Après des années de harcèlement, la communauté bédouine d’Al-Baq’aa forcée d’abandonner ses terres

dimanche 30 juillet 2023

Le lundi 10 juillet, la communauté bédouine d’Al-Baq’aa a dû abandonner ses terres à l’est de Jérusalem, dans le gouvernorat de Ramallah. Après des années de harcèlement et de violences venues de colons installés dans les avant-postes, des colonies illégales aux yeux du droit international et de la loi israélienne, installés autour de Jérusalem-Est occupée.

PNG - 158.6 ko Photo : Faiz Abu Ramileh

Cette communauté, qui abrite 33 bédouins dont une vingtaine d’enfants, fait face à des agressions de colons récurrentes depuis plusieurs années. C’est l’installation d’un nouvel avant-poste à la fin du mois de juin, et surtout la violente attaque dont a été victime la communauté le 7 juillet 2023.

Ce jour là un groupe de colons armés a attaqué le campement bédouin. Après des confrontations avec les habitant.es, les colons en partant ont décidé d’incendier les tentes des familles Eid Mleihat et Eid Kaabana. Heureusement, les familles n’étaient pas dans les tentes lors de ces attaques. Ce jour-là, la communauté bédouine de Baq’aa a du se réduire à abandonner sa terre.

Il convient de rappeler que des dizaines de communautés bédouines vivent actuellement à l’Est de Jérusalem, enclavées entre des colonies israéliennes, la route principale vers le sud de la Cisjordanie et plusieurs camps de réfugié.es.

Les bédouins de cette zone constituent donc un réel rempart vis-à-vis des velléités d’annexion que pourrait avoir le gouvernement israélien quant aux milliers d’hectares situés à l’est de Jérusalem, où sont implantés des milliers de colons autour de d’immenses colonies comme celle de Ma’ale Adumim, où vivent plus de 40 000 colons.

Le déplacement forcé des communautés bédouines n’est donc pas qu’un crime de guerre, c’est aussi un outil politique qu’utilise Israël pour faciliter la colonisation et renforcer les conditions d’une éventuelle annexion. Au regard du Droit international, ce cas s’inscrit intégralement dans la définition d’un déplacement forcé, puisque l’État israélien a créé, ou du moins n’a pas empêché la création d’un contexte invivable ayant forcé au déplacement de cette communauté.

Après Ras a-Tin et Ein Samiyah, Al-Baq’aa est la troisième communauté bédouine expulsée de ces terres en Cisjordanie occupée. Des dizaines d’autres sont aujourd’hui menacées. Les communautés bédouines sont aujourd’hui encore un rempart à la colonisation et l’occupation, et ces dernières paient un lourd tribut pour vouloir conserver leurs terres et leur mode de vie traditionnel.

Sources : Bt’Selem / Younis Tirawi