La torture fait partie intégrante du système carcéral israélien
La famille d’Arafat Jaradat en larmes lors de ses funérailles dans le village occupé de Sair, en Cisjordanie, le 25 février 2013. Ce père de deux enfants est décédé après un interrogatoire à la prison Megiddo d’Israël et une autopsie a révélé qu’il avait été torturé – Photo : Oren Ziv ActiveStills
Par Zarefah Baroud
Israël est signataire de la Convention contre la torture et pourtant il continue à torturer les Palestiniens en toute impunité.
Le 15 juin 2016, les forces israéliennes ont arrêté Mohammed El-Halabi, le directeur de la branche de Gaza de World Vision, une organisation chrétienne d’aide humanitaire. Mohammed était accusé d’avoir détourné de l’argent de World Vision vers des groupes de résistance à Gaza.
Les enquêtes menées à la fois par World Vision et par le gouvernement australien n’ont trouvé aucune preuve de détournement ou de mauvaise utilisation des fonds.
Mohammed a néanmoins été soumis à 52 jours d’interrogatoire et de torture. Son père, Khalil El-Halabi, a témoigné des tortures subies par son fils pendant ces mois de détention : “Les agents des services de renseignement israéliens lui ont placé un sac sale sur la tête et l’ont pendu au plafond pendant de longues périodes.”
Mohammed a également été privé de sommeil et fréquemment tabassé par les officiers israéliens qui le giflaient, “lui donnaient des coups de pied, en particulier dans les parties génitales, puis l’étranglaient jusqu’à ce qu’il ait l’impression d’être sur le point de mourir… Parfois, ils le plaçaient dans une petite pièce et jouaient de la musique extrêmement forte jusqu’à ce que la douleur dans ses oreilles devienne insupportable. En été, ils le déshabillaient, puis le soumettaient à des jets d’air chaud. Ils répétaient le même processus en hiver, mais avec de l’air froid, à la place.”
Plus de cinq ans plus tard, Mohammed est toujours en détention en Israël.
Pour les détenus palestiniens en Israël, ces expériences sont malheureusement loin d’être exceptionnelles. À l’occasion du 37e anniversaire de la rédaction par les Nations Unies de la Convention contre la torture (UNCAT), la communauté internationale doit exiger qu’il soit mis fin à la torture systémique des détenus palestiniens par Israël.
L’UNCAT a été mise en œuvre le 26 juin 1987 et ratifiée par Israël le 3 octobre 1991. La participation d’Israël peut sembler surprenante au vu des nombreuses violations des droits de l’homme dont il a été accusé au cours des dernières décennies, y compris le recours à la torture, par des organisations de défense des droits de l’homme très respectées, telles qu’Amnesty International et Human Rights Watch.
Jusqu’en 1999, la torture était considérée comme un moyen légal d’obtenir des aveux en Israël, en particulier pour les détenus palestiniens “de sécurité”.
Cependant, une fois qu’elle a été rendue illégale par la Cour suprême d’Israël, le procureur général israélien a promis de protéger tout interrogateur qui continuerait à utiliser des “moyens spéciaux”. Et en effet, des moyens spéciaux ont continué à être employés, Israël faisant de larges exceptions à cette loi, notamment dans ce qu’il appelle les scénarios de “bombe à retardement”.
Selon Amnesty International, “les agents du Shin Bet ont torturé des centaines de Palestiniens en invoquant le scénario de la “bombe à retardement”.”