Comment les associations américaines de santé mentale peuvent-elles justifier l’attaque génocidaire d’Israël contre Gaza ?
Comment les associations américaines de santé mentale peuvent elles justifier l’attaque génocidaire d’Israël contre Gaza ?
Gaza, le 10 octobre 2023 - Photo : Mohammed Zaanoun/ Activestills
Cette semaine, l’American Psychiatric Association (APA) a publié une déclaration sur les « attaques terroristes en Israël » et l’American Academy of Child & Adolescent Psychiatry (AACAP) a publié une réponse du même acabit aux « récentes attaques et actes de terreur en Israël ». Dans l’état actuel, il s’agit de condamnations très décevantes et unilatérales qui n’abordent pas l’occupation par Israël de la Palestine qui dure depuis 75 ans et les nombreuses atrocités commises à la rencontre des Palestiniens durant toute cette période.
Alors que l’APA dépeint la résistance palestinienne comme de l’antisémitisme et du terrorisme, le droit d’un peuple occupé à résister est à la fois légal en vertu du droit international et, comme la santé mentale elle-même, est un droit de l’homme fondamental.
L’effroyable injustice qui apparaît dans les positions de l’APA et de l’AACAP, reflète une dangereuse méconnaissance ou une ignorance délibérée des effets de l’occupation sur la santé physique et mentale des Palestiniens, et en particulier du siège de Gaza. En ne prenant pas en compte les souffrances à long terme des Palestiniens et en se rangeant sans équivoque du côté de l’occupant, l’APA et l’AACAP ont violé leurs propres principes d’impartialité et de neutralité et ont mis en évidence leur manque d’engagement à répondre aux besoins de tous en matière de santé mentale.
Des vies inégales
Les déclarations des principales associations psychiatriques mondiales négligent le contexte historique et ferment les yeux sur la population assiégée de Gaza, dont la moitié est constituée d’ enfants . Elles ne mentionnent pas les terribles bombardements de la petite enclave ni ce que de nombreux groupes de défense des droits qualifient aujourd’hui de génocide à la rencontre des Palestiniens.
De même, les déclarations ignorent totalement l’impact psychologique et le traumatisme de l’occupation. Les groupes de défense des droits ont documenté les conditions inhumaines depuis des années, notamment dans les rapports de Physicians for Human Rights , d’ Amnesty International et de Save the Children , entre autres.
Dans sa campagne brutale de punition collective , Israël a coupé la nourriture, le carburant, l’électricité, l’eau et les fournitures médicales et, pour la première fois depuis 1948 , a déplacé des centaines de milliers de Palestiniens qui ont été contraints de fuir leurs maisons .
Un tiers de plus de 2200 Palestiniens tués et de près de 9000 blessés à ce jour à Gaza sont des enfants, mais leur vie ne mérite apparemment pas d’être mentionnée par l’AACAP.
Même dans sa déclaration timide sur la « crise » actuelle à Gaza, l’AACAP ne peut se résoudre à « pleurer » les enfants tués, n’exprimant rien de plus qu’une vague préoccupation pour les « images » potentiellement pénibles auxquelles les enfants sont confrontés et pourraient être exposés. C’est comme si les jeunes adolescents n’avaient pas été contraints d’endurer cinq guerres israéliennes contre Gaza, qui ont fait de nombreuses victimes civiles, au cours des quinze dernières années.
Au-delà des violences horribles, Gaza a été épuisée par un blocus paralysant de 16 ans [de nourriture, de carburant, d’électricité, d’eau et de fournitures médicales], décrite comme une prison à ciel ouvert avec la plus forte densité de population. Ces derniers jours, plus d’un million de personnes ont reçu l’ordre d’Israël d’évacuer les lieux sans pouvoir aller nulle part.
Il semble évident que les préoccupations des professionnels de la santé mentale devraient s’étendre à toutes les personnes de la même manière. Qui mieux que les psychiatres peuvent comprendre l’importance de la liberté pour les êtres humains – pour les Palestiniens comme pour les Israéliens ? Sinon, la seule explication à ce deux poids deux mesures est que l’APA et l’AAPAC ont adopté en bloc le discours officiel d’Israël et sont incapables de considérer les Palestiniens comme des êtres humains.
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Source : 15 octobre 2023 – Middle East Eye – Traduction : Chronique de Palestine – Boutros