Qualifier le Hamas d’« organisation de résistants » est-il une apologie du terrorisme ?
Homme politique et personnalité des réseaux sociaux, Ismaël Boudjekada comparaissait à Nanterre pour des messages sur les réseaux sociaux qualifiés de « glorification du terrorisme » par les parties civiles. Une peine de douze mois de prison avec sursis a été requise. Décision le 20 juin.
Jérôme Hourdeaux, Mediapart, 7 juin 2024 à 08h38
C’est un maillot d’entraînement noir de l’équipe algérienne de football sur le dos et un keffieh sur les épaules que l’homme politique et personnalité des réseaux sociaux Ismaël Boudjekada est venu se défendre, jeudi 6 juin devant le tribunal de Nanterre, des accusations d’apologie du terrorisme portées contre lui.
Seul face aux cinq avocats des trois associations parties civiles – l’Organisation juive européenne (OJE), Avocats sans frontières et le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) –, l’élu municipal de la ville de Grand-Charmont, dans le Doubs, était poursuivi pour des messages postés deux jours après l’attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre.
Ismaël Boudjekada devant le tribunal de Nanterre, le 6 juin 2024. © Jérome Hourdeaux
Sur les réseaux sociaux X et TikTok, où il est particulièrement prolixe, Ismaël Boudjekada a publié de nombreuses vidéos et messages qui, selon la police, montrent un « soutien indéfectible aux Palestiniens », a rappelé en introduction le président de séance, Hugo Georges.
Mais parmi tous ces contenus, l’accusation vise en particulier une phrase, prononcée dans une vidéo publiée sur TikTok et postée sur X : « Vous l’avez suivi sur les réseaux sociaux, sur les chaînes d’information, le Hamas, organisation de résistants palestiniens, a mené une opération d’ampleur contre les colons israéliens. »
Une phrase qui a valu à son auteur vingt-quatre heures de garde à vue et une convocation au tribunal pour apologie du terrorisme « aggravée par le fait qu’elle a été commise par un moyen de communication publique en ligne », a détaillé le président.
Une première audience devait se tenir dès le 2 mai, mais l’affaire avait finalement été reportée en raison de l’absence de l’accusé, parti pour un séjour de plusieurs mois en Algérie dont il n’est rentré que peu avant sa nouvelle convocation.
En amont, les associations parties civiles et Ismaël Boudjekada avaient débuté leur confrontation sur le terrain des réseaux sociaux en y échangeant quelques messages, accusations et insultes. C’est donc dans une ambiance relativement tendue, renforcée par la présence dans la salle d’une quinzaine de soutiens de l’accusé, que s’est tenue cette nouvelle audience.
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