Les dérives politiques de Netanyahou sont inquiétantes mais les violations du droit international par Israël le sont plus encore
Lorsque Netanyahou a proposé une réforme permettant au Parlement de contourner la Cour suprême israélienne, les libéraux ont craint la fin de l’État de droit en Israël. Mais Israël n’a jamais respecté l’état de droit, et les libéraux du pays s’en sont assurés.
Source : Jacobin Mag, Jacob Batinga
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Voir l’image ICIUn soldat israélien en train de viser pendant que d’autres font du shopping dans la vile de Hawara, au sud de Naplouse, en Cisjordanie. 25 mars 2023. (Nasser Ishtayeh / SOPA Images / LightRocket via Getty Images)
La tentative du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de réduire profondément le pouvoir de la cour suprême israélienne, rendue possible par le soutien des partis d’extrême droite Likoud et Otzma Yehudit, a déclenché une des plus importantes vagues de protestation dans l’histoire du pays. Plusieurs centaines de milliers d’Israéliens continuent de manifester contre cette proposition de loi, qui permettrait à la Knesset de contourner les décisions de la cour suprême avec un vote à la majorité et de saper l’indépendance de la justice du pays.
Aux Etats-Unis la tentative d’affaiblir la cour a suscité de vives critiques aussi bien des détracteurs que des soutiens d’Israël. Dans une lettre au président Biden, plus de 90 Démocrates ont déclaré être « profondément inquiets » de la tentative de réforme judiciaire tentée par Netanyahu et l’éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman, a déclaré : « Netanyahou est en train de diviser la société israélienne. » La critique d’Israël n’est pas un fait nouveau au sein de la gauche américaine qui considère depuis longtemps que Netanyahou est un paria.
Derrière les craintes de la fin de l’Israël libéral se cache l’accord général, dans ce qui est comiquement appelé la démocratie la plus réussie du Moyen-Orient, sur la nécessité de violer systématiquement les droits humains des Palestiniens. Les violations du droit international par Israël – notamment l’occupation, soutenue et subventionnée par les États-Unis, de la Cisjordanie, du plateau du Golan et de la bande de Gaza, ainsi que les attaques régulières contre les nations voisines – sont des points sur lesquels les partis de l’ensemble du spectre politique sont d’accord.
Ehud Olmert et Tzipi Livni, qui ont présidé « le gouvernement le plus à gauche », selon Avigdor Lieberman, ont durci le blocus de Gaza, étendu les colonies en Cisjordanie et lancé l’assaut le plus mortel de l’histoire d’Israël.
Les libéraux, qui s’inquiètent que l’extrême droite israélienne mette un terme à l’Etat de droit, ont souvent été incapables de voir des analogies entre la politique intérieure et étrangère du pays. Le taux d’expansion des colonies en Cisjordanie démontre le large consensus entre les politiciens israéliens pour lesquels Israël n’a pas besoin de se plier au droit international. Alors qu’il est évident qu’on viole le 4e amendement de la Convention de Genève en déplaçant des populations civiles dans des territoires occupés, Israël a constamment augmenté le nombre de colons en Cisjordanie durant les quatre dernières décennies, que le gouvernement en place soit considéré de droite, de gauche ou centriste.