« Chaleur et courage dans le camp de réfugiés de Jénine », par Gideon Levy
» Dans le camp de réfugiés de Jénine, j’ai vu beaucoup de belles choses. Un camp courageux, déterminé, bien organisé, imprégné d’un esprit combatif peut-être sans précédent dans l’histoire. Cela faisait quatre ans depuis ma dernière visite. Depuis un an, les Forces armées israéliennes n’ont pas osé envahir le camp lui-même, mais seulement sa périphérie. Pendant des années, l’Autorité palestinienne n’a pas pu y entrer. Aucun journaliste israélien, à part Amira Hass, ne s’est rendu ici ou n’a été recherché ici, suite à toutes les déceptions que les journalistes israéliens ont infligées aux habitants du camp.
"Chaleur et courage dans le camp de réfugiés de Jénine", par Gideon LevyUn café à Jénine (photo d’Alex Levac)
Mais cette semaine, je suis revenu avec le photographe Alex Levac. Ce fut une visite très émouvante mais aussi instructive. La ville de Jénine a eu 60 habitants tués au cours de la seule année dernière. Parmi eux, 38 étaient des résidents du camp, l’endroit qui ressemble le plus à la bande de Gaza à la fois dans son esprit et dans ses souffrances ; on retrouve la même chaleur humaine et le même courage dans ce camp de Jénine. La troisième section du cimetière des martyrs est déjà pleine, et une autre section doit être trouvée pour les victimes à venir.
Si l’armée israélienne envahit le camp, disent les gens ici, il y aura un massacre. Ils le disent sans la moindre trace de peur ou de vantardise. Le propriétaire du coin houmous à l’entrée du camp a subi un pontage depuis ma dernière visite. L’épouse du haut responsable du Hamas dans le camp, qui est emprisonné en Israël, est devenue aveugle. Un hôpital moderne a ouvert ses portes près du camp, et Jamal Zubeidi, le plus courageux et le plus noble de tous, a perdu son fils Naeem et son gendre Daoud au cours de l’année dernière. Daoud était à la fois le frère et le neveu de Zakaria Zubeidi.
Nous avons visité le camp ...