Cela fait plus de 200 jours que nous montrons les souffrances de Gaza. Ne détournez pas le regard maintenant.

vendredi 17 mai 2024

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Des Palestiniens sur le site d’une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 18 avril 2024. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

Les Palestiniens ont été les seuls journalistes à faire des reportages sur le terrain à Gaza. Pourtant, le monde semble se désintéresser de nos histoires. By Mohammed R. Mhawish, le 3 mai 2024

Alors que la guerre cruelle d’Israël contre Gaza dure depuis plus de 200 jours, le tribut qu’elle inflige au peuple palestinien ne cesse de s’alourdir. Les terres et la population de la bande de Gaza assiégée ont été anéanties à un degré jamais atteint depuis la Nakba de 1948. La famine et la malnutrition ont renforcé leur emprise, laissant des centaines de milliers de familles au nord et au sud désespérément à la recherche de nourriture et d’aide médicale alors qu’elles tentent désespérément de fuir la campagne de bombardements qui n’a pas cessé depuis octobre.

Les pertes que nous avons subies – et que nous continuons à compter – au cours des sept derniers mois sont incommensurables. Elles ne concernent pas seulement les maisons et les moyens de subsistance, mais aussi les rêves et les aspirations de générations entières. Et comme les responsables militaires et gouvernementaux israéliens promettent une incursion imminente dans la ville surpeuplée de Rafah, qui abrite aujourd’hui près des deux tiers de la population de Gaza, d’autres souffrances semblent se profiler à l’horizon.

Et pourtant, malgré cette situation dramatique, l’attention du monde se détourne. La communauté internationale semble de plus en plus indifférente à nos tourments. Il est douloureux de voir comment notre identité nous a condamnés à des souffrances disproportionnées et à être traités comme des moins que rien par ceux qui se trouvent au-delà de nos frontières.

Plutôt que d’offrir de l’espoir, les nouvelles des négociations infructueuses sur le cessez-le-feu sont devenues une forme de guerre psychologique. Chaque va-et-vient infructueux au cours des sept derniers mois n’a fait que briser davantage le moral de la population de Gaza. Les efforts diplomatiques n’ont pas permis de répondre aux besoins urgents de la population, qui ne demande rien de moins que la reconnaissance de son humanité et de sa dignité fondamentales. La couverture décevante des médias internationaux, qui amplifient souvent la voix des oppresseurs plutôt que celle des opprimés, ne fait qu’ajouter au sentiment de trahison et de complicité dans le massacre en cours de vies innocentes.

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Des Palestiniens sur le site d’une mosquée détruite par une frappe aérienne israélienne, près du camp de réfugiés de Shaboura à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 avril 2024. (Abed Rahim Khatib/Flash90)

En tant que journaliste et écrivain de Gaza, j’ai passé ces derniers mois à observer et à documenter les tragédies de la guerre. Grâce à mes reportages et aux entretiens que j’ai eus avec des habitants de toutes les régions de Gaza, j’ai pu constater le lourd tribut que ce bombardement prolongé a fait payer à mon peuple. Au cours de sept mois angoissants d’effusion de sang et de désespoir, j’ai vu notre quête de liberté et de fin de cette folie tragiquement déformée par les médias occidentaux qui l’ont assimilée à un « soutien à la terreur  ». Nos voix ont été réduites au silence, tandis que chaque atteinte à nos vies et à nos corps est cyniquement justifiée par les dirigeants israéliens au nom de la « sécurité  ».

Pour nous, journalistes palestiniens, rendre compte de la guerre à Gaza n’est pas seulement un travail – c’est un devoir national face à des chances écrasantes. Poursuivre cette entreprise est extrêmement difficile : face à un traumatisme et à une souffrance aussi écrasants, la priorité de nombreux journalistes, dont je fais partie, a été de fuir Gaza et de simplement survivre. Mais lorsque nos caméras sont brisées, il n’y a plus personne pour capturer la réalité brutale de l’agression israélienne contre une population vulnérable. Et lorsque nos voix sont réduites au silence, personne ne peut entendre nos appels à l’aide.

Pour lire la suite de l’article  : https://agencemediapalestine.fr/blo...

Source  : AGENCE MEDIA PALESTINE