La fin de l’unilatéralisme israélien
Jusqu’à récemment, la politique israélienne importait peu aux Palestiniens. Bien que le peuple palestinien ait maintenu ses exigences politique dans les conditions les plus difficiles, son action collective a rarement eu d’impact en Israël, en partie à cause de l’énorme écart de pouvoir entre les deux parties.
15 mai 2022 - Des étudiants palestiniens commémorent le 74e jour de la Nakba à l’Université de Tel Aviv. Au moins trois étudiants ont été arrêtés par la police israélienne. Une contre-manifestation de nationalistes israéliens a eu lieu devant la cérémonie. En 1948-49, Israël a été proclamé État, la moitié de la population palestinienne de la Palestine mandataire (750 000) est devenue réfugiée de force et la moitié des villages et villes palestiniens ont été dépeuplés et détruits (531). À ce jour, Israël interdit le retour des réfugiés palestiniens tout en imposant un régime ségrégationniste à la plupart de ceux qui sont restés - Photo : Keren Manor/ ActiveStills
Maintenant que les Israéliens se lancent dans leur cinquième élection en moins de quatre ans, il est important de soulever la question : « Comment la Palestine et les Palestiniens prennent-ils en compte la politique israélienne ? »
Les politiciens et les médias israéliens, même ceux qui dénoncent l’échec du « processus de paix », conviennent que la paix avec les Palestiniens n’est plus un facteur pertinent et que la politique israélienne tourne presque entièrement autour des propres priorités socio-économiques, politiques et stratégiques d’Israël.
Ceci, cependant, n’est pas totalement exact.
Bien que ce soit un fait qu’aucun des principaux dirigeants politiques israéliens n’est engagé dans un dialogue sur les droits des Palestiniens, une paix juste ou la coexistence, la Palestine reste un facteur majeur dans la campagne électorale de la plupart des partis politiques israéliens.
Au lieu de prôner la paix, ces camps prônent des idées violentes et sinistres, allant de l’expansion des colonies juives illégales jusqu’à la reconstruction du prétendu « Troisième Temple » – donc la destruction de la mosquée Al-Aqsa.
Le premier camp est représenté par les ex-Premiers ministres Benjamin Netanyahu et Naftali Bennett, et le second par des personnages encore plus extrémistes et fascisants comme Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.
Par conséquent, la Palestine a toujours pris en compte la politique israélienne si brutale et vulgaire. Avant même l’établissement de l’État d’Israël sur les ruines de la Palestine historique en 1948, le mouvement sioniste avait compris qu’un « État juif » ne pouvait exister et maintenir sa majorité juive que par la force, et seulement lorsque la Palestine et le peuple palestinien cesseront d’exister.
« Le sionisme est une aventure colonisatrice et, par conséquent, il tient ou tombe sur la question des forces armées », a écrit l’idéologue sioniste Ze’ev Jabotinsky il y a près d’un siècle. Cette philosophie de la violence continue d’imprégner la pensée sioniste à ce jour. « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Vous devez vous salir les mains », a déclaré l’historien israélien Benny Morris dans une interview en 2004, en référence à la Nakba et à la dépossession qui a suivi du peuple palestinien.
Jusqu’à la guerre de 1967, les États arabes et le mouvement palestinien comptaient, dans une certaine mesure, pour Israël. La résistance palestinienne et arabe a cimenté le programme politique palestinien pendant des décennies.
Cependant, l’issue dévastatrice de la guerre, qui, une fois de plus, a démontré la centralité de la violence dans l’existence d’Israël, a relégué les Palestiniens à une insignifiance politique et a presque entièrement écarté les Arabes.
Depuis lors, les Palestiniens ont compté pour Israël sur la base presque exclusive des priorités israéliennes. Par exemple, les dirigeants israéliens ont montré leurs muscles devant leurs électeurs en attaquant des camps d’entraînement palestiniens en Jordanie, au Liban et ailleurs.
Les Palestiniens ont également été pris en compte en tant que nouvelle main-d’œuvre bon marché d’Israël. D’une manière ironique mais aussi tragique, ce sont les Palestiniens qui ont construit Israël après la défaite humiliante de la Naksa, ou le revers, en 1967.
Les premières étapes du « processus de paix », en particulier lors des pourparlers de Madrid en 1991, ont donné la fausse impression que les revendications palestiniennes se traduisait enfin en résultats tangibles.
Cet espoir s’est cependant rapidement évaporé alors que les colonies juives illégales continuaient de s’étendre et que les Palestiniens continuaient de perdre leurs terres et leurs vies à un rythme sans précédent.
L’exemple ultime du mépris total d’Israël pour les Palestiniens était le soi-disant « plan de désengagement » mené à Gaza par feu le Premier ministre israélien Ariel Sharon en 2005.