Deux mois après les bombardements, Gaza tente de revenir à la vie

jeudi 29 juillet 2021

Retour dans l’enclave palestinienne occupée, plus de deux mois après les affrontements. Après avoir perdu sa maison, son travail ou des proches, comment revit-on, alors que les traumatismes sont toujours là ? Témoignages de Gazaouis.

Gaza (Palestine).– Il y a des habitations pulvérisées, encore des débris partout, des routes éventrées où l’on a placé du sable, çà et là, pour que les voitures puissent circuler. Dans l’enclave côtière sous blocus depuis 2007, deux mois après le cessez-le-feu qui a mis fin à onze jours d’affrontements meurtriers, le temps semble figé et la reconstruction est loin d’avoir commencé.

Il manque de l’argent, il manque du matériel, il n’y a aucune stratégie claire et les habitants tentent tant bien que mal de retrouver une vie normale, malgré le deuil et les traumatismes.

À Sheikh Zayed, au nord de la bande de Gaza, Yazeed Abu Safieh reçoit sous une petite tente, devant ce qui était un immeuble de sept étages, réduit à l’état de gravats. La chaleur est étouffante, on circule difficilement et l’on devine à peine à quoi pouvait ressembler l’endroit avant les bombardements. Le jeune Gazaoui de 26 ans montre des photos « avant/après » sur son téléphone.

« Tout a été détruit le soir de l’Aïd, le jour où l’on fête la fin du ramadan, soupire-t-il. Nous étions chez mon père quand l’aviation israélienne a visé l’immeuble… et heureusement. Car si nous étions dans l’appartement, nous serions tous des martyrs à l’heure actuelle. Ils n’ont pas prévenu, rien. » Il nous montre le profond cratère, derrière lui, témoignant de la puissance de l’explosion.

JPEG - 47.9 ko « Avant/après », l’immeuble de 7 étages appartenant à la famille de Yazeed Abu Safieh. © Alice Froussard pour Mediapart

Çà et là, au milieu des débris, plantés sur les petits tas de gravats, on trouve des panneaux blancs au liseré rouge, avec des noms… « Ça veut dire que des gens habitaient ici, dans un des appartements, ou qu’il y avait une maison », explique Yazeed. Autour de son immeuble, elles sont une dizaine à avoir été réduites en miettes. Une famille entière – les Tanani, le père, la mère enceinte et les quatre enfants – est morte sous les décombres. « Ils s’échappaient de leur maison lors des bombardements. Notre immeuble a été touché… et il s’est effondré sur eux », dit-il, les yeux embués, ravalant sa salive et précisant que les secouristes ne sont venus que douze heures plus tard, après avoir été appelés par les voisins.

« Je n’arrive même pas à décrire tout ça avec des mots, tente de poursuivre Yazeed. Mon père a commencé à travailler pour construire cet immeuble alors qu’il avait 15 ans, il y a mis tout son argent, toute sa vie. En une seconde, tout a disparu. Sans raison… » Aujourd’hui, pour se loger, lui et sa famille doivent louer des appartements.

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