permission gouvernementale officielle d’entrer à Gaza est accordée, nous sommes souvent obligés de penser aux conséquences institutionnelles.
Récemment, après trois tentatives pour entrer à Gaza dans le cadre d’une >mission médicale, j’ai réussi à obtenir tous les papiers nécessaires et à contourner le veto institutionnel. J’ai été engagée comme consultante par Médecins du Monde (MDM) Espagne pour former et superviser des psychologues travaillant pour le ministère de la santé et le ministère de l’éducation sur la gestion des conditions liées aux traumatismes chez les enfants.
Au checkpoint d’Erez, la transition entre le dernier quartier israélien d’Ashkelon et le premier quartier gazaoui de Beit Hanoun ressemblait à un voyage de plusieurs dizaines d’années en arrière.
Du côté israélien, vous voyez des bâtiments modernes, des voitures de luxe et des rues larges et modernisées, tandis qu’en entrant dans Gaza, vous êtes confronté à des infrastructures détériorées, des chaussées défoncées, des charrettes tirées par des animaux, des espaces de vie surpeuplés, une multitude d’enfants jouant dans les rues, des fils denses de linge accrochés aux bâtiments, et des visages fatigués qui vous regardent d’un air un peu inquisiteur, se demandant peut-être : “Pourquoi quelqu’un viendrait-il à Gaza ?”