Cisjordanie. « Pour Israël, un bon journaliste palestinien est un journaliste mort »

dimanche 31 juillet 2022

Shatha Hanaysha n’a que 29 ans mais elle est déjà journaliste depuis sept ans. Une passion de toujours. « À l’âge de 6 ans, je disais que je voulais faire ce métier, parler des gens, de la société. On se moquait de moi. Mais j’ai gardé mon rêve. Je ne voulais pas traiter de la politique, mais lorsque j’ai commencé à travailler, j’ai compris que tout était lié, que notre vie quotidienne est politique. »

En 2019, Mo’ath Amarnih couvrait une mobilisation contre la confiscation des terres au nord d’Hébron. Visé par une balle, il a perdu un oeil. © Mussa Qawasma/Reuters

En quelques ­années, Shatha a acquis une expérience qu’aucune école de journalisme n’aurait pu lui dispenser. Cependant, le rêve a pris des allures de cauchemar. Il faut aujourd’hui toute sa force de caractère à la jeune femme pour poursuivre dans cette voie.

Face à nous, avant même de parler, Shatha ne parvient pas à retenir ses larmes. Le souvenir n’est pas inscrit que dans sa mémoire mais aussi – encore – dans son corps. Ce 11 mai, le jour venait à peine de se lever sur Jénine lorsque les véhicules de l’armée israélienne ont commencé à se positionner le long de la rue qui jouxte le camp de réfugiés – construit à flanc de colline – si imbriqué avec la ville qu’on passe de l’un à l’autre sans même le savoir. « Nous avions été prévenus et nous nous sommes retrouvés à six journalistes, parmi lesquels Ali Sammoudi et Shireen Abu Akleh, de la chaîne qatarienne Al Jazeera. » Lui est un vieux briscard du métier, elle, une figure reconnue dans la profession, particulièrement chez les femmes. « Pour nous, ce jour-là, tout se passait comme d’habitude, souligne Shatha. Rien ne laissait présager le drame. » Comme d’habitude…

« Les tirs ne se sont plus arrêtés »



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