Ahmad Zahran entame le 113e jour de grève de la faim : la liberté maintenant !
Dernière nouvelle (le 13 janvier 2020 à 22h) : Ahmad Zahran vient de suspendre sa grève de la faim après avoir obtenu l’assurance de sa libération le 25 février. Il a fallut 113 jours de grève de la faim pour obtenir cette promesse.
Le prisonnier palestinien Ahmad Zahran, emprisonné sans inculpation ni jugement en détention administrative israélienne depuis mars 2019, est en grève de la faim depuis 113 jours. Il réclame la libération de la détention administrative et a lancé sa grève après que sa détention ait été renouvelée par un ordre militaire israélien. Il avait auparavant lancé une grève de la faim de 39 jours, qui s’est terminée par une promesse de libération que l’armée israélienne a ignoré, renouvelant son ordre de détention sans inculpation.
Zahran, 42 ans et père de quatre enfants du village de Deir Abu Mishaal près de Ramallah, a perdu plus de 35 kilos (77 livres) pendant sa grève de la faim. La Commission palestinienne des affaires des prisonniers signale qu’il est incapable de marcher et qu’il souffre dans tout le corps. Néanmoins, il est transféré à plusieurs reprises entre l’hôpital civil de Kaplan et la clinique de la prison de Ramleh, en dépit du fait que ces transferts sont très épuisants pour le gréviste de la faim déjà fragile. Sa famille a caractérisé les transferts en cours comme une autre forme de pression qui lui était imposée pour tenter de briser sa grève. Les prisonniers palestiniens amenés dans des hôpitaux civils israéliens sont régulièrement enchaînés à leurs lits d’hôpital, même s’ils sont gravement malades ou inconscients.
De plus, ils ont noté qu’il n’avait reçu la visite ni de son avocat ni du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) depuis une semaine en raison de ces transferts si fréquents. Le 7 janvier, le tribunal militaire d’Ofer a rejeté son appel contre sa détention administrative après des semaines de retard et l’a appelé à mettre fin à sa grève.
Au sein des prisons, d’autres Palestiniens continuent de soutenir Zahran. Jamil Ankoush, un autre prisonnier emprisonné depuis près de 20 ans, a entamé une grève de la faim de 16 jours pour demander la mise en œuvre de la demande de liberté de Zahran. Dans le passé, Zahran a été emprisonné pendant près de 15 ans à la suite de multiples arrestations.
Dans la ville de Gaza, des groupes de scouts progressistes ont organisé une journée des jeunes pour soutenir Ahmad Zahran le 11 janvier,soutenant sa grève de la faim contre la détention administrative. Des enfants palestiniens ont appris le cas de Zahran, sa grève de la faim et l’histoire du mouvement des prisonniers palestiniens, y compris les grèves de la faim. Ils ont également présenté Zahran et leur travail en tant que groupes de jeunes à Gaza à une délégation italienne en solidarité avec la Palestine visitant la bande de Gaza.
Des scouts palestiniens à Gaza soutiennent Ahmad Zahran. Photo : Hadf News
Zahran a déclaré dans un communiqué publié par sa famille : « Je ne me soumettrai pas à l’occupant. Je ne resterai pas silencieux face aux crimes. Je vais élever ma voix fort. Si je deviens muet, je parlerai avec mes yeux et avec mon cœur. Si je l’affronte avec mon estomac vide et mon corps mince, c’est un cri de ma conscience à la conscience de tous les gens dans le monde qui aiment la liberté. Je sais que moi, mes quatre enfants, ma femme, ma famille proche et élargie ne sommes pas seuls. À nos côtés se trouvent tous les peuples épris de liberté du monde, et par conséquent, cette lutte se poursuivra jusqu’à la victoire. »
L’épouse de Zahran, Karima, a déclaré que leurs quatre enfants , âgés de 7 à 15 ans, attendaient avec impatience des nouvelles de sa situation. Elle a déclaré à Hadf News qu’ils avaient dû vivre pendant de nombreuses années sans leur père, en raison d’arrestations répétées par les forces d’occupation israéliennes, mais qu’ils souffraient de son absence. « Leurs célébrations ne sont pas heureuses, leurs jours ne sont pas des jours, et même leur joie n’est pas une vraie joie. Ils se réveillent et demandent chaque jour : y a-t-il quelque chose de nouveau à propos de notre père ? Pouvons-nous entendre sa voix lors d’un appel ? Y a-t-il une décision de nous laisser le voir ? Pourquoi est-il interdit de le voir de toute façon ? »
Les associations de prisonniers ont souligné qu’il y avait une tentative délibérée de la part des autorités d’occupation israéliennes, en particulier des services de renseignement, de bloquer tout accord qui conduirait à sa libération. Le Shin Bet a demandé à Zahran d’arrêter sa grève de la faim afin qu’ils puissent l’interroger, ce qu’il a refusé. Bien qu’il ne l’ait pas interrogé depuis son arrestation, ils ont également exhorté le tribunal militaire d’Ofer à retarder toute action dans cette affaire afin qu’il puisse être interrogé et éventuellement inculpé devant les tribunaux militaires.
Les associations politiques et sociales de Ramallah et d’al-Bireh ont appelé à l’action pour soutenir les prisonniers. Mardi 14 janvier, ils ont appelé à participer à une manifestation à 13 heures sur la place Al-Manara à Ramallah en soutien à Ahmad Zahran et à ses codétenus palestiniens. La manifestation mettra également l’accent sur la nécessité d’une mobilisation pour défendre les maisons des prisonniers ciblés pour démolition par les forces d’occupation israéliennes à Bir Zeit, al-Tira et ailleurs.
Zahran est l’un des quelque 450 Palestiniens détenus en détention administrative, sur un total d’environ 5 000 prisonniers politiques palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Ces ordonnances de détention, introduites en Palestine par le mandat colonial britannique puis adoptées par le projet sioniste, sont délivrées pour une durée pouvant aller jusqu’à six mois à la fois mais sont indéfiniment renouvelables sur la base de « preuves secrètes ». Les Palestiniens peuvent être emprisonnés pendant des années à un délai en raison d’ordonnances de détention indéfiniment renouvelables.
Le réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens de Samidoun, dont le Collectif Palestine Vaincra est membre, réitère notre solidarité pleine et entière avec Ahmad Zahran et tous les prisonniers palestiniens qui luttent pour la liberté. Nous appelons tous les partisans de la justice du monde entier à prendre position avec Ahmad Zahran, dont la vie est en jeu alors qu’il lutte pour mettre fin à la détention administrative. La solidarité internationale peut être importante pour montrer aux prisonniers palestiniens comme Ahmad Zahran qu’ils ne sont pas oubliés et pour faire pression sur l’État israélien – et les gouvernements qui le soutiennent – pour aider Zahran à remporter la victoire pour la justice et la liberté.
Source : Samidoun – Traduction : Collectif Palestine Vaincra