A propos de Jacques Soncin

mercredi 5 avril 2023

Jacques SONCIN, Consultant médias, militant à EELV Marseille, Président de l’Institut Panos Europe, écrivain et journaliste, est décédé.
Outre la cérémonie d’adieux à St Pierre ce mercredi 5 avril à 10h au funérarium, il y aura une rencontre hommage à la mairie centrale le 11 avril à 19h.

Jacques Soncin est devant, au centre, en blouson sans casque

Enfance de Jacques Soncin

Jacques Soncin est né à Nîmes le 28 juillet 1946. Il grandit dans une villa dans les hauts de la ville avec ses parents, sa grande sœur, Annie, et son frère, Henri. Il suit une scolarité normale, primaire au collège Saint-Stanislas et secondaire au lycée Alphonse Daudet. Après une bagarre d’enfants qui lui a laissé une grave blessure, il connaît une adolescence agitée. A 14 ans, en 1960, il participe à sa première manifestation : Pour la paix en Algérie. Vers l’âge de 18 ans, ses rapports, toujours difficiles, avec son père se dégradent et il quitte le foyer familial. Il enchaîne des petits boulots puis présente son bac en candidat libre. En 1967, il commence des études de Médecine à la faculté de la Timone à Marseille. En mai 1968, il est au cœur du mouvement étudiant. Très militant, il continue son cursus universitaire jusqu’en quatrième année de deuxième cycle (6ème année). Là il intervient violemment dans le cadre de son stage hospitalier contre des actes racistes de la part d’un médecin du service. Il est contraint de quitter la fac. Dans la même époque, en 1973, le développement d’une terrible campagne raciste, le place au centre d’une véritable tentative de liquidation : condamné à mort par les groupes néo-nazis, menacé par le quotidien d’extrême-droite « Le Méridional », il est harcelé par la police. La vie à Marseille devient impossible pour lui, et, en 1974, il quitte Marseille.

Militant politique

Jacques Soncin est très actif durant le mouvement de mai 1968. Leader étudiant sur le campus de Luminy, vice-président de l’Association générale des étudiants de Marseille (AGEM UNEF), il est l’une des figures du mouvement étudiant. Après mai 68, il milite dans plusieurs groupuscules d’extrême gauche, parmi les plus radicaux. Dans cette période, il est particulièrement actif sur les questions de racisme, de solidarité aux immigrés, et de solidarité internationale, notamment celle concernant le Vietnam, la Palestine et les mouvements de libération en Afrique. Il s’oppose fermement à la brutalité policière visant la destruction des bidonvilles à Marseille. Arrêté, il passe un mois en prison pour avoir entravé l’avancée des bulldozers, alors que les gens n’avaient même pas pu sortir toutes leurs affaires des cabanes vouées à la destruction. Ensuite, il participe à la mise en place du groupe Révolution. En médecine, avec les autres membres du Comité de lutte, il se fixe pour objectif le démantèlement de la Corpo, qui regroupe toute l’extrême droite. Il s’en suit des bagarres extrêmement violentes, qui se termineront par la démission du doyen, la fin de la Corpo et… sa quasi-exclusion de la fac. Après un grand meeting contre le racisme avec de nombreuses personnalités nationales dont il assure la protection, les flics tentent de s’emparer de lui, il est contraint de se cacher, et la vie devient vite impossible pour lui à Marseille.

Fin 1973, il s’installe à Montbéliard, puis Belfort. Le fait d’avoir validé cinq années de médecine lui donne l’équivalence du diplôme d’infirmier. Il travaille à l’hôpital de Belfort et il milite pour développer le groupe Révolution dans la région Nord-Est de la France. En 1976 Révolution fusionne avec une partie du PSU et devient l’Organisation communiste des travailleurs. Après une année d’intense développement, l’OCT entre en crise et Jacques Soncin est appelé à Paris où il déménage en décembre 1977. En pleine crise du groupe, le 22 mars 1978, il est enlevé avec sa camarade, une stagiaire allemande, récemment arrivée en France, par un groupe de policiers qui a fait irruption chez elle. Ils sont séparés. Il est relâché quelques heures plus tard. Il retrouve la jeune femme dans un hôpital parisien, gravement blessée, visiblement torturée et totalement amnésique de ce qui vient de se passer. Un procès contre la police s’engage, qui va transformer leur vie en enfer. Pendant 4 ans, ils vont être confrontés à l’arrogance, au mensonge et à la déloyauté des institutions. Finalement, le juge prononcera un non-lieu évoquant la possibilité que la jeune femme se soit torturée elle-même pour compromettre la police ! Cette affaire qui se situe dans le contexte des années de plomb, la RAF en Allemagne, les Brigades rouges en Italie et Action directe en France a eu un impact important sur les motivations et la détermination de Jacques Soncin. A la tête de l’OCT, il devient le gérant des Editions GL et le directeur de publication de l’Etincelle, le mensuel de ce Mouvement. En 1981, après la victoire de Mitterrand à la présidentielle, il décide de quitter l’activité politique, du moins sous sa forme partidaire, et de se consacrer au travail de journaliste et de lutte médiatique. Il revient à Marseille et participe à la création de Radio Galère. Au niveau national, il se situe dans l’explosion des radios libres.
Jacques Soncin (1982)
Jacques Soncin (1982)

En 1983, il épouse Nedjma Ouari. Trois filles seront issues de cette union.

Directeur de Radio Galère

Dès que les financements le permettent, il est appelé à la direction de la radio. Il se consacre à la formation de l’équipe qu’il ouvre largement aux jeunes issus de l’immigration. Il fait un gros travail sur la programmation et s’occupe plus particulièrement de l’information. Il met en place un magazine, le dimanche matin, auquel il donne le nom de « Tirons la chasse », qui reprend de manière critique et humoristique l’actualité de la semaine. Très rapidement, Radio Galère devient la voix de la résistance à la montée du lepénisme et du Front national à Marseille. Anne Tristan note dans « AU FRONT », le livre qu’elle a écrit sur son entrisme dans le Front national marseillais, que le FN demandait l’interdiction de Radio Galère.

Dirigeant de la Confédération nationale des radios libres (CNRL)



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